Le 1er mai, avec les arrivées à Francfort de l’électeur de Bavière puis de l’électeur Palatin, le Collège électoral était au complet, mais encore bien en peine de résoudre les embarras diplomatiques qui retardaient depuis des mois la nomination du nouvel empereur.
La Gazette, ordinaire no 57 du 18 mai 1658 (pages 436‑437) :
« De Francfort, ledit jour 5 mais 1658. […] et présentement, comme le Collège électoral est rempli, les partisans d’Espagne, suivant leurs premiers sentiments, ne parlent plus que de l’élection d’un empereur, qu’ils pressent tant qu’ils peuvent en faveur du roi de Hongrie ; mais la plupart de ces électeurs, qui jugent à propos de préférer le bien général au particulier, les éloignent fort de leur compte, par la résolution dans laquelle ils semblent persister, non seulement de vider, avant toute chose, les griefs de la France et de la Suède, mais encore d’attendre le retour du comte de Furstenberg et du sieur Blumen qui sont partis, {a} le premier pour aller en France et l’autre, en Espagne, sur le sujet de la paix entre les deux couronnes, qui serait le seul moyen de prévenir les troubles qui menacent l’Allemagne et de rendre le repos à toute la chrétienté ; mais duquel, toutefois, il y a peu d’apparence qu’elle puisse espérer le rétablissement, tandis qu’il dépendra des Espagnols qui en ont toujours tellement été les ennemis jurés qu’ils ne sauraient s’empêcher de donner incessamment des marques publiques de cette aversion, comme a naguère fait le comte de Pigneranda qui, après avoir employé ses artifices pour éluder la députation dudit sieur Blumen, lui a refusé les passeports qui lui étaient nécessaires ; étant, comme tous les autres partisans d’Espagne, presque au désespoir de ce que la France, pour montrer la candeur de ses intentions, a remis si franchement ses intérêts entre les mains des électeurs ; lesquels, autant qu’ils sont édifiés de son procédé, se trouvent aussi scandalisés de celui des Espagnols, qui d’ailleurs ne paraissent pas moins ridicules de ce que, continuant leurs poursuites avec tant d’ardeur pour élever le roi de Hongrie au trône impérial, ils résistent si fortement à la paix, sans laquelle il serait impossible à ce prince de soutenir sa dignité, avec la tranquillité dont l’Empire n’a pas moins de besoin que d’un chef, qu’il semble même ne désirer que pour mieux jouir de ce repos. »
- V. note [37], lettre 525.
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