L’anatomie (du grec anatomê, dissection, de anatemein, couper en morceaux, de ana, à travers, et temein, couper) est la « science qui donne la connaissance des parties du corps humain par la dissection, et même celle des autres animaux [anatomie comparée] » (Furetière).
Titre que l’anatomiste Jean ii Riolan avait donné à son plus fameux ouvrage, l’anthropographie (du grec anthrôpos, l’homme, et graphein, décrire) est un synonyme d’anatomie, mais il exprime mieux le fait qu’il s’agissait alors non seulement d’étudier la structure (anatomie proprement dite), mais aussi la fonction normale (physiologie) et même anormale (pathologie) des parties corporelles.
On donnait aussi le nom d’anatomie à la dissection (enseignement et recherche) et à l’autopsie (diagnostic post mortem). Ordinairement, dans les facultés de médecine, celui qui expliquait l’anatomie aux étudiants (en latin) était docteur régent, et celui qui disséquait était chirurgien (ignorant presque toujours le latin).
Au Collège de France, comme dans d’autres institutions académiques européennes (mais pas à la Faculté de médecine de Paris), la chaire d’anatomie était couplée à celle de botanique car la première discipline s’enseignait l’hiver (quand la température était propice à la conservation des cadavres), et l’autre l’été (quand les plantes étaient dans leur plein épanouissement).
Dans la classification galéniste (v. note [13] dans lesPièces liminaires du Traité de la Conservation de santé), l’anatomie normale et la physiologie formaient ce qu’on appelait les choses ou qualités naturelles du corps humain. À la Faculté de médecine de Paris (v. note [5] desActes de 1650‑1651 dans les Commentaires de la Faculté), elles étaient enseignées ensemble, en même temps que la diététique et l’hygiène (choses non naturelles), par l’un des deux professeurs de médecine en exercice, pendant la première année de son mandat de deux ans (la seconde année étant consacrée à l’enseignement de la pathologie, ou choses contre nature).
L’anatomie a été le principal moteur du progrès médical aux xvie et xviie s. Ce fut véritablement son « âge d’or ». En étant la première à prouver de visu que l’Antiquité n’était pas infaillible, l’anatomie permit à la médecine de quitter l’ornière où le dogme hippocratico-galéniste l’avait profondément enlisée.
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