À Charles Spon, le 18 janvier 1644, note 40.
Note [40]

Toujours à l’affût d’une fioriture érudite, Guy Patin a ajouté les mots compris entre quartana et iuvenibus dans cette phrase :

Inclinante ætate bilis atræ sit proventus ; unde quartana non minus infortunata, quia biduo medio intervallatur, et in qua μια μητρια, δυο μητερες, ex Favorino, cum sit iuvenibus tormentum, senibus mors, eoque citius si continua fuerit.

[La production de bile noire proviendrait du déclin de l’âge ; ainsi la quarte n’est pas la moins infortunée des fièvres, sous prétexte qu’elle est entrecoupée par deux jours de rémission ; ce qui, comme a dit Favorinus, lui fait donner deux mères pour une marâtre ; tourment des jeunes gens, elle provoque la mort des vieillards, {a} et ce plus vite que la fièvre continue].


  1. V. note [1], lettre 924, pour deux autres emplois de cette sentence par Guy Patin.

Ouvrage unique d’Aulu-Gelle (Aulus Gellius ou Agellius, grammairien et critique latin du iie s.), les Nuits attiques [Noctes Atticæ] sont un recueil d’extraits divisé en 20 livres. Le court chapitre xii du livre xvii est intitulé De Materiis infamibus, quas Græci αδοξους appellant, a Favorino exercendi gratia disputatis [Dissertation de Favorinus sur les Objets peu dignes d’attention, que les Grecs appellent ignobles], et se termine par la phrase dont Patin s’est inspiré :

Quod cum ita sit, inquit, ut in rebus humanis bene aut male vice alterna sit, hæc biduo medio intervalla febris quanto est fortunatior, in qua est μια μητρυια, δυο μητερες ?

[La chose étant ainsi, dit Favorinus, et comme, dans la carrière de la vie, le bon et le mauvais se succèdent continuellement, que peut-il y avoir de plus heureux pour le malade que cette fièvre qui ne s’allume que tous les trois jours, ce qui fait deux mères et une seule marâtre ?]

Favorinus (Phavorinus ou Fanus), natif d’Arles, est un philosophe sophiste latin d’origine grecque (Phaborinos) du iie s. qui fut à Rome l’un des maîtres d’Aulu-Gelle. Il ne subsiste que des fragments de ses œuvres (Traité des tropes pyrrhoniens, Histoire universelle). « Il devint, sous le règne d’Hadrien, un courtisan de ce prince éclairé, qui aimait à se distraire des soucis du pouvoir dans la compagnie de Favorinus, dont il avait fait un personnage considéré à la cour. On raconte qu’après avoir longuement argumenté, Favorinus donnait toujours raison à l’empereur, pour ce motif qu’un homme qui commande à 30 légions est un homme qui ne saurait avoir tort » (G.D.U. xixe s.).

Hadrien, Publius Ælius Hadrianus (76-138), a régné de 117 à sa mort. Empereur réputé pacifique, il a favorisé l’expansion des lettres et des arts, et l’organisation administrative de Rome.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 18 janvier 1644, note 40.

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(Consulté le 14/10/2024)

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