À Claude II Belin, le 28 avril 1639, note 5.
Note [5]

Léon Bouthillier, comte de Chavigny (1608-11 octobre 1652), fils de Claude Bouthillier (v. note [8], lettre 85), avait dû à la protection de Richelieu la charge de conseiller au Parlement de Paris en 1627, en la deuxième Chambre des enquêtes, puis de conseiller d’État. Il avait ensuite été chargé d’une mission en Italie, puis nommé secrétaire d’État aux Affaires étrangères en août 1632, en survivance de la charge de son père. Disputant la faveur du cardinal à Servien, son collègue et rival, il avait signé en 1635 un traité d’alliance avec les Provinces-Unies et un autre avec la Suède. Il était en 1639 chargé d’une mission diplomatique en Piémont, à la cour de Turin. Louis xiii le désigna dans son testament (avril 1643) pour être ministre d’État et membre du Conseil de régence, mais il fut disgracié, en même temps que son père en août 1643, au moment où il allait partir pour Münster. Il fut cependant rappelé au Conseil quelque temps après (R. et S. Pillorget, Triaire, Popoff, no 727, et G.D.U. xixe s.).

Le comte de Guiche et Chavigny avaient alors surtout la mission de décider la duchesse de Savoie, Christine de France, à remettre ses enfants entre les mains du roi Louis xiii, leur oncle, et à livrer ses principales places à des garnisons françaises (Triaire).

Tallemant des Réaux (Historiettes, tome i, page 355) :

« En une débauche où chacun contait quelque chose pour se moquer du cardinal de Richelieu, M. de Chavigny en fit aussi un conte. M. d’Orléans lui dit en souriant : Et tu quoque, fili ? {a} car on disait qu’il était fils du cardinal qui, étant jeune, avait couché avec Mme Bouthillier. C’est cette femme qui a fait la fortune de la Maison. Elle fit mettre son mari chez la reine mère, et ensuite il devint surintendant des finances. Elle fit aussi donner la coadjutorerie de Tours à son beau-frère. »


  1. « Et toi aussi, mon fils » ; célèbre apostrophe de Jules César à Brutus qui le poignardait, v. note [3], lettre 540.

Richelieu avait pour Chavigny (Chéruel, tome i, pages 36-37) :

« une bonté toute paternelle, qui excita plus d’une fois la verve satirique des courtisans. Chavigny avait été un des amis et des protecteurs de Mazarin, à l’époque où ce dernier s’introduisit à la cour de France, et il croyait avoir des droits à sa reconnaissance. Plus tard, il fut désigné par Louis xiii pour être un des membres inamovibles du Conseil de régence ; mais, lorsque le Parlement eut cassé le testament de Louis xiii, Mazarin, qui redoutait l’ambition de Chavigny, le rendit suspect à la reine et le tint dans une position secondaire. Chavigny n’avait alors que trente ans et n’était pas disposé à se contenter de ce rôle subalterne, après avoir eu, sous le ministère de Richelieu, le maniement des affaires les plus importantes et les plus délicates : ambitieux avec les apparences du désintéressement et de la modération philosophique, incapable d’occuper le premier rang, et trop orgueilleux pour se contenter du second, il perdit, en misérables intrigues, d’heureuses et brillantes qualités. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 28 avril 1639, note 5.

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(Consulté le 11/10/2024)

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