À André Falconet, le 24 septembre 1658, note 5.
Note [5]

Le récit d’Antoine Vallot, prescripteur direct du traitement, mérite ici d’être confronté à ce que rapportait Guy Patin (Journal de la santé du roi, pages 122‑123) :

« Sur les onze heures, {a} je fis assembler Messieurs les médecins pour leur représenter que nous avions besoin d’un remède vigoureux pour empêcher le redoublement qui devait venir sur les quatre à cinq heures après midi. M. le cardinal ayant été par moi averti qu’il était question de faire un coup de maître pour secourir le roi, voulut assister à notre consultation afin de fortifier ce que je lui avais déjà proposé ; et comme il avait déjà goûté mes raisons sur le fait du vin émétique, il fit adroitement consentir à ce remède ceux qui ne l’approuvaient pas ; et après quelques légères contestations, il dit à toute la compagnie qu’il louait le dessein qu’elle avait de purger vigoureusement le roi ; et ayant en mon particulier fait connaître à Messieurs les médecins que l’on ne devait plus ordonner ni de la casse, ni du séné, et que les maladies de cette nature ne guérissaient jamais par les remèdes communs et ordinaires, tout le monde se déclara pour l’antimoine, dont M. le cardinal avait parlé de son propre mouvement, après lui avoir dit que nous avions besoin de son suffrage pour réduire quelques-uns qui persistaient contre l’antimoine. J’avais fait préparer pour cet effet, dès le grand matin, trois grandes prises {b} de tisane laxative et trois onces de vin émétique, qui étaient séparément en deux bouteilles sur la table du roi depuis le matin. Incontinent après cette délibération, je fis mêler les trois onces de vin émétique avec les trois prises de tisane laxative et sur-le-champ, je lui fis prendre une tierce partie de tout ce mélange, qui réussit si heureusement que le roi fut purgé 22 fois d’une matière séreuse, verdâtre et un peu jaune, sans beaucoup de violence, n’ayant vomi que deux fois, environ quatre à cinq heures après la médecine. L’effet fut si prodigieux et l’opération si grande que nous reconnûmes un changement notable et une diminution de la fièvre et de tous les accidents ; de sorte que tous ont sujet à rendre grâce à Dieu d’avoir en si peu de temps tiré le roi de la dernière extrémité où il était, par un remède qui donnait de l’appréhension à ceux qui n’avaient point encore éprouvé sa vertu. Depuis ce temps-là, les médecins qui le blâmaient s’en sont servis en plusieurs occasions avec beaucoup de succès ; et les esprits de la cour, qui étaient pour lors fort partagés, furent tous d’accord et persuadés que ce remède était admirable et que ceux qui l’avaient proposé étaient fort assurés de ses bonnes qualités. »


  1. Le lundi 8 juillet 1658.

  2. Doses.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 24 septembre 1658, note 5.

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(Consulté le 25/04/2024)

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