À Heinrich Meibomius, le 14 janvier 1666, note 6.
Note [6]

« Frappez mes mains de paralysie, rendez mes pieds faibles et boiteux, etc. Si la vie me reste, tout ira bien » ; Sénèque le Jeune, Lettres à Lucilius (épître ci, § 10‑11), sur l’épouvante de la mort :

Inde illud Mæcenatis turpissimum votum quo et debilitatem non recusat et deformitatem et novissime acutam crucem, dummodo inter hæc mala spiritus prorogettur :

Debilem facito manu,
debilem pede coxo,
tuber adstrue gibberum,
lubricos quate dentes :
vita dum superest, benest ;
hanc mihi, vel acuta
si sedeam cruce, sustine
.

[De là ce vœu répugnant de Mécène, {a} où il ne refuse ni les mutilations, ni les difformités, ni finalement le supplice du poteau, {b} pourvu qu’au milieu de tant de maux, la vie lui soit conservée.

« Frappez mes mains de paralysie, rendez mes pieds faibles et boiteux ; faites-moi pousser une énorme bosse sur le dos ; déchaussez-moi toutes les dents : si la vie me reste, tout ira bien. Quand même je serais attaché sur la croix du supplice, conservez-moi la vie. »]


  1. V. note [14], lettre 760, pour le Mæcenas (Leyde, 1653) de Johann Heinrich Meibomius, père d’Heinrich. Dans son brouillon manuscrit, Guy Patin a remplacé dicti tui Mæcenatis [les paroles de ton Mécène] par voti vestri Mæcenatis [le vœu de votre Mécène], passant du Mécène d’Heinrich à celui des Meibomius (père et fils).

  2. En latin, l’acuta crux ne désignait pas la croix formée de deux poutres perpendiculaires, mais un simple poteau auquel on attachait le supplicié les bras en l’air et les pieds à distance du sol, pour provoquer sa lente mais sûre asphyxie.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Heinrich Meibomius, le 14 janvier 1666, note 6.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1421&cln=6

(Consulté le 27/04/2024)

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