À Hugues II de Salins, le 18 janvier 1658, note 7.
Note [7]

« c’est une pure fable » ; Jean Vallot, Traité de l’Admiration (v. supra note [2]), partie seconde, pages 267‑270 :

« Si ce que je viens de dire touchant le mouvement de l’astroïte {a} et de l’aimant mérite notre admiration, voici une chose qui la surpasse ; je la rapporterai fidèlement, faisant une simple version des termes auxquels M. de Thou l’a conçue au livre cinquième de son Histoire universelle. {b} “ Henri ii, roi de France, séjournant à Boulogne, un homme inconnu et qui paraissait étranger lui apporta des Indes Orientales une pierre d’étrange apparence et d’une miraculeuse nature : elle paraissait très ardente, et jetait de toutes parts et fort loin de si puissants rayons de lumière qu’à peine étaient-ils supportables. Ce qui était très admirable en elle, c’est qu’elle ne pouvait souffrir la terre, que si l’on en couvrait, elle s’élevait très impétueusement et s’envolait pour ainsi dire en l’air ; elle ne pouvait par quelque artifice humain que ce fût être retenue dans un petit lieu, mais aimait à occuper librement de grands espaces ; elle était très pure, très éclatante et sans aucune tache. On ne peut dire quelle figure elle avait car elle en changeait à chaque moment, et quoiqu’elle fût très agréable à l’œil, elle était très nuisible à l’attouchement : on ne la pouvait manier impunément et sans quelque lésion ; que les plus téméraires souffraient sur-le-champ et à la vue des autres assistants ; si l’on en ôtait quelque chose elle n’en devenait pas plus petite. Le porteur de cette merveille assurait qu’elle était utile à une infinité de rares effets et surtout nécessaire aux souverains ; mais qu’il n’en voulait découvrir les propriétés qu’après avoir reçu une grande somme d’argent. Je laisse à examiner tant de prodiges en un même fossile à tous les physiologues, je les ai appris d’une lettre que Jean Pipin, témoin oculaire et fameux médecin d’Anne de Montmorency, connétable de France, écrivit à Antoine Mizauld, {c} qui professait aussi la médecine avec grand éclat et succès, de Boulogne, la veille de l’Ascension. ” {d} Jusqu’ici M. de Thou dont le beau récit favorise merveilleusement mon dessein de prouver le mouvement en quelques fossiles. {e} Avez-vous remarqué comme celui-ci est ennemi de la contrainte et qu’il ne manifeste sa vertu motive que lorsqu’on la voudrait lier ? Il réserve toutes ses forces pour les fâcheuses conjonctures, auxquelles on le voudrait tenir en captivité, et pour marque de sa mobilité, c’est qu’il lui faut de grands vides. Il trouve ou il se fait le chemin à son élargissement. On ne le peut toucher même sans incommodité, et vous diriez que comme la figure peut empêcher ou favoriser le mouvement, cette pierre n’en ait aucune, ou qu’elle les ait toutes, puisqu’elle n’en a jamais de certaines. On peut dire encore que cette variation de figure la fait approcher de la nature des esprits qui n’en ont point d’eux-mêmes et l’empruntent seulement des lieux auxquels ils définissent leur présence.

Raisonnez tant qu’il vous plaira là-dessus, et dites, si vous voulez, que cette pierre était enchantée, ou si elle était naturelle, ses saillies et son amour pour la liberté provenaient de la forme du feu qui prévalait en elle, comme on le peut juger de sa lumière, de sa facilité à changer de figure et de la lésion qu’elle causait sitôt qu’elle était touchée. On vous peut toujours répondre très pertinemment plusieurs choses, qui donneront lieu à l’admiration de ces mouvements en des corps qui semblent en devoir être naturellement incapables. »


  1. « Espèce de pierre à laquelle la magie orientale attribuait de grandes vertus » (Académie).

  2. Ce passage n’a en effet pas été traduit dans Thou fr ; mais il est en latin à la année 1550, livre vi, page 124, volume 1 de l’édition parue à Offenbach-sur-le-Main, Conradus Nebeny, 1609.

  3. V. note [30], lettre 277.

  4. Vallot n’a pas traduit la dernière phrase de Thou :

    Nam veteribus, qui de huiusmodi rebus scripserunt, similis lapis nec ne cognitus fuerit, nec Pipinus iis literis se scire dixit, nec ipse affirmaverim.

    [Comme a dit Pipin dans ses lettres et comme j’en conviendrai moi-même, semblable pierre n’a pas été connue des anciens auteurs qui ont écrit sur ce genre de sujets].

  5. Phrase inachevée.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Hugues II de Salins, le 18 janvier 1658, note 7.

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(Consulté le 29/03/2024)

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