Note [35] | |
Blaise de Montluc a en effet parlé de ce Compain dans le livre v, tome second, pages 4 vo‑5 ro, de ses Commentaires, {a} quand le roi Henri iii de Navarre (futur Henri iv de France) l’envoya apaiser de graves émeutes survenues, en novembre 1562, entre les catholiques et les protestants de Cahors. Le style et le contenu de son récit méritent bien d’enfler un peu ma citation : « À la fin, ils se résolurent de m’envoyer en Guyenne avec patentes {b} et permission de lever gens à pied et à cheval pour courir sus aux uns et aux autres qui prendraient les armes. Je rejetai tant que je pus cette charge, connaissant bien que ce n’était pas œuvre achevée, mais œuvre qui s’allait commencer, et qu’il faudrait bien un bon maître pour y donner ordre ; et demeurai pour ce coup-là constant à ne la prendre point. Le lendemain matin, la reine {c} et le roi de Navarre m’envoyèrent quérir, et commanda la reine à M. de Valence, mon frère, de me convertir {d} à prendre cette charge. Et comme je fus devant eux, après plusieurs remontrances qu’ils me firent, je fus contraint de l’accepter, pourvu que M. de Burie {e} fût compris en la commission, < car > je voulais qu’il eût part au gâteau. {f} La reine ne le voulait jamais, ne disant que trop de choses. Tout leur est permis, mais je lui dis que si elle ne l’y comprenait, que, lui étant lieutenant de roi comme il était, qu’il me donnerait toutes les traverses qu’il pourrait par-dessous main, pour me garder que je ne fisse rien qui valût ; ce qu’à la fin ils trouvèrent bon. Et la même charge qu’ils me baillèrent, ils en baillèrent autant à M. de Cursol {g} pour la province de Languedoc ; et nous commandèrent à tous deux que celui qui aurait fait {h} le premier allât secourir son compagnon s’il en était besoin. M. de Cursol n’était non plus que moi de cette religion nouvelle ; et crois qu’il s’en fit plutôt pour quelque malcontentement que par dévotion, car il n’était pas grand théologien, non plus que moi ; mais j’en ai vu plusieurs par dépit se faire de cette religion, et après il leur tombait dessus {i} et s’en sont bien repentis. Nous prîmes congé de la reine et du roi de Navarre tous deux ensemble, et allâmes à Paris, et M. de Valence avec nous. Je demandai deux conseillers de ce pays-là de France pour faire les procès, me craignant {j} que ceux du pays ne feraient rien qui vaille, à cause que les uns voudraient soutenir les catholiques, et les autres, les huguenots. Et me fu<ren>t baillé<s> les deux plus méchants hommes du royaume de France, qui étai<en>t un Compain, {k} conseiller du Grand Conseil, et un Gérard, lieutenant du prévôt d’Hôtel, {l} qui depuis n’ont pas acquis meilleure réputation qu’ils avaient auparavant. Je me repentis d’en avoir demandé, mais je pensais bien faire. Ainsi je m’en vins en Gascogne en diligence. » |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Autres écrits : Ana de Guy Patin : Borboniana 9 manuscrit, note 35. Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8210&cln=35 (Consulté le 21/09/2024) |