Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre i, note 9.
Note [9]

« dont peu nombreux sont ceux qui, chers à Jupiter le juste, {a} ont échappé à la dent de Théon » :

  • Virgile, Pauci quos æquus amavit Iupiter, « Peu nombreux sont ceux qui, chers à Jupiter le juste », v. note [12], lettre de Sebastianus Alethophilus ;

  • Horace (Épîtres, i, xviii, vers 82‑83),

    Dente Theonino cum circumroditur, ecquid
    ad te post paulo ventura pericula sentis ?

    [Quand te mord la dent de Théon, ne sens-tu pas que le danger n’est pas bien loin ?]

    Théon est un probable archétype de débauché médisant.

Une note marginale d’Hyginus Thalassius renvoie au livre i, chapitre vi de l’Anthropographie, pages 28‑35, Judicium de Scriptis posteriorum Anatomicorum, Græcorum et Latinorum [Jugement sur les ouvrages anatomiques postérieurs (à Galien), grecs et latins], qui vont de Rufus d’Éphèse, {a} à Adriaan van de Spiegel. {b}

Jean ii Riolan n’y cite ni le vers de Virgile ni celui d’Horace. En revanche, il conclut son chapitre (page 35) par cet Author de seipso iudicium relinquit lectori et posteritati [L’auteur livre au lecteur et à la postérité son jugement sur lui-même] :

Quoniam laus in ore proprio sordescit, ne Suffenus videar, tanquam Astydamas laudator operis, de meis laboribus Anatomicis iudicium æquo Lectori, et Anatomico relinquo. Indicio de meipso vero, vos eritis Iudices.

Rara coronato plausere Theatra Menandro,
Et sua riserunt sæcula Mæonidem.

Nec ego laudem et applausum ex hoc labore spero vel affecto, vtilitatem iuuandi prætuli gratiæ placendi, et si ingenio non est locus, saltem curæ testimonium promeruisse contentus ero. Posteris an aliqua cura nostri nescio, nos certè meremur, vt sit aliqua, non dico ingenio, id enim superbum, sed studio et labori, ex Plinio lib. 9. espist. Audacter igitur dicam citra fastum et arrogantiam, corpus humanum à multis dissectum et descriptum fuisse, sed à nemine tam accuratè sectum, examinatum, et descriptum, quàm fuit nostris laboribus patefactum. Quod si omnia non fuerimus assequuti, excusationem Plinij prætexeram, qui terrarum vniuersum orbem descripturus his verbis veniam deprecatur. Haud vllo in genere venia iustior est, si modò minimè mirum est hominem genitum non omnia humana nouisse, libro tertio naturalis historiæ.

Multa tegit sacro inuolucro Natura, neque ullis
Fas est scire quidem mortalibus omnia ; multa
Admirare modò, necnon venerare ; neque illa
Inquires, quæ sunt arcanis proxima.

[Il est dégradant de tresser ses propres louanges et, sans vouloir passer pour un Suffenus ou un Astydamas, qui vantaient eux-mêmes leurs œuvres, {c} je laisse au lecteur et anatomiste impartial le soin de juger mes travaux. Indicio de meipso vero, vos eritis Iudices. {d}

Rara coronato plausere Theatra Menandro,
Et sua riserunt sæcula Mæonidem
. {e}

Je ne recherche et n’espère ni louange ni applaudissements pour ce travail, où j’ai mis l’utilité devant la grâce de plaire ; et s’il ne s’y trouve pas de sublime talent, je me contenterai d’avoir mérité qu’on reconnaisse tout le soin que j’y ai consacré. J’ignore si la postérité aura pour moi quelque considération ; je la mérite sûrement un peu, je ne dis pas pour mon génie, car ce serait de l’orgueil, mais pour mon application et mon labeur, comme a dit Pline au livre ix de ses Lettres. {f} Je dirai donc hardiment, mais sans fierté ni arrogance, que bien des auteurs ont disséqué et décrit le corps humain, mais nul ne l’a fouillé, examiné et dépeint plus méticuleusement que ne le montrent mes recherches. On ne me suivra pas entièrement, mais j’alléguerai l’excuse que Pline a présentée avant de décrire la totalité de la Terre entière : « Nulle indulgence n’est plus de mise si on veut bien ne pas s’étonner qu’un homme ne connaisse pas toutes les choses humaines » (Histoire Naturelle, livre iii). {g}

Multa tegit sacro inuolucro Natura, neque ullis
Fas est scire quidem mortalibus omnia ; multa
Admirare modò, necnon venerare ; neque illa
Inquires, quæ sunt arcanis proxima
].


  1. Médecin grec du iie s., vnote Patin 4/1090.

  2. V. note [8‑3], Historia anatomica, chapitre iii, de Thomas Bartholin.

  3. Riolan s’est servi des mêmes références à Suffenus et à Astydamas pour blâmer la suffisance de Jean Pecquet : v. note [11] de sa première Responsio, 2e partie.

  4. « Vous me jugerez sur ce que j’ai vraiment écrit », Térence, Les Adelphes, prologue, vers 4, indicio de se ipse eritis iudices [vous le jugerez sur ce qu’il a écrit].

  5. « Ménandre, l’honneur du théâtre, n’y reçut que de rares applaudissements. Le siècle d’Homère n’eut pour lui que des railleries », Martial, Épigrammes, v, x, vers 9‑10 (inversés) ; v. première notule {a}, note Patin 46/8212, pour Ménandre.

  6. Pline le Jeune, loc. cit., lettre xiv :

    Posteris an aliqua cura nostri, nescio ; nos certe meremur, ut sit aliqua, non dico ingenio – id enim superbum –, sed studio et labore et reuerentia posterorum.

    [J’ignore si la postérité aura pour nous quelque considération ; à vrai dire, nous la méritons un peu ; sûrement pas pour notre génie (ce serait de l’orgueil), mais pour notre application, pour notre labeur, pour notre respect envers ceux qui nous suivront].

    Dans ma traduction de l’abrégé qu’en donne Riolan, j’ai remplacé le pluriel de modestie (« nous ») par le singulier (« je »).

  7. Ce livre de Pline l’Ancien décrit la géographie du monde connu, avec ce propos introductif (Littré Pli, volume 1, page 153) :

    Nunc de partibus : quamquam infinitum id quoque existimatur, nec temere sine aliqua reprehensione tractatum ; haud ullo in genere venia justiore, si modo minime mirum est hominem genitum non omnia humana novisse. Quapropter auctorem neminem unum sequar ; sed ut quemque verissimum in quaque parte arbitrabor : quoniam commune ferme omnibus fuit, ut eos quisque diligentissime situs diceret, in quibus ipse prodebat : ideo nec culpabo, aut coarguam quemquam.

    « Maintenant venons-en aux parties, mais cela même passe pour un sujet infini, et dont il n’est guère possible de s’occuper sans s’exposer à quelque blâme. Cependant, nulle part l’indulgence n’est plus de mise, si l’on veut bien ne pas s’étonner qu’un homme ne connaisse pas toutes les choses humaines. Aussi ne suivrai-je exclusivement aucun auteur ; mais dans chaque partie, je ne m’attacherai qu’à celui que je croirai le plus sûr car presque tous ont en commun d’avoir décrit le mieux les contrées où chacun écrivait. En conséquence, je ne blâmerai personne, je ne réfuterai personne. »

    Riolan s’est bien gardé de citer la dernière phrase de cet extrait.

  8. « D’un voile sacré, la Nature a couvert bien des choses et nul mortel n’a le don de tout savoir. Beaucoup ne sont qu’à admirer et respecter, et il ne faut pas chercher à connaître celles qui sont au plus près des secrets » : Chrysopée de Giovanni Aurelio Augurello, vnote Patin 9/1254.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre i, note 9.

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(Consulté le 03/06/2024)

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