Texte : Jean ii Riolan
Responsiones duæ (1655),
seconde Responsio aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1654)
3. Première partie, note 26.
Note [26]

Jean ii Riolan se référait ici à cinq auteurs, en tenant les Suisses pour des Allemands (alors que, contrairement à l’Alsace, leur confédération n’appartenait plus à l’empire germanique).

  1. Il est surprenant de lire le nom de Paracelse, {a} qui avait voulu révolutionner la médecine au xvie s. en faisant table rase du savoir antique. Dans la traduction latine de ses œuvres complètes (rédigées en dialecte alémanique), {b} sa synovia est aussi orthographiée synonia ou synophia. {c} Ce terme est notamment expliqué au début du septième des Libri quatuordecim Paragraphorum, {d} intitulé De Gutta Commentaria [Commentaires sur la goutte] :

    […] quandoquidem omnia membra synophiam habent, et nihil aliud est, quàm membri locus, quo nutrimenta decoquuntur, et veluti stomachus illius partis et potius mucilago quædam, sanguinis rubea, cerebri alba, densior et tenacior albumine ovi, cum quâdam pinguenide, splenis nigra, fellis citrina, renum, cordis, epatis, pulmonis similis illis membris, matricis punicea, tenax, spissa, medullæ spiceus color, quæ reducta in unum cum membro suo una redditur pars, quod possibile non est, sed quæ subnascitur adunari potest. Synovia virtus retentiva continetur hinc, et aliæ subducuntur.

    [(…) toutes les parties du corps ont une synovie, qui n’est rien d’autre que l’endroit où sont digérés ses aliments, comme s’il s’agissait de son estomac ; c’est une sorte de morve, qui est rouge dans le sang, blanche dans le cerveau, plus dense et consistante que le blanc d’œuf, avec de la graisse, noire dans la rate, citrine dans la bile ; celle des reins, du cœur, du foie a la même couleur que chacun d’eux, celle de la matrice est pourpre, épaisse et consistante, celle de la moelle est jaune paille. Intimement associée à la partie, elle en assure la cohésion, ce qu’elle ne peut faire elle-même, mais elle donne naissance à ce qui peut le faire. La synovie renferme ainsi un pouvoir de rétention, et ses autres vertus en dérivent]. {e}


    1. Vnote Patin 7/7.

    2. Opera omnia, Genève, 1658, vnote Patin 8/392.

    3. Ces variations me semblent défier toute explication étymologique allant au delà du préfixe « syn » qui marque la réunion d’un ensemble.

    4. « Quatorze livres de Paragraphes », au sens d’annotations recueillies par les auditeurs des leçons de Paracelse.

    5. La médecine moderne a réduit la synovie au liquide qui lubrifie les articulations, sécrété par la membrane qui les tapisse et qu’on appelle synoviale. La synovie de Paracelse avait une acception beaucoup plus large qui inclut probablement la pituite et la lymphe, comme pensait Riolan, mais aussi les protéines de structure que sont le collagène des tissus solides ou le fibrinogène des liquides corporels.

  2. Celse a défini le mélicêra dans le livre v, chapitre xxvi De Medicina (A. Védrènes, Paris, 1876, § 20, page 334) :

    Est enim quædam sanies, quæ vel ιχωρ, vel melitera nominatur : est pus, quod ελαιωδες appellatur.

    [Il existe < en effet > {a} une sanie appelée ichor, une autre nommée mélitère, et une espèce de pus appelée élaïôdés]. {b}


    1. Cet enim de Celse voulait distinguer le mélitêra qu’il allait définir (et dont parlait Riolan) du mélicéria (μελικηριδες, souvent confondu avec le précédent terme) dont il a dit ailleurs que c’étaient des tubercules semblables aux écrouelles (Remarques critiques de Daremberg, note (g) sur ledit chapitre, page 713).

    2. Huileux.

  3. Felix Wurtzius (Wurtz), chirurgien suisse qui exerça à Bâle et Zurich au xvie s., et auteur d’une Chirurgie qui a été publiée pour la première fois en 1576, peu après sa mort. Elle a été traduite en latin, puis en français (Paris, 1672). Le chapitre v de la troisième partie (pages 319‑325) est intitulé De la Synovie des plaies, ou fluxion de l’humeur alimentaire des parties blessées.

  4. Les Opera quæ extant omnia de Guillaume Fabrice de Hilden (Francfort, 1646) contiennent son traité De Ichore et Meliceria acri Celsi, sive Hydrarthro, aut Hydrope articulorum [Sur l’Ichor et le Mélicéria (sic) âcre de Celse, autrement nommé Hydarthros ou Hydrops des articulations], illustré de quelques figures (pages 831‑892).

  5. Melchior Sebizius a correspondu avec Guy Patin et a présidé une Disputatio [Thèse] Continens curationem ulcerum ac vulnerum, quæ maligna non sunt [Concernant le traitement des ulcères et des plaies qui ne sont pas malignes] (Strasbourg, 1634).

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean ii Riolan
Responsiones duæ (1655),
seconde Responsio aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1654)
3. Première partie, note 26.

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(Consulté le 03/06/2024)

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