Texte : Jean ii Riolan
Responsiones duæ (1655),
seconde Responsio aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1654)
3. Première partie, note 39.
Note [39]

Jean ii Riolan a exposé sa singulière conception de l’artère splénique {a} dans le chapitre de son Anthropographie consacré à la rate, pages 139‑140 : {b}

[…] Lienem esse emunctorium Hepatis, reconditorium crassioris sanguinis, ac proinde opitulari ipsi Hepati, dum talem humorem ad se rapit : Quinetiam chylosi inservire, dum ex Ventriculo superfluum humorem exsugit, vt melior fit chylosis et consistentiæ crassioris chylus. Superfluus hic humor per arteriam splenicam in Aortam deriuatus, ab emulgentibus arteriis rapitur, deductus in Renes, et Vesicam, sicque Hippocratis et Aristotelis conformis opinio conciliari potest cum Galeno, quia istud officium emulgendi liquorem superfluum ex Ventriculo, non impedit crassioris sanguinis conseruationem in eodem viscere. Cùm enim Vena Porta sit distincta à Vena Caua : et intra Hepar ex chylo sanguinis elaborati, tenuior portio transferatur in Cauam, impurior traditur per Venam Portam partibus aluinæ regionis alendis. Cùm autem sint quamplures, natura parauit reconditorium sanguinis, et emunctorium alterum Hepatis, Lienem ex quo tanquam Promocondo, si deficiat sanguis in Hepate, vel in trunco Venarum Mesaraicarum esca repetitur. Sanguis verò lienosus, quia limosus et crassus, alterius sanguinis arteriosi affluxu, et permistione attenuatus, et auctus, aptior sit nutriendis partibus aluinæ regionis, et refluus in Hepar, quandiu integer est, ipsum lædere non potest.

[(…) la rate est l’émonctoire du foie, le dépôt du sang fort épais ; elle vient donc à l’aide du foie quand une telle humeur s’empare de lui ; qui plus est, elle est utile à la chylose quand elle puise dans l’estomac un excès d’humeur, de manière à produire un chyle de meilleure qualité et de consistance plus épaisse. Ce surplus d’humeur passe par l’artère splénique pour être dérivé dans l’aorte, puis capté par les artères émulgentes pour être conduit dans les reins et la vessie. L’opinion d’Hippocrate et d’Aristote peut ainsi être réconciliée avec celle de Galien, {c} parce que cette fonction qui consiste à extraire de l’estomac un excédent de liquide n’empêche pas de conserver un sang très épais dans ladite rate. La veine porte et la veine cave jouent un rôle distinct : la portion la plus ténue du sang qui est élaboré dans le foie à partir du chyle est transférée dans la veine cave et sa portion la plus impure, dans la veine porte pour nourrir les parties de l’abdomen. Comme elles sont fort nombreuses, la nature a établi la rate pour être un dépôt de sang et le second émonctoire du foie ; {d} elle intervient, comme fait un sommelier, si le sang manque au foie ou si la nourriture retourne dans le tronc des veines mésaraïques. Le sang splénique est rendu plus apte à nourrir les parties abdominales car il est limoneux et épais, et a été augmenté et atténué par l’afflux de l’autre sang, qui est artériel ; et aussi longtemps qu’il est sain, il ne peut léser le foie s’il y reflue].


  1. V. note [13], Nova Dissertatio, expérience i.

  2. Paris, 1649, v. supra note [19].

  3. V. note [2], 2e partie du Clypeus.

  4. Le premier est la vésicule biliaire.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean ii Riolan
Responsiones duæ (1655),
seconde Responsio aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1654)
3. Première partie, note 39.

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(Consulté le 13/06/2024)

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