Texte : Jean ii Riolan
Responsiones duæ (1655),
Responsio ad Pecquetianos
1re de 6 parties, note 41.
Note [41]

Livre i, chapitre vi, pages 33‑34 : {a}

Anatomicis annumerabo Casparum Hofmannum eruditissimum Medicum, καριεντα και πολυμαθειατον, ob elaboratos commentarios in libros Gal. de vsu partium, in quibus multa dubia mouet, quæ poterunt excitare subtilia ingenia Anatomica ad vlteriorem indagationem. Naturam penetrare magis, Hofmanne memento. Præclaras quæstiones Anatomicas agitat in defensionem Aristotelis, quem Galenus et alij Recentiores acriùs insectati sunt. Optarem Hofmanno rei Anatomicæ promouendæ cupidissimo, illam secandi cadauera humana commoditatem, quæ nobis suppetit Lutetiæ : vt suas cogitationes Anatomicas ad regulam veritatis, videlicet αυτοψιαν accurata sectione comparatam referret atque componeret : haud dubiè absolueret, quam auidè desideramus sui præceptoris Cremonini Anatomiam Peripateticam, cuius defectum si quis Anatomicus suppleret, de Philosophia et Medicina optimè meretur. Ad hoc opus, doctissimum Hofmannum inuito et exhortor, cùm nobis huius rei in diuersis quæstionibus gustum aliquem dederit : vt deinceps intelligant omnes Philosophi, Aristotelem præstantissimum fuisse Anatomicum, nec lanionum operâ et manibus vsum fuisse in secandis animalibus, sed oculatissima manu corporum quæque minutissima perscrutatum fuisse. Ac sanè desertus fuit Aristoteles in rebus Anatomicis, quia non fuit intellectus. Sed venient tandem tempora, quibus rediuiua fiet et florebit hæc Anatomia Peripatetica.

[Je compterai Caspar Hofmann, très docte et habile médecin, {b} et dont le savoir est très étendu, parmi les anatomistes, pour ses commentaires approfondis des livres de Galien sur l’Utilité des parties, où il agite quantité de points douteux qui ont pu inciter ses minutieux confrères à approfondir leurs recherches. Naturam penetrare magis, Hofmanne, memento. {c} Il y remue de brillantes questions anatomiques pour la défense d’Aristote, que Galien et d’autres auteurs plus récents ont très âprement attaqué. Je souhaiterais qu’Hofmann montrât mieux son très ardent désir de faire progresser le savoir en recourant à cette commodité de disséquer les cadavres humains dont nous jouissons à Paris, de manière à relater et présenter des cogitations anatomiques confrontées aux règles de la vérité, grâce à l’examen direct et précis de la structure corporelle, car sans doute viendrait-il alors à bout de l’anatomie péripatéticienne de Cremonini, son maître, {d} car celui qui le ferait mériterait grandement de la philosophie et de la médecine. J’invite et exhorte le très docte Hofmann à accomplir cela car il nous donnerait quelque goût pour les diverses questions que suscite ce sujet, afin que dès lors, tous les naturalistes comprennent qu’Aristote a été un très éminent anatomiste, et que ses mains ne lui ont pas servi qu’à dépecer des animaux, mais à scruter avec le plus grand discernement les plus infimes détails des corps. Il a alors abandonné entièrement l’anatomie d’Aristote parce qu’il ne l’a pas comprise, mais viendrait enfin pour lui l’heure de faire revivre et fleurir cette anatomie péripatéticienne]. {e}


  1. Paris, 1649, v. supra première notule {a}, note [26].

  2. V. note [7], première Responsio de Riolan, chapitre i, pour Caspar Hofmann ; j’ai interprété καριεντα comme une variante ou erreur typographique pour χαριεντα.

  3. « Souviens-toi, Hofmann, de mieux explorer la nature ! » : imitation de Virgile, Énéide (chant vi, vers 851), tu regere imperio populos, Romane, memento [souviens-toi, Romain, d’exercer ton pouvoir sur les peuples !], que Joseph Duchesne (Quercetanus) a modifié en Naturam penetrare magis, Germane, memento [Souviens-toi, Allemand, de mieux explorer la nature !], dans sa Pharmacopée des dogmatiques (Paris, 1629, page 546, v. notule {b}, note Patin 11/211).

  4. Vnote Patin 28/291 pour Cesare Cremonini (Crémonin), professeur de médecine et de philosophie à Padoue, mort en 1631, adepte d’Aristote, qui niait l’immortalité de l’âme et combattait Galien.

  5. Un exemple, maintes fois répété dans notre édition, de l’opposition entre Aristote et Galien : l’un plaçait la sanguification dans le cœur, avec Jean Pecquet, et l’autre dans le foie, avec Riolan.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean ii Riolan
Responsiones duæ (1655),
Responsio ad Pecquetianos
1re de 6 parties, note 41.

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(Consulté le 13/06/2024)

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