Guibourt et les quinquinas : Des quinquinas à la quinine (XVIIe - XIXe siècle)
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(XVIIe – XIXe siècle)
Un quinonologue illustre :
Gaston Guibourt (1790-1867)
Autour de la collection « Guibourt » Bibliographie

DES QUINQUINAS A LA QUININE (XVIIe – XIXe siècle)

Le quinquina (Cinchona) est un arbuste ou un petit arbre sempervirent de la famille des Rubiacées. C’est un médecin génois du nom de Sebastiano Bado qui, au XVIIe siècle, employa pour la première fois le terme de quinquina. Sebastiano Bado, qui n’était jamais allé en Amérique du Sud, justifia l’usage de ce terme en prétendant que Kina-kina désignait, en langue quechua, l’arbre donnant « l’écorce du Pérou ». On sait aujourd’hui que cette information est erronée et que le kina-kina désignait un tout autre arbre (le Myroxylon peruiferum). Malgré cette erreur, le terme quinquina continue encore aujourd’hui à désigner le genre Cinchona et les espèces qui lui sont attachées.

Histoire naturelle des quinquinas [Cote : RES 16]. Détail du frontispice

Hugues Algernon Weddell. Histoire naturelle des quinquinas (1849) Détail du frontispice. [Cote : RES 16]

Hugues Algernon Weddell. Histoire naturelle des quinquinas (1849)
Détail du frontispice. [Cote : RES 16]


A propos de la récolte des quinquinas

A propos de la récolte des quinquinas
Extraits de Histoire des drogues d'origine végétale de Daniel Hanbury et Friedrich A. Flückiger. [Cote : 12284-1]



Les admirables qualitez du Kinkina [Cote : RES 49703]

Les admirables qualitez du Kinkina (1689) [Cote : RES 49703]. Page de titre

De la guérison des fièvres par le quinquina [Cote : 49701]

De la guérison des fièvres par le quinquina (1681) [Cote : 49701]. Page de titre

Les admirables qualitez du Kinkina (1689) [Cote : RES 49703]
De la guérison des fièvres par le quinquina (1681) [Cote : 49701]

La découverte de l’arbre à quinquina : légendes et descriptions fantaisistes

Quoique le Pérou ait été découvert en 1513 et soumis au joug espagnol vers le milieu du siècle, il n’a été trouvé aucune mention de l’écorce fébrifuge avant le commencement du XVIIe siècle.
Les premiers chroniqueurs de la découverte du quinquina rapporte que la comtesse de Chinchon, épouse du vice-roi du Pérou, aurait été guérie de fièvres palustres par un remède secret connu des seuls indiens. Mais il s’agirait là d’une légende. Il semble actuellement plus vraisemblable que cette découverte soit due à la perspicacité des Jésuites qui étaient établis à proximité des exploitations minières péruviennes. Ces missionnaires voyaient, en effet, que les Indiens buvaient de l’écorce de quarango pulvérisée dans de l’eau chaude, dès qu’ils se trouvaient atteints de fièvres ou de tremblements. C’est par analogie que les Jésuites utilisèrent d’autres écorces, dont le quinquina, qui par bonheur eut des effets bénéfiques contre les fièvres intermittentes.
A partir de ce moment, la diffusion du remède se répandit du Nouveau vers le Vieux continent.

L’introduction de l’écorce du Pérou en Europe est racontée par Jacques Chifflet, médecin de l’archiduc Léopold d’Autriche, vice-roi des Pays-Bas et de Bourgogne, dans son Pulvis febrifugus Orbis Americani ventilatus, publié à Bruxelles en 1653. Il raconte que les Espagnols l’appelaient alors Palo de Calenturas, c’est-à-dire « Bois des fièvres » et que l’écorce était connue sous le nom de China febris. A Bruxelles et Anvers, on la désignait plutôt sous le nom de Pulvis jesuiticus ou, plus communément encore, sous le nom de Pulvis peruvianus ou Peruvianum febrifugum. A Rome, on parlait plutôt de Pulvis eminentissimi cardinalis de Lugo, parce que ledit cardinal avait coutume de l’administrer aux pauvres de la ville.

Parmi ceux qui contribuèrent le plus à la diffusion du nouveau médicament en Europe, se trouve Robert Talbor (1642-1681) ou Tabor. Celui-ci avait été commis chez un apothicaire de Cambridge, puis s’était établi dans l’Essex où il pratiqua la médecine avec un certain succès. Plus tard, il vint à Londres et publia, en 1672, un opuscule intitulé : Pyretologia, a rational account of the cause and cure of agues. Dans cet ouvrage, il met en garde ses lecteurs contre les effets dangereux produits par la « Poudre des jésuites » lorsqu’elle est mal administrée. Il admet, en revanche, les qualités de l’écorce qui, convenablement préparée, constitue un « noble et sûr médicament ». En 1678, Robert Talbor fut nommé médecin ordinaire de Charles II. A l’aide de son remède secret, il parvint à guérir le monarque d’une fièvre.
En 1679, Robert Talbor visita la France et l’Espagne. En France, il eut l’opportunité de guérir le Dauphin d’un accès de fièvre et traita avec succès d’autres éminentes personnalités. Ces résultats lui attirèrent les faveurs de Louis XIV qui, moyennant une forte somme d’argent et la garantie d’une pension annuelle, obtint de lui la composition de sa recette. Le secret tenait essentiellement dans l’administration de fortes doses d’écorce de quinquina infusée dans du vin et dans le renouvellement régulier des prises. La guérison du roi et la manière de bien administrer le remède sont évoquées dans un petit ouvrage daté de 1689, intitulé Les admirables qualitez du Kinkina, confirmées par plusieurs expériences [Cote : RES 49703]:

« Le Roy a pris le Kinkina en substance dans du vin, c’est-à-dire une dragme de poudre reduite en Alcool sur le porphire dans un verre d’environ six onces d’infusion ordinaire du Kinkina, le soir et le matin pendant huit jours, ensuite une fois le matin pendant quinze jours, & enfin la même dose pendant trois semaines partagées par autant de semaines de repos, sans y prendre aucun remède. Il en a été parfaitement guéri, sans être incommodé de la moindre chaleur.
Si on le prend dans du vin, il faut qu’il soit rouge & stomacal, comme celui de Bourgogne, & qu’il n’ait point trop de douceur, comme sont la plupart des vins d’Italie.
A l’égard du Kinkina, il est nécessaire qu’il soit du meilleur pour en avoir un succès assuré, car on y est bien souvent trompé, ... » (p.27-28)

Nicolas de Blégny. Le remède anglois... [Cote : 33764]

Nicolas de Blégny. Le remède anglois... (1683) [Cote : 33764]. p.14

Nicolas de Blégny. Le remède anglois...
(1683) [Cote : 33764]

Pierre Pomet. Histoire des drogues [Cote : RES 61]

Pierre Pomet. Histoire des drogues (1694) [Cote : RES 61]. p.132

Pierre Pomet. Histoire des drogues
(1694) [Cote : RES 61]

A la mort de Robert Talbor, Louis XIV ordonna que le secret du remède fût rapidement publié. Ainsi, dès 1681, celui-ci fut rendu public dans un ouvrage intitulé De la guérison des fièvres par le quinquina [Cote : 49701]. Dans son ouvrage, l’auteur se propose d’expliquer les « vertus » et l’« action » du médicament et « la manière de s’en servir dans toutes les fièvres ». Les modalités de sa préparation sont les suivantes :

« On peut donner le Quinquina en forme solide, ou en liqueur. En forme solide, comme en bol ou en extrait.
Pour le donner en bol, il faut le mettre en poudre très subtile, & le mêler avec quelque extrait, comme celui de graine de Genièvre, ou avec quelque sirop ou conserve, comme celle d’œillets rouges, ou de fleurs de souci. Pour le donner en extrait, il faut tirer la teinture avec l’eau de vie, ou avec l’esprit de vin simple ou composé, & la réduire en une consistance de miel : cette préparation demande plus que toutes les autres un bon artiste.
Si on le veut donner en liqueur, ce sera en teinture ou un infusion. En teinture, comme celle qui sert à faire l’extrait ; & selon qu’on la voudra avoir plus ou moins forte, & la donner en moindre quantité, on retirera par la distillation plus ou moins de l’esprit de vin qui aura servi à faire cette teinture, laquelle se donnera dans quelque liqueur convenable.
Que si on le donne en infusion, il la faut faire avec le vin, ou avec quelque autre liqueur, à froid ou à chaud ; soit qu’on mette en l’infusion le Quinquina seul, ou qu’il y ait addition d’autre chose » (p.18-20)

En 1683, une nouvelle publication du remède fut donnée dans un petit texte intitulé : Le remède anglois pour la guérison des fièvres [Cote : 33764] par Nicolas de Blégny (1643?-1722). Son livre fut immédiatement traduit en anglais sous le titre : The English Remedy : or, Talbord’s Wonderful secret for cureing of Agues and Feavers. L’écorce de quinquina se trouva, dès lors, acceptée dans la médecine régulière, bien que son efficacité fît encore l’objet de nombreuses polémiques. Outre l’histoire de la découverte de la drogue (qu’il nomme encore « kinakina »), Nicolas de Blégny donne l’une des toutes premières représentations de l’arbre à quinquina. Il le compare au cerisier pour la taille et au chêne pour la forme des feuilles et du fruit. Nicolas de Blégny n’a, en fait, jamais vu aucun arbre à quinquina ; la figure qu’il fait graver s’inspire largement des descriptions données par ses contemporains.

Quelques années plus tard, Pierre Pomet (1658-1699) donna, dans son Histoire des drogues (1694) [Cote : RES 61], une nouvelle représentation de l’écorce du Pérou, réalisée à partir de récits de voyage, et non d’après nature.

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Relations de voyage et descriptions naturalistes de l’arbre

La science doit à l’astronome Charles-Marie de La Condamine (1701-1774) les premiers renseignements botaniques sérieux sur le quinquina. Pendant qu’il travaillait à mesurer l’arc du méridien, près de Quito, il profita de sa présence dans le pays pour rechercher l’origine de la fameuse écorce du Pérou. Dans sa Relation abrégée d'un voyage fait dans l'intérieur de l'Amérique méridionale [Cote : RES 49695(1)], La Condamine évoque le « coteau appelé Caxanuma » où, dit-il, « croît le meilleur Quiquina ». Ce lieu se trouve à proximité de Loxa. C'est là que le 3 juin 1737, il recueillit des échantillons de l’arbre connu aujourd’hui sous le nom de Cinchona officinalis (var. Condaminea) :

« Le 3 de juin, je passai tout le jour sur une de ces montagnes. Avec l'aide de deux Indiens des environs, que j'avais pris pour me guider, je n'y pus dans ma journée rassembler que huit à neuf jeunes plantes de Quinquina, propres à être transportées. Je les fis mettre avec de la terre prise sur le lieu, dans une caisse de grandeur suffisante. Cette caisse fut portée avec précaution sur les épaules d'un homme qui marchait à ma vue, jusqu'au lieu où je me suis embarqué ; dans l'espérance de conserver au moins quelques pieds, que je pourrais laisser en dépôt à Cayenne, s'il n'était pas en mesure d'être transporté actuellement en France pour le Jardin du Roi ». (p.26-27)

Parmi les savants qui accompagnaient La Condamine dans son expédition se trouvait le célèbre botaniste Joseph de Jussieu (1704-1779). Chargé d'observer les différentes espèces d'arbres et de plantes du Nouveau monde, c'est fort logiquement qu'il s'intéressa de près à l'arbre à quinquina. Il se rendit donc à Loxa afin de décrire précisément l’arbre et ses espèces. Il tenta même de préparer sur place des extraits, pensant que le transport en serait ainsi moins embarrassant et moins coûteux. Il rédigea aussitôt un mémoire portant sur la Description de l’arbre à quinquina. Daté de 1737, ce mémoire est resté inédit jusqu’à ce jour. Grâce à la publication d’un fac-similé du manuscrit original [Cote : 8243], il est aujourd’hui possible d’en connaître le contenu. Outre la description fine de l’arbre (le tronc, l’écorce, les feuilles, les fleurs, le fruit et les graines), Joseph de Jussieu y consigne un ensemble de données concernant les propriétés des diverses espèces de quinquina qu'il distingue par couleur : rouge, jaune, blanche et grise.

C’est grâce aux descriptions de l’arbre par La Condamine que le genre Cinchona sera établit, en 1742, par Carl von Linné (1707-1778). Le célèbre naturaliste donna le nom de Cinchona à l’espèce en l’honneur de la comtesse del Chinchon (ou Cinchon), qui – selon la légende rapportée plus haut – aurait été guérie de la fièvre palustre par la mystérieuse poudre des indiens.

Jusqu’en 1752, on crut que les arbres à quinquina étaient uniquement confinés dans la région qui entoure Loxa. On découvrit bientôt d’autres espèces sur le continent sud-américain. En 1761, José Celestino Mutis (1732-1808), médecin du marquis de la Vega, vice-roi de la Nouvelle-Grenade, débarqua à Carthagène et commença aussitôt à recueillir des matériaux pour une Flore du pays. Il en fut de même, en 1777, avec les botanistes Joseph Dombey (1742-1794), Hipólito Ruiz (1754-1816) et José Pavón dont les recherches aboutirent à la magnifique Flora Peruviana et Chilensis [Cote : 24].

Charles-Marie de La Condamine [Cote : RES 49695-1] : détail de la carte de la région de Loxa

Charles-Marie de La Condamine, Relation abrégée d'un voyage fait dans l'intérieur de l'Amérique méridionale [Cote : RES 49695-1]

Carte du cours du Maragnon (détail),  tirée de Charles-Marie de La Condamine
Relation abrégée d'un voyage fait dans l'intérieur de l'Amérique méridionale [Cote : RES 49695-1]

Cinchona Peruviana [Cote : 15]

Cinchona Peruviana tiré de : John Eliot Howard. Illustrations of the Nueva quinologia of Pavon. (1862) [Cote : 14]

Cinchona Peruviana
[Cote : 14]

Hipólito Ruiz, José Pavón. Flora Peruviana et Chilensis (1798-1802) [Cote : 24]

Cinchona Nitida [Cote : 24]

Cinchona Nitida. Gravure tirée de : Hipólito Ruiz, José Pavón. Flora Peruviana et Chilensis. (1798-1802) [Cote : 24]

Pl.CXCI
Cinchona Nitida

Cinchona Hirsuta [Cote : 24]

Cinchona Hirsuta. Gravure tirée de : Hipólito Ruiz, José Pavón. Flora Peruviana et Chilensis. (1798-1802) [Cote : 24]

Pl.CXCII
Cinchona Hirsuta

Cinchona Purpurea [Cote : 24]

Cinchona Purpurea. Gravure tirée de : Hipólito Ruiz, José Pavón. Flora Peruviana et Chilensis. (1798-1802) [Cote : 24]

Pl.CXCIII
Cinchona Purpurea

Cinchona Miorantha [Cote : 24]

Cinchona Miorantha. Gravure tirée de : Hipólito Ruiz, José Pavón. Flora Peruviana et Chilensis. (1798-1802) [Cote : 24]

Pl.CXCIV
Cinchona Miorantha

Cinchona Ovata [Cote : 24]

Cinchona Ovata. Gravure tirée de : Hipólito Ruiz, José Pavón. Flora Peruviana et Chilensis. (1798-1802) [Cote : 24]

Pl.CXCV
Cinchona Ovata

Cinchona Magnifolia [Cote : 24]

Cinchona Magnifolia. Gravure tirée de : Hipólito Ruiz, José Pavón. Flora Peruviana et Chilensis. (1798-1802) [Cote : 24]

Pl.CXCVI
Cinchona Magnifolia

Cinchona Dichotoma [Cote : 24]

Cinchona Dichotoma. Gravure tirée de : Hipólito Ruiz, José Pavón. Flora Peruviana et Chilensis. (1798-1802) [Cote : 24]

Pl.CXCVII
Cinchona Dichotoma

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Analyse chimique des quinquina par MM. Pelletier et Caventou [Cote : RES 34536-15]

Analyse chimique des quinquina par MM. Pelletier et Caventou (1821)
[Cote : RES 34536-15]
Page de titre

Analyse chimique des quinquina...
[Cote : RES 34536-15]

Ex-libris de la Société du traitement des Quinquinas [Cote : RES 49701]

Ex-libris de la Société du traitement des Quinquinas où figurent les noms de Pelletier, Delondre et Levaillant.
[Cote : RES 49701]. En 1953, la Société fit un don à la BIUP de 58 ouvrages sur les quinquinas, édités de 1680 à 1951.

Ex-libris de la Société
du traitement des Quinquinas
[Cote : RES 49701]

Exploitation de Cinchona plantées dans les colonies anglaises en 1862 et 1863 [Cote : 15]

Exploitation de Cinchona plantées dans les colonies anglaises en 1862 et 1863. John Eliot Howard. The quinology of the East Indian plantations. (1869-1876) [Cote : 15]

Exploitation de Cinchona plantées dans les colonies anglaises en 1862 et 1863 [Cote : 15]

Exploitation de Cinchona plantées dans les colonies anglaises en 1862 et 1863. John Eliot Howard. The quinology of the East Indian plantations. (1869-1876) [Cote : 15]

Exploitation de Cinchona plantées dans les colonies anglaises en 1862 et 1863.
[Cote : 15]

La quinine et l’essor de la quinologie

Si les principales espèces de quinquinas furent décrites à la fin du XVIIIe siècle et au début du siècle suivant, la substance responsable de l'effet fébrifuge restait encore à isoler.

On doit à François-Antoine de Fourcroy (1755-1809) les premières études chimiques sur les quinquinas. Elles furent suivies par celles de Louis-Nicolas Vauquelin (1763-1829) qui se borna à enregistrer l'action de divers réactifs sur les espèces connues. Après les travaux du docteur Gomez sur la cinchonine, ce sont deux pharmaciens, Joseph Pelletier (1788-1842) et Joseph Caventou (1795-1877), qui vont parvenir à isoler la quinine. Alors que le docteur Gomez avait travaillé sur des écorces de quinquina gris et obtenu un composé non-fébrifuge, Joseph Pelletier et Joseph Caventou vont, eux, mener leurs expériences sur des échantillons de quinquina jaune. C'est ainsi qu'ils vont isoler, en 1820, une base cristallisée qu'ils vont tout d'abord nommer Bertholine (en l'honneur du chimiste Bertholet), puis quinine. L'Analyse chimique des quinquina par MM. Pelletier et Caventou [Cote : RES 34536-15] fera l'objet d'un rapport présenté à l'Académie des Sciences, le 11 septembre 1820. Il sera publié dès février 1821 dans le Journal de pharmacie et des sciences accessoires. On peut y lire une description du fameux alcaloïde :

« On peut obtenir la quinine du quinquina jaune en employant les divers procédés que nous avons indiqués pour l'extraction de la cinchonine. Dans le cas d'un mélange naturel ou artificiel de cinchonine et de quinine la cristallisation et l'éther pourraient servir à séparer ces deux matières. La différence de la solubilité de quelques-unes de leurs combinaisons salines pourrait aussi, comme nous le dirons par la suite, donner des moyens d'opérer leur séparation.
La quinine ne cristallise jamais. Desséchée et entièrement privée d'humidité elle se présente sous forme de masse poreuse d'un blanc sale, elle est très peu soluble dans l'eau ; l'eau bouillante n'en dissout qu'environ 0,005, l'eau froide en dissout encore moins. Malgré son peu de solubilité cette matière est très amère, on ne peut non plus lui refuser une certaine affinité pour l'eau, car lorsqu'on évapore une solution de quinine dans de l'alcohol non absolu, elle retient de l'eau avec force, d'où il résulte une sorte d'hydrate transparent fusible à 90 degrés tandis que dépouillée d'eau par une chaleur longtemps continuée la cinchonine perd de sa fusibilité et se présente sous forme d'une masse poreuse au lieu de s'offrir avec l'apparence de la cire fondue ou d'un vernis desséché ».

Les travaux de Joseph Pelletier et de Joseph Caventou ouvriront la voie à l'isolement des autres alcaloïdes tirés des quinquinas. Il faudra attendre plus d'un siècle (1944) pour que la première synthèse totale de la quinine soit réalisée par Robert B. Woodward (1917-1979) et William von Eggers Doering (1917- ).

Bien que décrié par certains médecins, l'usage thérapeutique du quinquina va rapidement se développer au cours du XIXe siècle. Les récoltes produites dans les Andes devenant très vite insuffisantes, l'introduction des espèces de quinquina fut tentée dans plusieurs régions tropicales d'Asie, notamment aux Indes néerlandaises (actuelle Indonésie), puis en Afrique.

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