Les correspondants étrangers de Gaston Guibourt
Au-delà du petit cercle de ses collaborateurs immédiats,
Gaston Guibourt était parvenu à constituer un véritable réseau de
savants qui, en mission aux quatre coins du monde, lui envoyaient des
échantillons d’écorce de quinquina. Le nom de ces scientifiques figure,
avec des bribes de correspondance, à l’intérieur mêmes des pots où sont
conservées les drogues. Parmi les noms de botanistes étrangers les plus
connus, citons ceux de Carl Friedrich Philipp von Martius, Daniel
Hanbury et José Jérónimo Triana.
Carl
Friedrich Philipp von Martius (1794-1868) est un
explorateur et botaniste allemand de renom. Après des études de
médecine à l’Université d’Erlangen et l’obtention de son titre de
docteur en 1814, il se consacre entièrement à l’étude des plantes. En
1817, il se rend au Brésil pour explorer, trois années durant, le
bassin de l’Amazone. A son retour en Europe, il est nommé conservateur
du jardin botanique de Munich et professeur de botanique (en 1826). Il
publie alors plusieurs ouvrages ayant trait aux espèces qu’il avait pu
étudier lors de son voyage au Brésil. En 1840, il commence la
publication de sa Flora
Brasiliensis [Cote
: 380] qui est constituée d’une série de monographies sur
des ordres variés.
Daniel
Hanbury (1825-1875) est l’un des principaux pharmacologues
anglais du XIXe siècle. Après avoir suivi de courtes études, il
s’initie, en 1841, à la pratique de la pharmacie dans l’officine
paternelle. Il n'a alors que 16 ans. Peu après, il est employé dans une
pharmacie londonienne située à Bloombury Square. C’est de cette époque
que datent ses premières publications scientifiques. Sa notoriété
croissante lui vaut d’être élu successivement au Phytological Club
(1852), puis à la Pharmaceutical Society (1857) et, dix ans plus tard,
à la Royal Society (1867). La même année, il rencontre le professeur
Friedrich A. Flückiger avec lequel il écrira son ouvrage le plus fameux
: Pharmacographia : A
History of the Principal Drugs of Vegetable Origin met with in Great
Britain and British India. Cet ouvrage sera traduit, en
1878, par le docteur Jean-Louis Lanessan, sous le titre de : Histoire des
drogues d'origine végétale [Cote : 12284]. Pour
l'auteur de cette traduction, l'ouvrage de Friedrich A. Flückiger et de
Daniel Hanbury est à placer à côté de celui de Gaston Guibourt, dont il
est un complément utile. Il s'en explique en ces termes :
«
Nous ne possédons en France que deux ouvrages classiques sur les
produits végétaux employés en médecine : l’Histoire naturelle des Drogues
de Guibourt et le Traité
pratique de la détermination des Drogues simples d’origine végétale
de M. Planchon. Le dernier de ces ouvrages visant, comme l’indique son
titre, un but très limité, ne peut être comparé au livre de MM.
Flückinger et Hanbury dont l’objectif est tout à fait différent. Quant
au magnifique ouvrage de Guibourt, très riche de détails sur tout ce
qui concerne l’histoire, l’origine et les caractères descriptifs des
drogues, il laisse peut-être un peu trop de côté, comme le traité de M.
Planchon, ce qui est relatif à l’histoire chimique des drogues
d’origine végétale, et ne fournit sur les plantes et les organes des
végétaux qui les produisent que des renseignements très succincts.
Chercheur infatigable, Guibourt a réuni dans son livre, destiné plutôt
aux maîtres qu’aux élèves, un grand nombre de produits qui n’ont qu’un
intérêt de pure curiosité scientifique et dont la connaissance est peu
utiles aux élèves ainsi qu’aux pharmaciens et aux médecins. » (p. VIII)
Les contemporains de Jean-Louis Lanessan ont souvent
comparé Daniel Hanbury à Gaston Guibourt. Leur connaissance commune des
espèces botaniques, fondée sur l’expérience, a sans doute contribué à
un tel rapprochement. Tout comme Gaston Guibourt, Daniel Hanbury
entretenait d’importantes correspondances avec des botanistes du monde
entier. Cela lui permit de constituer, à l’instar de son correspond
français, une riche collection de matière médicale.
José
Jerónimo Triana (1829-1890) est, sans aucun doute, le plus
grand botaniste colombien de l'époque contemporaine. Après des études
de médecine et de botanique à la Faculté de médecine de Bogota, il
s’oriente vers l’étude des sciences naturelles, auxquelles il consacre
l’essentiel sa vie. A partir de 1851, il réalise une multitude
d’expéditions botaniques dans différentes régions des Andes. Ces
expéditions lui permettent d’enrichir un herbier composé d’environ 50
000 échantillons correspondant à près de 8 000 espèces. Cet ensemble
formera la base à partir de laquelle il travaillera à une Flore de la
Nouvelle-Grenade (actuelle Colombie) : Prodromus florae novo-granatensis
(1863-1869).
En 1865, José Jerónimo Triana a l’opportunité de travailler, à Madrid,
à l’identification et à la révision des planches botaniques constituées
par José Celestino Mutis lors de son expédition à Bogota. Deux ans plus
tard, il obtient un « Grand Prix » lors de l’Exposition universelle de
Paris, où il montre plusieurs espèces médicinales extraites de son
herbier. Parmi celles-ci, figurent les fameuses Cattleya qui portent
toujours son nom. En 1870, il publie ses Nouvelles
études sur les quinquinas [Cote : 12]
dans lesquelles se trouvent, en fait, les matières présentées à
l’Exposition universelle de 1867, accompagnées de fac-similé des
dessins de La
Quinologie de Mutis.
En dehors de ses activités scientifiques, José Jerónimo Triana exerça
aussi des fonctions politiques. Il fut nommé Consul général de Colombie
à Paris, en 1874, fonction qu’il conserva jusqu’à sa mort en
1890.
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Daniel HANBURY. Science papers, chiefly
pharmacological and botanical. (1876) [Cote : 13765]
Portrait en frontispice
Daniel HANBURY. Science papers, chiefly
pharmacological and botanical. (1876)
[Cote : 13765]
José Jerónimo TRIANA. Nouvelles études sur les
quinquinas. (1870)
[Cote : 12]
José Jerónimo TRIANA. Nouvelles études sur les
quinquinas. (1870)
[Cote : 12]
Cinchona Lancifolia
tiré de José Jerónimo TRIANA. Nouvelles
études sur les quinquinas. (1870) [Cote : 12]
d'après La Quinologie
de Mutis
Cinchona Lancifolia
tiré de José Jerónimo TRIANA.
Nouvelles études
sur les quinquinas. (1870) [Cote : 12]
d'après La Quinologie
de Mutis
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