Le MS 2440 : « Lettres médicales du XVIIIe s.
Lettres de Albaret, Bonnefoy, Dufort, Goulard chirurgien,
Maurillon, Mullard, Pagès, Piegon, Pons au Dr Haguenot de
Montpellier (1737-1769). Consultations médicales » d’Haguenot
par Joël COSTE
Université Paris Descartes Ecole Pratique des
Hautes Etudes joel.coste@parisdescartes.fr
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juillet 2013
Voir aussi :
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2. Du mémoire à la consultation
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A. Quelques brouillons analysés
Exemple 1 : Consultation du 15 juin 1763 pour Mr de St Cosme,
présentant des douleurs thoraciques aujourd’hui très évocatrices
d’angine de poitrine
Le mémoire, écrit fort lisiblement par le
patient lui-même, indique que celui-ci a senti 3 ou 4 fois en
quelques mois, en marchant, des douleurs au sternum et dans la
poitrine qui se dissipaient rapidement en ralentissant la marche.
Un épisode à la fois plus long (plus d’un quart d’heure) et plus
intense de « douleurs inexprimables et à mourir » « comme si on
lui ouvrait et lui écrasait la poitrine » survint 8 jours avant la
demande et fut suivit les jours suivants de douleurs encore plus
longues et survenant cette fois la nuit, qui inquiétèrent –à juste
titre– le patient.
Sur un premier brouillon qu’il a intitulé «
relation de Mr de St Cosme Tornier », Haguenot a repris les
éléments importants du mémoire du malade, en bonne partie sous
forme de verbatims, en les séparant par des traits verticaux ; il
s’agit d’éléments positifs : les douleurs, les troubles de la
respiration, les bâillements, les « feux au visage », mais aussi
négatifs : l’absence de céphalées, le bon appétit, etc. Haguenot a
aussi transcrit les traitements pris : l’eau de fleurs d’oranger,
la saignée, les purgations (« médecines »). Ce premier brouillon
est terminé par une interrogation : « Si le malade fait des vents
». Les passages soulignés ont été repris dans le second brouillon.
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Les douleurs que illi a ressent depuis
quelques mois | respiration fort genée | douleurs inexprimables
et a mourir | il f q[u’] alors il soit frappé de la crainte
d’une mort prochaine | co[mm]e si on luy ouvroit et ecrasoit la
poitrine | eau de fl d’orange | apres un quart d’heure dans son
fauteuil revint | mangea se coucha bonne nuit |
Le lendemain des inspirations qlq
f[ois] difficiles et feux au visage alla faire une visite pour
eprouver si ces douleurs, a 50 pas reviennent reprit son etat
n[or]m[a]l, soupa leviter se coucha dormit bien, le jour
suivant meme chose arriva | fut saigné, ne sortit point, eut
des aspirations involontaires et feux au visage, se coucha a 10
h, a 1h doul le reprirent, se dissiper, se rendormit | a 6 h
medecine | la nuit meme ac[ccid]ent; se dissipa, se rendormit.
Le lendemain ne sortit pas aspir.
involont. Baillem[ent]s frequens et feux au visage, le jour
suivant meme medecine, la nuit meme ac[ccid]ent.
point de mal de tete, ny d’estomac ny
aucune autre incommodité qd doul sont passées
ce qui les occasionna et le r[eme]de |
doul[eurs] sont si vives en marchant dans les rues et lorsq[ue]
ds la nuit regulierement
co[mm]e ils est arrivé les 3 dernieres
nuits qu’il craint si elles duroient davantage de ne pouvoir
resister
appetit, mange, boit à son ord[inai]re,
joüe, se promene chez luy sans autre incommodité que celles
dites cy dessus
Si le malade fait des vents
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Le second brouillon de la consultation comprend
des passages presque complètement rédigés (avec quelques ratures)
et probablement très proches de la version finale (expédiée) et
des passages encore très succinctement ébauchés, pour la
thérapeutique et surtout pour le régime, qui n’est qu’évoqué. Il
est probable que ces éléments du traitement étaient pour Haguenot
relativement « standardisés » et ne méritaient donc pas d’être
préparés (et conservés) en détail.
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La doul. dont M se plaint depuis x
quelques mois qu’il rapporte a la poitrine avec gènes [?]
inspirations involontaires, des baillemens frequens des feux au
visage, ne peuvent etre attribuées qu’a un sang epais qui
s’arrete dans le poumon et y cause des tiraillements et un
sentiment de pesanteur, puisqu’il xx x
assure qu’il a souffert quelques fois des douleurs
inexprimables comme si on luy ouvroit et ecrasoit la poitrine.
Mais de plus nous soupconnons qu’il
n’y ait dans cette maladie un caractere de vapeur, pour l’aveu q[ue] le malade fait de
la crainte qu’il a d’une mort prochaine si ces accidens
duroient davantage nous fait soupconner, et que cet arret du
sang ne soit occasionné par des mouvemens spasmodiques, nous
sommes confirmés dans ce soupcon sur ce que ces a[ccid]ens ne
durent pas longtems, qu’il n’ont point de mauvaise suite, que
lorsque les douleurs ont cessé il se remet dans l’etat n[orm]al
, qu’il a appetit, mange boit a son ord[inai]re, joue, se
promene chez luy, passe les nuits assez tranquilles et fait
toutes ses fonctions
en sorte que nous croyons qu’outre l’epaississement, la
secheresse et l’acrimonie du s[an]g, il doit y avoir une
tension d[an]s le genre nerveux qui rend le malade susceptible
de la moindre impression, son
temperament vif nous sommes d’autant plus portes a le
croire que nous savons qu’il a un temperament fort vif.
M. le consultant demande ce qui peut
avoir occasionné ces douleurs, nous aurions cru ou nous sommes
en droit d’exiger de luy des eclaircissements la dessus, et
d’appendre s’il ne s’applique pas trop au travail de sa
profession, s’il mene une vie trop sedentaire, s’il n’a pas
quelque chagrin en un mot si des grandes conte[nti]ons d’esprit
n’ont pas precedé ces a[ccid]ens, car alors ce seraient la les
raisons au[x]q[uelles] auxquelles il faudrait donner toute son
atte[ti]on.
La maladie en question ne paroit
nullement dangereuse pour la vie, mais on ne doit pas la
negliger. Les indications qu’on doit se proposer de remplir
sont de soutenir les digestions, de fournir au s[an]g un chyle
doux et louable, de jetter beaucoup de detrempe dans les
humeurs, d’en adoucir l’acrimonie et de donner de la souplesse
aux nerfs.
pour cet effet nous sommes d’avis,
lorsque cette ord[onnan]ce luy parviendra , s’il etoit dans
l’ac[cide]nt? qu’on luy fit une saig[née] au bras, que le
lend[emain] on le p[urge] polyp[ode] 2 dr[achmes] foll[icules
de séné], 1 pincée de fl[eurs] de viol[ette]s et 2 on[ces] ½
mann[e].
bouill[on] poul[et] 3 gran [semences
froides] 1 dr[agme] ½ de piv[oine] male et chicorée p[endant]
12 dies, repurger | petit lait poud[re] de gutt[ete] | 20 j |
repurgé | bains domestiques a l’issue bouillons poul[et] ou
citronelle
a l’automne lait d’anesse apres
bouill[ons] et petit lait
regime.
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Exemple 2 : Consultation du 29 aout 1747 pour une femme de 30
ans présentant des tumeurs cutanées aujourd’hui très évocatrices de
neurofibromatose de type I (maladie)
Le mémoire est accompagné d’une lettre de
Lalinde datée du 29 août 1747 et signée Lavergne (« médecin et
président de l’élection de Sarlat ») qui demandait l’avis
d’Haguenot et de Fizes, et précisait que le mémoire avait aussi
été envoyé à Paris. Lavergne y indiquait aussi avoir mis 18 livres
pour la « consulte » à retirer au bureau de la poste de la ville.
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J’ay l’honneur de vous envoyer,
Monsieur, cy-joint un memoire au sujet duquel je vous demande
vôtre avis et celui de M. fizes. Le même memoire a été aussi
envoyé a paris. Je n’ay voulu moy-même conseiller aucun reméde
a la dame pour laquelle je consulte. J’ ay mis au courier 18
livres pour vôtre consulte, que vous aurés la bonté de retirer
au bureau de la poste de vôtre ville. Vous avés été et vous
etes encore mes Maîtres et dans toutes les occasions, je vous
marquerai le devoüement infini et le respect avec lesquels
j’ay l’honneur d’etre, Monsieur, vôtre trés obéisssant
serviteur, Lavergne, medec[in] et presid[en]t de l’election de
Sarlat. Mes respects S’il vous plait à M. de Magnol. Repondre
le plus promptement que faire se pourra.
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Le mémoire lui-même, daté du 7 aout 1747 et
rédigé d’une autre écriture que celle de la lettre, présente
l’histoire d’une femme de 30 ans, dont les premières tumeurs sont
apparues vers l’âge de 19 ans, et ont ensuite crû en taille et
sont devenues sensibles et douloureuses. Le mémoire suggère aussi
l’existence de tumeurs internes. Il présente tous les antécédents
pathologiques (pâles couleurs, jaunisse et fièvre « lente », etc.)
de la patiente et se termine par les résultats d’une petite
enquête familiale.
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Memoire ou Conseil
Mad[am]e pour laquelle on consulte est
agée de trente ans ou environ, d’un temperemment vif, et ayant
assés d'embonpoint.
Mad[am]e s’est assés bien portée dans
son enfance, mais a l’age de dix a onze ans elle eut les pâles
couleurs qui fûrent dissipées par le moyen de remedes: les
règles parûrent dans les tems ordinaires et on ne remarque
aucun vice de ce coté-là.
Vers l'age de quatorze ans et demy,
Mad[am]e fût mariée, et quatre ans après ou environ, dans le
tems des chaleurs, ayant ses ordinaires, elle se baigna dans un
ruisseau d’eau courante, ce qui occasionna la suppression des
Regles, il naquit en conséquence sur toute l’habitude de la
peau une quantité infinie de boutons qui egaloient la grosseur
des pois, et qui sans faire aucun remede se dissiperent dans
l’espace de quatre a cinq jours. Mais il survint un
commancement de jaunisse, une insomnie avec une espece de
fièvre lente se faisant remarquer principalement la nuit qui
durerent l’espace d’une année avec grande altération. Les
accidents passerent par le secours des Remèdes et Mad[am]e
devint enceinte d’une fille, dont elle accoucha heureusement.
Cependant après la dissipation des
accidens qu’on vient d’enoncer, il survint à Mad[am]e dans
toute l'habitude
du corps sous la peau un nombre
prodigieux de petites glandes, dont le volûme a toujours
augmenté depuis, en sorte qu’on en remarque une surtout a la
partie superieure et un peu exterieure de la cuisse gauche, qui
surpasse la grosseur du poing; d’autres, qui sont longuettes,
et grosses comme le pouce, etc., et il en naît tous les jours
de nouvelles. Ces glandes sont devenuës douloureuses, et
Mad[am]e y sent de vives piqures dans les changemens de temps,
surtout en tems pluvieux.
Mad[am]e mange peu et quand il lui
arrive de manger un peu plus qu’a son ordinaire, elle sent son
estomach fort gonflé: etant sujette à des vents, qui lui
causent des gonflements a la Region epigastrique, a la poitrine
et au cou; elle y est surtout sujette au commancement du
printems et au commancement de l’hiver. Dans ces mêmes tems
elle a coutume d’avoir un vomissement, qui dure quinze jours.
Mad[am]e est aussi fort sujette aux insomnies.
Mad[am]e desireroit guerir de ses
glandes, mais le medécin a qui elle s’est adressée pour cela,
se mefiant infiniment de ses lumieres a trouvé a propos d’avoir
recours a celles des maitres de l’art.
Il est a remarquer que Mad[am]e
le bas ventre de Mad[am]e n’a pas plus de volume qu’il paroit
devoir naturellement en avoir, et qu’on n’y observe d’autres
duretés que celles qui sont sous la peau; il semble pourtant
qu’on doit en soubçonner intérieurement. Elle a eté engendrée
par un officier decedé depuis longtemps, et l’on n’a pû rien
decouvrir tant de ce coté-là que du coté maternel. M son mari
se porte parfaitement bien.
Mad[am]e jouë, veille et prend du caffé tous les jours. Du
reste sa poitrine paroit en bon etat. Le 7e aoust
1747
|
Sur un premier brouillon de petite taille,
Haguenot a repris (séparés également par des traits verticaux) les
éléments importants du mémoire du malade, le tempérament vif de la
malade, les antécédents, puis les caractéristiques des tumeurs et
enfin quelques autres points du mémoire, notamment ceux concernant
le système digestif et son fonctionnement. Ici encore des passages
sont soulignés.
|
mariée a 14 ans 1/2 age 30 ans
tempérament vif asses d'embonpoint
épaississement procuré pales couleurs a
10 ans
suppression de ses règles apres un bain
pris lors de ses règles, alors boutons a l’habitude, d'un
pois, dissipés d[an]s 4-5 j | jaunisse | et insomnie | fièvre
lente
Cette jaunisse dura un an avec
altération |
enceinte, accoucha heureusement |
glandes a 19 ½ qui ont touj[ours] augmenté depuis, a la cuisse
poing, autres co[mm]e pouce, nait des nouvelles | deviennent
douloureuses en tems pluvieux
mange peu | et q[uan]d plus q[u’] a
l'ord[inai]re son estomac gonflé
sujette vents, gonflemens poitr[ine]
epigastre et col | vapeurs initio veris et hyemis |
vomisse[men]t 15 j | sujette aussy aux insomnies | aucun vice
paternel ny maternel
jouë veille caffé
|
Le second brouillon conservé pour cette
consultation comprend une phrase ébauchée sur la physiopathologie
de l’affection, une autre sur son pronostic et détaille ensuite le
traitement avant encore une fois d’évoquer de manière très résumée
le régime (« bon » et « sans veille ni café », deux comportements
qui avaient été mentionnés dans le mémoire et repris dans le
premier brouillon).
|
epaississement du sang et de la lymphe
surtout | dispo[siti]on dans l’enfance puisq[ue] pales
couleurs, ictere, etc. acrimonie marquée par les phlogoses ou
douleurs des tumeurs.
mal invétéré difficile a guérir,
p[uis]q[u’] il f[aut] q[ue] les r[eme]des aillent jusqua la
peau, empecher du moins le progrés et qu'il ne se fasse des
amas de lymphe dans p[ar]ties in[ter]nes, foye, matrice,
mesentere | éréthisme de ces solides
indications rectifier digestions,
detremper les humeurs, les inciser doucement et en adoucir
saumure
Dans cette veüe saig[née] du bras,
purg[ation] 2 verres 2 onc[es] rac[ine] polypod[e], 3 drag[mes]
de senné, 1 drag[me] rhubarbe, 3 onces de manne
Bouill[ons] p[endant] 9 ou 10 dies avec
poul[et] ou col de mout[on], 3 ecrev[isses], 2 drag[mes]
rac[ine] de squine, douze cloportes, demy poign[ée] cress[on]
et chicoree.
Repurg[ation] puis 6 jours opiate avec
conserv[e] kinorrhod[on] et enul[a] camp[ana], extr[ait]
rhub[arbe] et de genievre, antim[oine] diaphoret[ique], cachou,
cascarille et sirop d’absynthe puis dix jours petit lait ferré
cloporté et 2 p[oignées] feuille[es] lierre de terre puis trois
onc[es] suc de cresson et hiere
Revenir sans purgatif a l’opiate et au
petit lait | purg[er] a la fin lait d'anesse | deux f[ois]
le jour | pend[an]t la prise du lait boiss[on] ord[inai]re
decoction de squine et de 2 jours l’un bolus fait avec douze
gr[os] cloport[es], 5 ou 6 gr[os] cinabre d’antimoine, dix
gr[os] cachou, succin blanc incorp[oré] avec quelq[ue]
conserv[e] de roses
conti[nuer] le lait jusqu’a l'hiver
| alors purg[er] et alternat[ivement] le petit lait, le lait de
vache coupé avec la squine ou citronelle
Le printemps repeter les memes remedes
et lait de chèvre
bon régime ny caffé ny veille etc
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Exemple 3 : Consultation de (mai) 1755 pour un homme atteint
d’une « hydropisie ascite ».
Le mémoire, écrit par le médecin ordinaire du
patient, Meullard (?) de Marseille le 5 mai 1755, rapportait que
le patient, âgé de 51 ans, « ayant toujours aimé la bonne table »,
avait présenté plusieurs hémorragies nasales abondantes avant de
développer en quelques mois une dyspnée de plus en plus intense
puis des œdèmes déclives, une oligurie et probablement une ascite,
qui peuvent faire évoquer aujourd’hui une insuffisance cardiaque.
Les deux brouillons de la consultation sont
cette fois-ci rédigés par Haguenot sur la même feuille, séparée en
deux par un trait. Le premier reprend une fois encore certains
éléments du mémoire (la plupart de ceux-ci étant soulignés), le
second mentionne de manière abrégée la thérapeutique et les
quelques points de régime à prescrire dans l’immédiat, et se
conclut par la phrase « L’on ne peut faire de plus longs projets »
qui correspond bien à l’état jugé critique du patient.
Exemple 4 : Consultation du 9 juin 1757 pour un capitaine de
vaisseau marchand de Marseille de passage à Montpellier, présentant
une affection ostéo-articulaire et une hémoptisie
Dans ce cas, il s’agit d’une consultation de visu, « faite
avec Mr Fizes ce 9 juin 1757 » d’un malade venu à Balaruc puis à
Montpellier, et il n’y a donc pas de mémoire. Le brouillon de la
consultation conservé est donc d’une structure différente des
précédents (pas de résumé du mémoire nécessaire) et assez avancé
dans la rédaction, avec deux versions successives et légèrement
différentes des modalités du traitement. Il est indiqué par
ailleurs à la fin de la seconde page du brouillon que la
consultation a été « procurée » à Haguenot par un dénommé
Glouquier.
Il n’est pas douteux que M. le
consultant a la masse de son sang infectée du virus puisque la
chaude pisse qu’il prit il y a six ou sept années tomba dans
les bourses, que l’ecoulement verdatre fût supprimé, et que la
seconde chaude pisse qu’il a pris aussy depuis ce tems la a été
guérie par des injections. Les frictions mercurielles qu’il fit
luy même jusqu’a la ceinture sans s’etre préparé auparavant par
des bains, sortant et mangeant de toute sorte d'alimens ne
peuvent avoir detruit la cause verolique, ainsy la douleur
qu’il ressent au pli de l'aine droite doit etre regardée
comme un symptome venerien.
Quoyque le malade ait ressenti cette
douleur ayant resté pendant neuf mois dans un rets de chaussée
fort humide et apres avoir passé une nuit exposé à l’humidité
de l’air a la suite d’un excès qu’il avoit fait en dansant,
cependant il n’est pas vraysemblable que ce soit là la
véritable cause, l’opiniatreté de cette douleur et les
sudorifiques differens qu’on a employé qui auroient dû le
guerir ou du moins le soulager, marquent evidemment que cet
excès n’a fait tout au plus qu’indisposer la cuisse et la jambe
et le virus a porté sur ces parties foibles.
Mr le consultant se plaint comme d’une douleur qu’il ressent au
pli de l’aine et qui le fait marcher comme [mot illisible] qu’a
la jambe [et] l’empeche de se redresser, qui suppose un
embarras dans les muscles de l'abdomen qui vont
s'attacher aux os des iles causé par une lymphe epaissie. Enfin D’où il est aisé d’etablir un
sang acre sec et depourveu de serosité, desseché par l’abus
qu’on a fait des sudorifiques qui ont diminué les 2 jambes. De
plus il paroit que les vaisseaux du poumon a [?] du crachement de s[an]g sont
faibles et faciles à casser puisque le malade a souv[en]t
craché le s[an]g, meme en dernier lieu etant aux bains de
Balaruc.
Les indications sont donc icy
p[rinci]palement d’eteindre le virus venerien, mais nous
entrons d[an]s l’été, et que d’ailleurs la verole est ancienne
et le malade fort sec, il convient de le p[ré]parer longtemps.
P[ou]r cet effet, il faut q[uan]d il sera arrivé à Marseille
saigner du bras, le purger avec trois onc[es] manne dans une
decoction de fl[eurs] de violette et de peschers en 2 verres
ensuite pend[an]t 9 jours bouill[ons] poul[et] avec 10 gr[os
de] pavot, les cuisses de 3 ou 4 gren[ouilles] et une poign[ée]
chicor[ée] et le cœur d’une laitue. Alternativ[emen]t 40 bains,
lait de vache ou coupé ou petit lait
|
|
|
Cette maladie estant inveterée, et le
sang du malade qui est
Il est donc essentiel et indispensable de faire un traitement
méthodique pour détruire radicalement le virus, sans quoy tous
les remedes seroient inutiles, mais comme le mal est inveteré,
que le s[an]g du malade dont le temperament est extremement vif
est dans un etat de secheresse et d’acrimonie c[on]sidérable, causé par nous estimons qu’il faut
le preparer longtemps à l’a[ct]ion du mercure et jetter pendant
tout cet esté beaucoup de detrempe et de douceur dans le sang,
d’autant plus que le malade a les vaisseaux du poumon foibles
et délicats puisqu’il a souv[en]t craché le sang et meme en
dernier lieu aux bains de Balaruc
Bon regime | moderer son extreme
vivacité | ventre libre p[ar] lavemens | qd il sera arrivé icy,
saig[né], purgé, 40 bains petit lait | ressaigné frict[ions]
ménagées avec soin lait de vache en petites doses, le tenir
longtemps dans le mercure.
|
B. Comparaison des brouillons (52) avec les
consultations achevées (53) d’Haguenot
Les différences statistiquement significatives sont notées en
gras dans les tableaux
Longueur moyenne en mots
(écart-type) |
866
(269) |
294
(228) |
|
|
|
Longueur et
caractéristiques générales |
Haguenot
(complètes) %
|
Haguenot
(brouillons) %
|
Rappel des symptômes/signes |
94 |
74 |
Mention de l'ancienneté
des symptômes |
44 |
53 |
Antécédents mentionnés |
50 |
49 |
Histoire de la maladie
mentionnée |
42 |
55 |
Diagnostic énoncé ou
raisonnement diagnostique |
96 |
70 |
Pronostic énoncé |
81 |
38 |
Thérapeutique déduite de la
physiopathologie |
87 |
26 |
Thérapeutique déduite des
symptômes |
6 |
0 |
Remèdes prescrits |
98 |
92 |
Recettes données |
77 |
11 |
Régime de vie prescrit |
98 |
72 |
Durée du traitement précise
mentionnée |
90 |
75 |
Durée du traitement
imprécise mentionnée |
4 |
4 |
Adaptation selon les
décisions du médecin ordinaire |
19 |
4 |
Adaptation selon les
symptômes initiaux |
17 |
9 |
Adaptation selon
l'évolution des symptômes |
84 |
34 |
Adaptation selon les goûts |
4 |
2 |
Adaptation selon la saison |
39 |
23 |
Adaptation selon complexion |
4 |
0 |
Instruction pour le suivi |
15 |
9 |
|
Rhétorique |
Haguenot
(complètes) %
|
Haguenot
(brouillons) %
|
Présence de la section |
|
|
Exorde |
6 |
2 |
Narration |
6 |
[48] |
Confirmation |
100 |
32 |
Péroraison |
12 |
4 |
Partie technique |
98 |
98 |
Intrication confirmation
et partie technique |
71 |
13 |
Prospective |
10 |
0 |
Valeurs |
|
|
Utile |
13 |
2 |
Nuisible |
35 |
6 |
Juste |
0 |
0 |
Injuste |
0 |
0 |
Admirable |
6 |
0 |
Exécrable |
6 |
0 |
Types de preuves |
|
|
Logique
(syllogisme/enthymème) |
71 |
9 |
Logique (induction/exemple) |
15 |
0 |
Ethique (Auteur affirme) |
77 |
32 |
Ethique (Auteur cité) |
0 |
0 |
Ethique (Lieu commun) |
0 |
0 |
Pathétique (passions) |
2 |
0 |
Pathétique (pression) |
75 |
11 |
Nombre de preuves de type
différent |
|
|
3 types |
46 |
2 |
2 types |
39 |
15 |
1 seul type |
13 |
17 |
Aucune preuve |
2 |
66 |
Figures et tropes |
|
|
Figures de pensée |
35 |
11 |
Figures de mot |
31 |
23 |
Langue de bois |
15 |
2 |
Digression savante |
2
|
0
|
Citation |
0
|
0
|
|
Méthodes thérapeutiques |
Haguenot
(complètes) %
|
Haguenot
(brouillons) %
|
Prescription de purgation |
92 |
89 |
Prescription de saignée |
65 |
42 |
Prescription de sangsues |
0 |
0 |
Prescription de gaiac |
0 |
0 |
Prescription de remèdes
chimiques |
73 |
55 |
Prescription de lait |
81 |
59 |
Prescription de petit lait |
64 |
59 |
Prescription de tabac |
0 |
0 |
Prescription de topiques |
35 |
34 |
Prescription de lavements |
13 |
17 |
Prescription de
cautère/séton |
6 |
2 |
Prescription de
vésicatoire/sinapisme |
0 |
0 |
Prescription de ventouse |
0 |
0 |
Prescription de frictions
(sauf locales/mercure) |
0 |
0 |
Prescription d'eaux
minérales (per os) |
44 |
30 |
Prescription de bains |
58 |
38 |
|
Les circuits et les réseaux, les « petits
arrangements », les honoraires de la consultation
A. Consultations procurées par des intermédiaires,
circuits et réseaux
Trois exemples d’intermédiaires mentionnés dans les textes
conservés sont donnés ici, celui d’une consultation « pour un mr
de Genes que Mr Goulard m’a procuré ce 2 août 1752 », une «
consultation pour une dame que m’a procurée Melle Manville, faite
avec Mr Fizes ce 6e mars 1751 », et une « Ordonnance pour Mr
le commissaire de marine, menacé d'hydrocèle, procurée par Mr
d’Abbé de Pradines le 12 décembre 1764 ».
D’une manière assez remarquable, le début de l’« ordonnance que
j’ai envoyé à Mr Bernadac pour Mr l’évèque de Pamiers », datée du
20 mars 1757, fait état de la déficience de « Bernadac fils »
(François-Joseph Bernadac), alors étudiant en médecine à
Montpellier, à transmettre à son père s’occupant de l’évêque de
Pamiers la réponse de Haguenot à une demande de consultation.
Cette déficience donna l’occasion à Haguenot de faire une
savoureuse mise au point sur les talents du jeune homme. Elle
permet de rappeler opportunément l’existence de réseaux, parfois
complexes, d’acheminement des mémoires et des consultations, et…
l’importance de la fiabilité de ceux-ci.
|
Mr Bernadac fils m’a fait l’honneur de
me communiquer la lettre que Mr son père luy a écrit au sujet
de Mr leveque de Pamiers, j’ay fait des reproches a ce jeune
homme semblables a ceux que Mr son pere luy fait sur sa
negligence et surtout de ce qu’il ne luy envoya pas la reponce
que j’eus l’honneur de luy faire a la lettre qu’il m’avoit
ecrit en sa faveur lorsqu’il partit de Pamiers pour retourner a
ses etudes. Mr Bernadac le pere doit etre persuadé que j’auray
autant d’attention qu’il m’en sera possible sur la conduite de
mr son fils; il y a de l’etoffe chez ce jeune homme pour
s’avancer s’il s’applique car il a de l’esprit et des talens,
mais je crains qu’il ne soit trop facile et qu’il ne se laisse
entrainer par ses camarades, je feray tout ce qui dependra de
moy pour le contenir dans son devoir. A l’egard de Mr leveque
de Pamiers je prie Mr Bernadac apres luy avoir presenté de ma
part mes humbles respects de luy dire que ses incommodités
habituelles qui durent depuis long temps n’ont aucun danger
pour la vie […].
|
B. Décryptages et « petits arrangements »
Un exemple de décryptage d’une situation
compliquée, ici pour des relations difficiles de l’entourage d’une
malade avec le soignant, est fourni par cet « Extrait d’une lettre
de Toulouse le 14 juin 1760 », qui accompagnait un mémoire relatif
à une religieuse âgée de 54 ans, Madame de Sentoux, se plaignant
de douleurs d’estomac et fièvre.
|
Je ne puis plus reculer de vous écrire,
principalement pour joindre à ma lettre un nouveau mémoire sur
l’état de la maladie de Mad[emoisel]le de Sentoux, et vous
expliquer l’usage que l’on se propose d’en faire. On a eu pour
objet en fesant faire ce second memoire, qui est comme vous le
connoitrés aisément, de la même main que le premier, de
suppléer à ce qu’il pouvoit y avoir d’imparfait, de defectueux,
d’embrouillé ou même d’inexact et d’omis dans celui sur lequel
MM. nos medecins de Montpellier ont donné leur consultation.
Les personnes qui s’interessent à la conservation de la chère
malade, après avoir lû ce second memoire n’en sont guéres plus
contentes que du premier. On trouve que le medecin ni dans l’un
ni dans l’autre memoire ne s’exprime pas sur l’état actuel de
la maladie et sur le danger de la malade aussi nettement et
aussi fortement qu’il le fait dans les conversations qu’il a à
ce sujet avec les personnes de la maison, auxquelles il
represente cette chère malade comme étant dans un état très
dangereux et dont il paroit beaucoup plus craindre qu’espérer.
|
Rarement observe-t-on aussi bien les « petits
arrangements » des soignants (sur ce qu’ils devaient dire ou
devaient faire) que dans deux lettres adressées à Haguenot par
médecin Maurel de Saint Pons. Dans la première, du 23 avril 1763,
concernant une jeune femme de 19 ans présentant une fièvre
prolongée avec de multiples suppurations, peut-être tuberculeuses,
Maurel demanda en effet en post-scriptum qu’Haguenot ne « parle
pas de la très mauvaise conformation » de la poitrine de la
patiente :
|
Ayez la bonté Monsieur de vouloir
consulter avec Mr fizes, j’avois oublié de vous faire observer
que Mme la consultante a son estomac presque toujours enflé en
sorte qu’elle observe de ne pas se lasser autant qu’elle le
devroit pour ne pas suffoquer. La poitrine a une très mauvaise
conformation, elle est d’ailleurs bossue devant et derriere
mais je vous prie de ne pas en parler dans votre consultation
|
Dans la seconde, du 4 mai 1763, accompagnant un
mémoire concernant un homme de 60 ans pour une « sciatique »,
Maurel mentionna l’honoraire qui serait donné par un intermédiaire
à Haguenot, mais aussi lui demanda explicitement de faire des
éloges sur sa prise en charge si celle-ci lui convenait « sans
qu’il paroisse [qu’il en a été] prié » ou du moins de ne pas
formuler de blâme dans le cas contraire.
|
Je prends la liberté de vous écrire
cette seconde lettre, au sujet de la consultation que je vous
prie faire avec Mr fizes pour une sciatique qui tourmente un
m[alade] dont je prends soin; M Boudet qui remettra ma relation
aura le soin de vous donner l’honoraire. […]
Si vous trouvés que je l’aye conduit
selon les regles, faites moy la grace de l’observer dans votre
consultation, comme aussi si vous trouvés ma rélation en forme
de vouloir bien en faire mention sans qu’il paroisse que je
vous ay prié et au cas que j’ai manqué dans l’un et dans
l’autre de me donner vos avis. Je les recevrai avec
reconnoissance […]
Si vous me faites la grace de
m’adresser une lettre ne me parlés de rien parce que le paquet
ne doit pas m’etre adressé mais au malade
|
C. Les honoraires
Les honoraires, et leurs montants, sont
également souvent mentionnés dans les lettres accompagnant les
mémoires. Par exemple, dans cette lettre du 20 juin 1739 du
chirurgien Bavoux demandant une consultation pour un homme atteint
de maladie vénérienne, il est question d’un honoraire de 12
livres.
|
|
La responce que j’espere que vous feré
l’honneur de faire le plustost que vos occupations le
permettront vous obligeré sensiblement le malade qui est dans
la derniere impatience de la recevoir, comme il n’a d’occasion
pour vous faire toucher de l’argent voieons une lettre de
change de 12 livres sur monsieur Bouclier et fils. La
reconnoissance […]
|
Pour le médecin Pons, nouvellement installé à
Trévoux, la consultation d’Haguenot pour un « malade […] en état
de faire toutes les dépenses nécessaires, passé entre les mains de
tous les médecins et chirurgiens de Lyon et de Trevoux, [qui]
s’est adressé à lui depuis 3 jours » pour des
« vapeurs » a fait l’objet d’une lettre
« d’approche » le 16 octobre 1757 pour obtenir l’accord
et connaître le montant des honoraires (et aussi pour donner son
opinion sur la cause des troubles du malade), puis d’une seconde
le 22 octobre (après la réponse rapidement positive d’Haguenot)
dans laquelle Pons demanda encore un « accusé » des
honoraires reçus (24 livres) afin qu’il ne fût pas accusé de faire
« surpayer les consultations des medecins »
|
J’ose me flatter que vous voudrés bien
avoir la bonté de faire une prompte expedition du judicieux
deliberé que nous attendons de [votre] part. Le malade dont il
s’agit est en etat de faire toutes les depanses necessaires
pour sa guerison. Il a deja passé par les mains de tous les
medecins et chirurgiens de Lyon et de Trevoux sans pouvoir
guerir, il s’est adressé a moy depuis trois jours, je suis son
dernier ressort, avant que de luy faire aucun remede, j’ay
trouvé a propos d’avoir recours a vos lumieres pour tacher de
le guerir, il est vray que soit dit entre nous, je crois qu’il
y a beaucoup de chagrin dans sa maladie et qu’il ne vit pas
bien avec son epouse. Vous aurez la bonté de me marquer le
montant de vos honoraires que j’auray l’honneur de vous envoyer
par la poste comme etant la voye la plus seure, c’est Mr
Isnard, medecin a Grasse qui procuré par relation l’honneur de
votre connoissance, je suis nouvellemant etabli dans ce pays
[…].
|
|
Je vous envoye les honoraires téls que
vous me le demandés par la lettre que vos m’avés fait l’honneur
de m’écrire, je suis fasché de vous [donner] tant de peine mais
je suis charmé que vous m’ayés ecrit la lettre que vous m’avés
ecrit pour que Mr le consultant n’ait aucun soupson contre moy
parce que bien souvant il s’ay trouvé qui ont cru que je leur
faisois surpayer les consultations des medecins. Vous me fairés
le plaisir de m’accuser par votre response les 24 livres que
vous recevrés avec la presente.
|
Les malades et les maladies pris en charge et la
pratique médicale d’Haguenot
A. Les malades et les maladies
L’analyse a porté sur les mémoires et les consultations
manuscrites du MS 2440, auxquels on a adjointes les 45
consultations publiées du vivant d’Haguenot dans différents
volumes de Consultations choisies de plusieurs médecins
celebres de l'université de Montpellier sur des maladies
aigues et chroniques, concernant au total 123 patients.
Haguenot a consulté seul dans 63% des cas, et avec des
collègues de Montpellier dans 37% (notamment 19 fois avec
Fizes et 7 fois avec Lazerme). La nature du demandeur ou du
destinataire était reconnaissable 67 fois (54%) : 39 fois, il
s’agissait du malade ou de l’entourage et 28 fois du médecin
ordinaire. Dans 29 cas (24%), la consultation s’est faite de
visu.
L’âge des patients était mentionné dans 57
cas (46%), la médiane était de 35 ans, les extrêmes de 4 et 84
ans. A l’exception d’un cas, le sexe était toujours mentionné,
avec un sexe-ratio masculin/féminin de 72/50. L’origine
sociale n’était précisée que pour 34 cas (28%), avec une
répartition presque égale entre les ordres (noblesse 14 fois,
clergé 10 fois, bourgeoisie et métiers 10 fois). L’origine
géographique était précisée dans 49% des cas, avec une
écrasante majorité de malades résidant dans le Sud de la
France (4 seulement à l’étranger).
La catégorisation épidémiologique des
maladies, présentée dans le tableau qui suit, fait apparaître
une répartition assez équilibrée des maladies, avec toutefois
une prédominance relative des maladies génito-urinaires,
digestives et ostéo-articulaires. Les maladies que l’on
pourrait qualifier aujourd’hui d’« infectieuses »
représentaient un peu plus d’un quart de l’ensemble.
|
Caractérisation épidémiologique des
maladies (n= 123) |
% |
Absence de maladie |
0,8
|
Nature ou mécanisme de l’affection |
|
Affection épidémique |
0,8
|
Affection fébrile ou purulente |
26,8
|
Affection malformative |
0
|
Affection traumatique et empoisonnement |
1,6
|
Affection tumorale |
5,7
|
Pathologie de la grossesse |
0,8
|
Appareil ou système atteint |
|
Multiple ou imprécisable |
20,3
|
Non localisée |
0,8
|
Maladies endocriniennes, de la
nutrition. etc. |
1,6
|
Maladies du sang, organes
hématopoïétiques etc. |
10,6
|
Maladies du système nerveux |
4,1
|
Maladies mentales |
3,3
|
Maladies de l'œil etc. |
2,4
|
Maladies de l'oreille etc. |
1,6
|
Maladies de l'appareil circulatoire |
1,6
|
Maladies de l'appareil respiratoire |
6,5
|
Maladies de l'appareil digestif |
12,2
|
Maladies de l'appareil
génito-urinaire |
15,5
|
Maladies de la peau etc. |
5,7
|
Maladies du système ostéo-articulaire |
11,4
|
Pathologies multiples |
17,0
|
|
B. La pratique médicale d’Haguenot
La pratique médicale, également analysée sur l’ensemble des
123 patients du Ms 2440 et des Consultations choisies de
plusieurs médecins celebres… est résumée dans le tableau
qui suit. Dans l’ensemble, elle diffère assez peu de celles
des médecins montpelliérains actifs au milieu du XVIIIe
siècle. L’analyse diagnostique était conduite dans 96% et un
pronostic énoncé dans 81% des cas. Les traitements étaient
déduits de la physiopathologie dans 87% des cas, des remèdes
étaient prescrits dans 98% des cas comme un régime de vie.
Haguenot a eu massivement recours aux évacuations (purgations
dans 92% et saignées dans 65% des cas), ainsi qu’au lait et au
petit lait (dans 81% et 64% des cas respectivement). On
remarque encore l’importance de la prescription des remèdes
chimiques (fer, antimoine, cinabre…) dans près de ¾ des cas,
ainsi que des bains et des eaux minérales (dans 58% et 44% des
cas respectivement).
|
Caractéristiques des
consultations et méthodes thérapeutiques utilisées (53
consultations achevées)
|
% |
Rappel des symptômes/signes |
94 |
Mention de l'ancienneté
des symptômes |
44 |
Antécédents mentionnés |
50 |
Histoire de la maladie
mentionnée |
42 |
Diagnostic énoncé ou
raisonnement diagnostique |
96 |
Pronostic énoncé |
81 |
Thérapeutique déduite de la
physiopathologie |
87 |
Thérapeutique déduite des
symptômes |
6 |
Remèdes prescrits |
98 |
Recettes données |
77 |
Régime de vie prescrit |
98 |
Durée du traitement précise
mentionnée |
90 |
Durée du traitement
imprécise mentionnée |
4 |
Adaptation selon les
décisions du médecin ordinaire |
19 |
Adaptation selon les
symptômes initiaux |
17 |
Adaptation selon
l'évolution des symptômes |
84 |
Adaptation selon les goûts
|
4 |
Adaptation selon la saison |
39 |
Adaptation selon complexion |
4 |
Instructions pour le suivi |
15 |
Prescription de purgation |
92 |
Prescription de saignée |
65 |
Prescription de sangsues |
0 |
Prescription de gaiac |
0 |
Prescription de remèdes
chimiques |
73 |
Prescription de lait |
81 |
Prescription de petit lait |
64 |
Prescription de tabac |
0 |
Prescription de topiques |
35 |
Prescription de lavements |
13 |
Prescription de
cautère/séton |
6 |
Prescription de
vésicatoire/sinapisme |
0 |
Prescription de ventouse |
0 |
Prescription de frictions
(sauf locales/mercure) |
0 |
Prescription d’eaux
minérales (per os) |
44 |
Prescription de bains |
58 |
|
|