Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 7 manuscrit
Note [26]
« Ci-gît Adrien vi, qui n’a rien fait de plus malheureux en sa vie que de gouverner. »
D’origine modeste, Boeyens débuta comme étudiant puis comme professeur de théologie à Louvain, où Érasme fut l’un de ses élèves. En 1510, pour ses éminentes qualités, l’empereur Maximilien ier le nomma précepteur de son petit-fils, le futur Charles Quint, qui résidait alors à Gand. En 1515, le maître pédagogue quitta la Flandre pour l’Espagne, en vue de préparer l’avènement de son élève sur le trône de Castille, en 1516. Nommé la même année cardinal et évêque de Tortosa (dans la province espagnole de Tarragone), Boeyens resta aux côtés de Charles Quint, comme l’un de ses premiers conseillers et régent du royaume durant les longues et multiples absences du souverain. Il ne siégeait pas au conclave de 1522 qui le désigna néanmoins (sans doute sous l’influence de l’empereur) successeur du pape Léon x (v. note [7], lettre 205).
Adrien vi consacra son pontificat à dénoncer et à condamner les vices de l’Église romaine, dans la droite ligne des reproches que Luther entreprenait alors de formuler à son encontre. La rigueur et la maladresse de ce pape lucide lui valurent de très nombreux ennemis qui l’accusèrent d’adhérer à la nouvelle hérésie, dont il entendait tirer des leçons pour réformer le Clergé. Il mourut dans la détestation générale et ses volontés ne furent en rien suivies d’effet (v. infra note [27]). Aucun pape autre qu’italien ne fut plus élu jusqu’au Polonais Jean-Paul ii (1978-2005). Néanmoins, l’histoire de la chrétienté aurait pu suivre un cours très différent si les enseignements d’Adrien vi y avaient rencontré plus d’écho : pour des raisons opposées, mais convergentes, catholiques et protestants le honnirent également, étant donné le danger qu’il représentait à leurs yeux. C’est pourquoi Bayle lui a consacré un fort long article (tome 2, pages 671‑677).