[Ms BIU Santé no 2007, fo 117 vo | LAT | IMG]
Au très distingué M. Christiaen Utenbogard, à Utrecht.
Très distingué Monsieur, [a][1]
Il y a quelques jours, sur son invitation, j’ai remis à Johann Droüard, chirurgien de chez vous, [2] des lettres à votre intention, dont une pour Simon Moinet, que je vous demandais de lui remettre en toute sûreté ; [1][3] mais je vous écris maintenant pour une autre raison, en vous priant de pardonner ma curiosité : Samuel Desmarets, Français de souche qui est pasteur en Hollande, [4] homme fort savant et d’immense science, a publié jusqu’ici quantité d’ouvrages et d’opuscules qui m’ont permis de le connaître et dont j’ai un grand nombre ; mais un catalogue de tous ses ouvrages m’est tombé entre les mains, qui me fait connaître que beaucoup me manquent, dont je vous joins la liste, [2] en vous priant que quelque libraire de chez vous me les cherche et les achète ; notre Simon Moinet vous en remboursera le prix sans délai. [Ms BIU Santé no 2007, fo 118 ro | LAT | IMG] Dans toute la liste de ce qui me manque et que je vous envoie, plusieurs sont des opuscules plutôt que des livres ; mais peu importe ce qu’ils sont, pourvu que vous me les procuriez. Pensez donc à faire tout votre possible pour me les obtenir et vous me tiendrez pour lié à vous par la plus immense des reconnaissances. Ne vous souciez nullement du prix à payer, je vous le rembourserai intégralement, sans façon et de très bon cœur. Comment notre ami M. Marten Schoock se porte-t-il ? Quelle nouveauté nous prépare-t-il ? Quand la nouvelle édition de son traité de Cervisia et son livre de Fermentatione paraîtront-ils ? [3][5][6] que pense-t-il de nous envoyer son fils ? [7] Ce 18e de novembre, notre reine a accouché d’une petite fille. [8][9] Dans peu de jours, notre roi s’en ira à Dunkerque ; [10][11] dès qu’il en sera revenu, on dit que, même au milieu de l’hiver, il enverra une armée en Italie contre le pape, [12][13] sous les auspices et le haut commandement du prince de Condé, [14] qui aura sous ses ordres un éminent guerrier, M. Du Plessis-Praslin, maréchal de France. [15] Il n’y a pas même une lueur d’espoir pour Nicolas Fouquet. [16] Sachez aussi que nous aurons le roi d’Espagne ; [17] de notre côté dans cette guerre que nous méditons de mener contre le Jupiter capitolin, mais nous serons bien plus forts si Dieu continue d’être favorable à notre roi. [4][18] À quoi votre Voetius s’attaque-t-il de nouveau ? Ne garde-t-il pas le silence, sans réagir contre le décret de votre magistrat ? [5][19][20] Mieux vaut se taire que mal agir. Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.
De Paris, ce 25e de novembre 1662.
Votre Guy Patin de tout cœur.