À Charles Spon, le 6 décembre 1644

Note [31]

Hazon b (pages 101-102) a parlé de cette mémorable affaire dans sa biographie de Claude Charles (v. note [10], lettre 7) :

« Sous son décanat (1610-1612), M. Héroard, premier médecin de Louis xiii, renouvela les prétentions sous lesquelles M. de La Rivière, premier médecin de Henri iv, avait succombé en 1598. M. Héroard, oubliant les droits des premières compagnies de médecine, voulut, comme son prédécesseur, s’arroger l’intendance générale sur toute la médecine, la pharmacie et la chirurgie du royaume, par lui et ses préposés : lettres, visites, épreuves, examens, maîtrises, chefs-d’œuvre, {a} réformes, il voulait que tout lui fût subordonné. Il n’exceptait que la Faculté de Paris, dont il respectait l’autorité par l’expérience du passé ; mais la Faculté, qui voulait se précautionner elle-même à l’avenir contre de pareilles attaques en soutenant les droits des autres compagnies, écrivit à tous les collèges de médecine, qui lui envoyèrent leur procuration. Les médecins du roi par quartier entraient pour leur part (à l’insu de la Faculté et sans la consulter) dans les entreprises du premier médecin en voulant s’assujettir la chirurgie et la pharmacie privilégiée de la Maison du roi et des princes. L’édit qu’avait obtenu M. Héroard fut porté au Grand Conseil et l’opposition y fut formée le 5 juin 1611 par le concours des facultés, et même par les chirurgiens et apothicaires privilégiés qui ne voulaient pas être assujettis à des particuliers et qui aimaient mieux dépendre des corps de médecine, moins variables et moins despotiques. Nous avons dans nos registres la lettre de la Faculté, les réponses et les adjonctions. {b} L’affaire fut plaidée en juillet 1611. M. Claude Charles, notre doyen, parla comme médecin et comme avocat, de manière à se faire écouter. M. Philippe Piètre, célèbre avocat, frère de Simon Piètre notre collègue, {c} vint à l’appui avec son éloquence ordinaire ; et M. l’avocat général ayant pris des conclusions en faveur des bonnes règles, intervinrent le jugement et l’arrêt ; lequel, après l’énoncé des prétentions et qualités des parties, prononce ainsi :

“ Le Conseil, faisant droit sur l’opposition des défendeurs, {d} a débouté ledit demandeur {e} de l’effet de l’entérinement desdites lettres, sans dépens ; et enjoint aux parties et gardes d’entretenir les édits, ordonnances et règlements faits tant sur la médecine que pharmacie et chirurgie. Ce 21 juillet 1611, collationné, Thielement. ” {f}

L’ambition ne cède pas : quoique ce jugement fût authentique et l’arrêt solennel, ils n’empêchèrent pas que M. Bouvard en 1635, M. Vallot en 1664 et M. D’Aquin en 1675 ne renouvelassent les mêmes prétentions, mais les lois prévalurent. »


  1. V. note [12], lettre 411.

  2. Comment. F.M.P., tome x, fos 335‑340.

  3. Simon ii Piètre.

  4. La Faculté.

  5. Héroard.

  6. Ibid. fos 339 vo‑340 ro.

Les lettres des écoles de médecine adressées au doyen et à la Faculté de médecine de Paris occupent les fos 335 ro à 339 ro : Montpellier, Nantes, Angers, Reims, Bourges, Poitiers et Caen.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 6 décembre 1644, note 31.

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(Consulté le 24/04/2024)

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