À Charles Spon, le 20 mars 1649
Note [181]
Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome i, pages 721‑722, mercredi 17 et jeudi 108 mars) :
« J’appris cette après-dînée les cabales épouvantables faites pour exciter la sédition et décréditer le Parlement, et que, le lundi, la plupart des soldats qui étaient sous les armes au Palais étaient contre le Parlement, et qu’un des enfants de M. d’Elbeuf avait prié l’un des colonels de laisser entrer trois ou quatre cents bourgeois, l’assurant qu’ils en étaient les maîtres et qu’ils feraient ce qu’ils voudraient ; et qu’un des généraux avait demandé à un conseiller s’il était temps de faire la sédition, et que tout était prêt. Je sus encore que plus de quarante des frondeurs avaient porté samedi au Palais des poignards sous leurs robes ; que M. le premier président avait dit qu’au commencement de cette guerre, on lui avait apporté un traité de ligue entre les généraux et nombre de Messieurs du Parlement pour ne point poser les armes que le cardinal ne fût chassé ; et il lui fut proposé de le faire homologuer en Parlement, et il avait vu les signatures originales.
Le jeudi 18 mars, l’on apprit que les articles demandés par le Parlement étaient accordés et que l’on avait envoyé des passeports aux députés de Rouen pour travailler aux intérêts de leur Compagnie ; que MM. de Brissac, de Gressy et Barrière étaient députés de la part des généraux ; que leurs prétentions étaient grandes. M. le prince de Conti demandait place dans le Conseil d’en haut, une place de sûreté dans son gouvernement et un brevet de duc et pair pour M. de Noirmoustier. M. d’Elbeuf demandait Montreuil et tout ce qui lui était dû de ses pensions ; M. de Beaufort, la Bretagne ou l’Amirauté ; M. de Bouillon, l’exécution de son contrat sur le pied de 200 000 livres de rente pour Sedan ; M. de La Mothe, le duché de Cardone {a} et toutes les jouissances de ce duché depuis sa prison ; M. de La Trémoille, le comté de Roussillon et de Perpignan ; M. le comte de Maure, la citadelle de Verdun, ou 200 000 écus de récompense et la révision du procès de M. le maréchal de Marillac ; M. de Marcillac, {b} un brevet de duc et pair. »