À Charles Spon, le 18 juin 1649

Note [61]

« on a agi heureusement, conformément à ce Suisse ».

Prévot & Jestaz, comprenant que le patient de Couillard était suisse, ont opté pour une traduction différente : « on a bien réussi avec cet Helvète » ; mais à mon avis, « cet Helvète » était plutôt Pierre Franco. Chirurgien du xvie s., né près de Sisteron, mort vers 1570, il s’était installé en Suisse, à Fribourg puis à Lausanne, pour enseigner la chirurgie et l’anatomie. Franco a sinon inventé, du moins été le premier à décrire le haut appareil (v. note [11], lettre 33), qu’on honora ensuite du nom de taille franconienne : chapitre xxxiii, Autre façon de tirer la pierre, plus propre que les autres, d’autant qu’elle est sans grand péril et douleur, inventée par l’Auteur (pages 134‑140) de son très fameux :

Traité des Hernies contenant une ample déclaration de toutes leurs espèces, et autres excellentes parties de la Chirurgie, à savoir de la pierre, des cataractes des yeux, et autres maladies, desquelles comme la cure est périlleuse, aussi est-elle de peu d’hommes bien exercée ; avec leurs causes, signes, accidents, anatomie des parties affectées, et leur entière guérison. Par Pierre Franco de Turriers en Provence, demeurant à présent à Orange. {a}


  1. Lyon, Thibauld Paillan, 1561, in‑8o de 554 pages.

Le chapitre xi, section i du livre ii du traité de Couillard (Lyon, 1640, pages 106‑107) s’intitule De la troisième manière de tirer la pierre, appelée Franconienne :

« Monsieur Rousset, docte et curieux médecin, après avoir voulu introduire par ses raisons et expériences l’Hystérotomotokie ou section césarienne, {a} soutient aussi, en la section troisième, chapitre sixième et suivants, la Cystotomie, c’est-à-dire l’extraction de la pierre par la section du pénil {b} et de la vessie, être sans danger ; ce qu’il tâche de prouver par plusieurs exemples […]. Cette façon est appelée Franconienne, d’autant que l’invention en est attribuée à Pierre Franco ; lequel, en son chapitre vingt-troisième du Traité des hernies, se vante d’avoir coupé un enfant de deux ans par-dessus l’os pubis avec heureux succès ; ce qu’il dit avoir hasardé pour n’avoir pu faire descendre la pierre au col de la vessie par aucun artifice, et pour céder aux importunités d’un père et d’une mère qui ne pouvaient supporter de voir plus longtemps leur enfant traîner une mourante vie. Il avoue néanmoins que cette expérience était téméraire et ne conseille qu’on l’imite, à cause des pernicieux accidents qui peuvent survenir. Il est fort véritable qu’il ne faut fonder les arts sur des rares événements, et cet heureux succès est plutôt dû à la vigueur de la faculté naturelle et à la bonne constitution de ce jeune corps qu’à la dextérité de l’ouvrier, ou subtilité de l’invention. »


  1. V. note [7], lettre 159.

  2. Pubis.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 18 juin 1649, note 61.

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(Consulté le 26/04/2024)

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