À Charles Spon, le 10 mai 1652

Note [13]

V. note [9], lettre 72, pour l’évêque de Belley, Jean-Pierre Camus, que Guy Patin admirait beaucoup.

On a désigné sous le nom d’hospices des Incurables, à Paris, deux établissements destinés à recevoir les indigents que l’âge ou des infirmités avaient mis dans l’impossibilité de gagner leur vie. Le premier asile, fondé en 1632 grâce à un don que la dame Le Bret fit à l’Hôtel-Dieu, consistait en deux maisons sises à Chaillot (v. note [1], lettre 720). Peu de temps après, un prêtre nommé François Soulet avait légué une partie de ses biens pour le même usage, et le cardinal de La Rochefoucauld avait obtenu qu’on vendît les maisons de Chaillot et qu’on en employât le prix, ainsi que le legs de Soulet, à l’achat de terrains situés dans le quartier Saint-Germain-des-Prés pour construire le premier véritable hospice des Incurables. Des lettres patentes datées d’avril 1637 avaient conféré à cet établissement une existence légale et les privilèges dont jouissaient alors les maisons hospitalières. L’hospice, construit rue de Sèvres par l’architecte Gamard, était destiné à recevoir des hommes et des femmes. Pour y être admis, il fallait être atteint d’une des maladies suivantes : la paralysie ancienne et formée, l’agitation ou tremblement continuel de tout le corps ou des membres (maladie de Parkinson), les cancers, les luxations des vertèbres et le rachitisme, les hernies, la goutte sciatique, la goutte proprement prise, les rhumatismes goutteux, les hydropisies, les pulmonies et les asthmes, le flux perpétuel de pituite, les vieux ulcères aux jambes, la faiblesse universelle de tout le corps. Après avoir été visités, les malades étaient admis à l’hospice où ils étaient astreints à un grand nombre d’exercices religieux et perdaient à peu près complètement leur liberté. Les sorties étaient excessivement rares et ne pouvaient s’obtenir que sur une permission écrite du bureau. Quant aux infirmes qui avaient l’usage de leurs mains, ils devaient travailler et recevaient pour leur travail une faible rémunération (G.D.U. xixe s.).

En 1635, la Compagnie du Saint-Sacrement (v. note [7], lettre 640) s’était intéressée à la création des Incurables (Raoul Allier, La Cabale des dévots, page 282) :

« Elle y contribua par les bienfaits de ses membres, et elle en inspira les règlements : “ Les pauvres dudit hôpital, y est-il déclaré, doivent professer la religion catholique, apostolique et romaine, être connus de MM. leurs curés ou vicaires, et avoir un bon témoignage de leur part. Si, néanmoins, quelque pauvre incurable de la religion prétendue réformée désirait entrer audit hôpital, il y sera reçu ; mais pour quelque temps, sera hors des salles où l’on dit journellement la sainte messe, pour être instruit. Et s’il veut faire abjuration de son hérésie, on le retiendra ; sinon il sera congédié… ”
Quand un entêté de protestantisme était ainsi rejeté sur le pavé, c’était bien de sa faute. Les agents de la Compagnie avaient la conscience tranquille. »

En 1879, les bâtiments de la rue de Sèvres sont devenus l’hôpital Laennec, désaffecté en 2000.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 10 mai 1652, note 13.

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(Consulté le 05/10/2024)

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