À Charles Spon, le 25 octobre 1652

Note [48]

« et Dieu fasse qu’elles œuvrent pour le bien et le profit de l’État. »

François-Christophe de Lévis-Ventadour (1603-1661), comte de Brion puis duc de Damville (ou d’Amville) par lettres d’érection de novembre 1648, était fils d’Anne de Lévis, duc de Ventadour, et de Marie-Liesse de Luxembourg, et à ce titre, cousin germain de Condé. Quoique détenteur de la charge de premier écuyer du duc d’Orléans, il défendit toujours les intérêts du roi et fut souvent requis pour de difficiles négociations auprès de Monsieur. Fait gouverneur du Limousin, il voulut se démettre de cette charge en faveur de son frère, Anne de Lévis de Ventadour (v. note [14], lettre 443), archevêque de Bourges, mais dut la céder à Turenne en décembre 1653 (v. note [18], lettre 308). Le duc de Damville fut nommé capitaine de Fontainebleau, puis vice-roi de l’Amérique (1655). Il mourut le 9 septembre 1661 sans postérité, et fut enterré dans l’habit des capucins (Jestaz).

Journal de la Fronde (volume ii, fo 166 vo, 29 octobre 1652) :

« Dès la première proposition d’accommodement que le duc de Damville fut porter à S.A.R. {a} à Limours, elle lui répondit que ce ne serait faire la paix qu’à demi si on ne la faisait qu’avec elle, et demanda du temps pour en écrire à M. le Prince pour savoir s’il voulait aussi s’accommoder. En même temps, elle en envoya avertir le président Viole qui en écrivit aussitôt à M. le Prince et fut à Limours le 28 pour conférer avec Sadite Altesse ; laquelle, après cela, demeura d’accord de signer l’amnistie, laquelle est beaucoup plus ample et en d’autres termes que celle qu’on a publiée et qu’on voit imprimée ; mais S.A.R. n’a point voulu faire de traité particulier ni revenir à Paris, parce que le cardinal Mazarin y revient ; ensuite de quoi, ce duc s’en revint le même jour, 26, avec M. Goulas et y retourna le 27 au matin avec M. Le Tellier, qui lui porta l’amnistie pour la signer ; et l’après-dînée, le roi, la reine et le petit Monsieur {b} envoyèrent chacun un gentilhomme au palais d’Orléans pour se conjouir avec Madame de cet accommodement de S.A.R., laquelle doit partir aujourd’hui pour aller à Chartres, d’où elle ira à Orléans et delà à Blois, jusqu’à ce que les affaires aient changé de face. Le duc de Rohan, qui est aussi à Limours et qui a été toujours de l’avis de M. Goulas, suit la fortune de Sadite Altesse ; et l’on croit que MM. de Beaufort, de Bury et Fontrailles, qui y sont aussi, iront trouver M. le Prince. »


  1. Son Altesse Royale, Gaston d’Orléans.

  2. Philippe d’Anjou, frère cadet du roi.

Par cet accord, le duc d’Orléans obtint, outre le paiement de tous les arrérages de ses pensions et appointements (qu’avait utilisés Condé pour le convoi de Bordeaux), son rétablissement comme gouverneur de la ville et de la citadelle du Pont-Saint-Esprit, celui de Rohan comme gouverneur de l’Anjou et d’autres articles en faveur de ses partisans. Monsieur rompit enfin officiellement avec le prince de Condé par une lettre du 29 octobre 1652.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 25 octobre 1652, note 48.

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(Consulté le 26/04/2024)

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