À Charles Spon, le 1er mai 1654
Note [38]
Bertii quum librum L. Annæi Senecæ De Brevitate vitæ publice explicare adgrederetur, Oratio habita Lugduni Batavorum, vii. Eid. Quinctileis, Anno m dc xixi.
[Discours de Bertius, prononcé à Leyde le 7 juillet 1619, où entreprendra d’expliquer publiquement La Brièveté de la vie de Lucius Annæus Seneca]. {a}
- Leyde, Iacobus Marcus, 1619, in‑4o de 38 pages.
Petrus Bertius (Pierre Bert, Baveren, Flandre 1565-Paris 1629) avait professé la philosophie à Leyde, mais été évincé de l’université en 1620 pour son attachement à l’armininianisme (v. note [7], lettre 100). Réfugié à Paris, il se convertit au catholicisme et Louis xiii le nomma cosmographe (géographe) du roi, professeur royal de mathématiques (1622, v. note [14], lettre latine 124) et historiographe de France. Il a laissé un très grand nombre d’études géographiques avec de nombreuses cartes du monde d’alors. Guy Patin a plusieurs fois écrit avoir intimement connu Bert à Paris.
Son étude philosophique et théologique sur le stoïcisme de Sénèque n’est probablement pas étrangère à son départ de Leyde car il s’y oppose nettement à la prédestination. Ainsi les rigoureux calviniste durent-ils s’insurger en lisant, par exemple, page 28 :
Libertatem arbitrii in omni actione defendimus, non tantum Prosperi Aquitanici et totius antiquitatis moti auctoritate, cuius hæc Definitio est, quod qui eam negat non est Catholicus : sed imprimis, quia nihil potest virtutis aut vitii habere rationem, quod non sit voluntarium ; et quia Virtus ipsa spontaneo definitur : denique, quia ne intelligi quidem potest, ut ait Boethius, quomodo possit ulla rationalis esse natura, quin eidem libertas adsit arbitrii.[En toute action, nous défendons le libre arbitre : non seulement en nous fondant sur l’autorité de Prosper d’Aquitaine, {a} et de tous ses féconds prédécesseurs, définissant celui qui nie cette liberté comme non catholique ; mais plus encore parce que rien ne peut rendre compte du vice ou de la vertu si la volonté n’est pas déterminante, et que la vertu elle-même se définit comme un acte volontaire ; et enfin parce que, comme dit Boèce, {b} rien ne permet de comprendre que la nature puisse être raisonnable sans libre arbitre].
- Au ve s., saint Prosper d’Aquitaine (Prosper Tiro) a développé les idées de saint Augustin, son maître, sur la grâce.
- V. note [3], lettre latine 198.