À Sebastian Scheffer, le 24 mai 1665
Note [49]
Page 229 (Paris, 1646), livre ii, chapitre lxvii, De Cicuta [La Ciguë (v. note [8], lettre 196)], deux requêtes.
Unde exstitit alia question, si sit venenum, quale sit ? Frigidum esse, tam clare docet Socratis obitus apud Platonem, de quo memini, ut non possit clarius. Docere videntur etiam illi, qui amentes facti sunt : et [at] non illi, qui deliri. [D’où naît une autre question : s’il s’agit d’un poison, de quelle espèce est-il ? La mort de Socrate relatée par Platon, {a} dont j’ai fait mention, nous apprend, on ne peut plus clairement, qu’elle est froide ; tout comme semblent nous l’enseigner ceux qui perdent la raison, et (mais) non pas ceux qui délirent].
- Platon a relaté en détail la mort de Socrate dans son dialogue intitulé Phédon (v. note [36] de la Leçon de Guy Patin sur le laudanum et l’opium).
La réédition de Francfort, 1667, a appliqué la seconde correction (page 184), mais a maintenu (page 183) la référence au livre iv, chapitre xv, de Galien sur les Médicaments simples car elle était exacte (Kühn, tome xi, pages 666‑667, traduit du grec) :
Proinde quoque quæ summe nos refrigerant ac interimunt, veluti cicuta, papaveris succus, hyoscyamus, mandragora, minime omnium acida sunt, quippe licet frigidi sint sapores acidi omnes, haud tamen eo usque refrigerant ut interficiant, non enim tenuis forent essentiæ, si extreme essent frigidi. [Voilà aussi pourquoi les simples qui nous refroidissent et nous tuent, comme la ciguë, le suc de pavot, la jusquiame, la mandragore, {a} sont les moins acides de tous, bien que tous les remèdes froids soient acides au goût ; ils ne refroidissent cependant pas au point de provoquer la mort, car leur nature ne serait pas délicate s’ils étaient extrêmement froids].
- V. notes [21], notule {b}, de la Leçon sur le Laudanum et l’opium, pour la jusquiame, et [85] infra pour la mandragore.
Tout cela n’élucide pas le mystère toxicologique de la ciguë.