Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2
Note [20]
Les juifs faisaient les frais du carnaval de Rome, alors le plus fréquenté et somptueux de la chrétienté. Dans son Journal de voyage Michel de Montaigne a donné une fameuse description de celui qui eut lieu en 1581 (édition établie par Alexandre d’Ancona, Citta di Castellon S. Lapi, 1889, in‑8o, pages 249‑252) :
« Le carême-prenant qui se fit à Rome cette année-là fut le plus licencieux, par la permission du pape, {a} qu’il n’avait été plusieurs années auparavant ; nous trouvions pourtant que ce n’était pas grand-chose. Le long des Cours, qui est une longue rue de Rome, qui a son nom pour cela, {b} on faisait courir à l’envi, tantôt quatre ou cinq enfants, tantôt des juifs, tantôt des vieillards tout nus, d’un bout de rue à autre. Vous n’y avez nul plaisir que de les voir passer devant l’endroit où vous êtes. Autant en font-ils des chevaux, sur quoi il y a des petits enfants qui les chassent à coups de fouet, et des ânes et des buffles poussés à tout des aiguillons {c} par des gens de cheval. À toutes les courses, il y a un prix proposé, qu’ils appellent el palo : ce sont des pièces de velours ou de drap. Les gentilshommes, en certain endroit de la rue où les dames ont plus de vue, courent sur des beaux chevaux la quintaine, {d} et y ont bonne grâce, car il n’est rien que cette noblesse sache si communément bien faire que les exercices de cheval. »
- Grégoire xiii (v. note [2], lettre 430).
- La via del Corso, ou Corso, est une avenue rectiligne et longue d’environ 1 500 mètres.
- Vivement aiguillonnés.
- « Pal, poteau ou jaquemart [mannequin en bois] qu’on fiche en terre, où l’on attache un bouclier, pour faire des exercices militaires à cheval, jeter des dards, rompre la lance » (Furetière).