Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 7 manuscrit
Note [11]
Ce sont deux références supplémentaires à Lucien sur Jésus-Christ, dans l’editio Salmuriensis (édition gréco-latine de Jean Benoit, Saumur, 1619, v. supra note [9]).
« On doute qu’il soit de Lucien. Du reste, il contient des railleries contre les premiers chrétiens, et quelques-unes contre le christianisme ; mais il ne faut pas s’étonner si, parlant mal de sa religion, il ne dit pas du bien de celle des autres. »
La page 1003 (tome 2) de Benoit y correspond au § 17 de Talbot (Paris, 1912, tome 2, page 528) :
« Critias. “ […] Dis-moi : les actions des Scythes {a} sont-elles également enregistrées dans le ciel ? ”
Triéphon. “ Elles le sont toutes, s’il est vrai qu’il y ait quelque homme de bien {b} parmi les nations. ”
Critias. “ Mais il faut une grande quantité de scribes dans le ciel pour écrire tant de choses. ”
Triéphon. “ Parles-en mieux et ne plaisante point sur un dieu si habile ; mais, docile catéchumène, laisse-toi persuader, si tu veux vivre dans l’éternité. Car si ce dieu a pu étendre le ciel comme une peau, affermir la terre sur les eaux, former les astres et tirer l’homme du néant, qu’y a-t-il d’étonnant qu’il puisse écrire dans un livre toutes les actions des hommes ? Lorsque tu t’es construit une maison et que tu y as conduit serviteurs et servantes, aucune de leurs actions ne te reste inconnue ; à combien plus forte raison Dieu, qui a fait tout l’univers, ne connaîtra-t-il pas aisément et les actions et les pensées ? À l’égard de tes dieux, il y a longtemps que les hommes sensés les regardent comme un jeu de cottabe. ” » {c}
- V. note [19], lettre 197.
- Traduction exacte du mot χρρστος (chrêstos) employé par Lucien, mais que nos deux autres interprètes ont rendu différemment : Chrestus (et non par Christus), en latin, pour Benoit ; « Christ », en français, pour Perrot d’Ablancourt (page 566).
- κοτταβος (kottabos) dans Lucien, Cottabis dans Benoit, « des chimères » dans Perrot d’Ablancourt : le cottabe était un « jeu d’origine sicilienne et très en vogue dans les parties de plaisir des jeunes Athéniens ; il consistait d’ordinaire à jeter le reste d’une coupe de vin dans un bassin de métal en invoquant le nom d’une femme aimée ; si le jet produisait un son vibrant, c’était signe d’un amour partagé » (Bailly).
“ Que tout athée, chrétien ou épicurien, venant espionner nos mystères, soit banni de ces lieux, mais que tous les croyants fidèles au dieu soient initiés sous d’heureux auspices ! ” Aussitôt après, commençait l’expulsion. Il disait le premier : “ À la porte les [chrétiens ! ”. Et la foule tout entière répondait : “ À la porte les] épicuriens ! ” » {a}
- Benoit (avec mise entre crochets du passage tronqué par le Borboniana) : Foras pellantur [Christiani. Tum multitudo acclamabat universa, Foras pellantur] Epicurei.
La traduction de Perrot d’Ablancourt (Paris, 1654, tome 1, page 538) est ici fidèle au texte grec.