L. 531.  >
À André Falconet,
le 20 juillet 1658

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 20 juillet 1658

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0531

(Consulté le 19/03/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Le roi [2] est tombé malade à Mardyck [3] d’où il a été mené à Calais. [4] Ses médecins sont Guénault, [5] Vallot [6] et D’Aquin. [7] On dit que le jour que Guénault arriva, Vallot avait purgé [8] le roi, dont il s’est trouvé plus mal ; aussi n’y a-t-il rien de plus dangereux qu’une médecine prise trop tôt et qu’un médecin ignorant. Dès le commencement du mal, le roi n’ayant encore été saigné qu’une fois, il y eut dispute entre Vallot et un autre médecin de la cour touchant à la saignée. [9] Vallot disait qu’il ne fallait point saigner, l’autre pressait de le faire. On appela pour arbitre un tiers qui est un médecin d’Abbeville [10] où on l’alla quérir, nommé M. Du Sausoy, [11] qui fut d’avis que le roi devait être saigné. Vallot trouva mauvais cette opposition et lui dit qu’il était bien hardi. Du Sausoy lui répondit Monsieur, je vous connais bien, le roi a besoin d’être saigné et le doit être. Si vous ne trouvez pas bon mon avis, je ne m’en soucie pas, non plus que je ne vous tiens point capable de juger de ce différend. Le roi fut saigné et sur cette diversité d’avis, la reine [12] dit qu’il fallait envoyer quérir Guénault à Paris. Quelques jours après le roi demanda lui-même le médecin d’Abbeville. On le retourna quérir, il continua de traiter le roi avec les autres. [1] On dit que le roi souhaite fort qu’on le porte à Compiègne [13] puisque l’air de Calais n’est point bon. On continue ici les prières et les processions [14] pour sa santé et je suis ravi de voir la dévotion du peuple pour sa convalescence car enfin, il ne m’importe guère de quels remèdes on se sera servi, corporels ou spirituels, pourvu qu’il guérisse. C’est un prince digne d’être aimé de ceux-mêmes à qui il n’a jamais fait de bien, qui a de grandes parties, et sur les inclinations duquel la France peut fonder un repos que les deux cardinaux de Richelieu [15] et Mazarin [16] lui ont ôté. Je me sens pour lui une inclination violente, au delà de ce que les Français ont d’ordinaire pour leur prince. [17] Je vous baise les mains et finis en vous assurant que je suis toujours votre, etc.

De Paris, le 20e de juillet 1658.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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