< L. 1008.
> À André Falconet, le 6 octobre 1671 |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À André Falconet, le 6 octobre 1671
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Je vous ai écrit que le roi [2] avait fait choix de M. de Pomponne [3] pour être secrétaire d’État à la place de M. de Lionne. [4] Il est fort dans les bonnes grâces du roi et a été préféré à M. l’archevêque de Toulouse, qui est un fort habile Italien ; à quoi on dit qu’il a été secondé par MM. Colbert [5] et Le Tellier [6] qui craignaient l’esprit de M. de Bonzi. [1][7] Je fus mené en carrosse de relais le mois passé en Normandie [8] pour un conseiller qui y était demeuré fort malade et qui en est revenu, Dieu merci, en bonne santé ; et depuis huit jours, j’ai été mené en Brie, à dix lieues d’ici, pour un capitaine qui, Dieu aidant, en réchappera ; mais ces voyages auxquels je ne suis pas accoutumé me déplaisent, ils me fatiguent trop. J’en fis un autre au commencement de juillet vers Orléans [9] qui me désorienta fort. [2] Les barbiers, [10] qui sont fort ignorants et grands ivrognes, se mêlent de donner du vin émétique [11] et y tuent impunément bien des pauvres malades. Nous avons ici un de nos médecins fort malade, c’est Eusèbe Renaudot, [12] qui a fait autrefois L’antimoine triomphant. [13][14] Il a ressemblé à celui qui pensa une fois en sa vie à l’Empire, il a pensé à la charge de premier médecin, espérant beaucoup en M. de Montausier, [15] gouverneur de M. le Dauphin ; [16] mais son épée s’est trouvée trop courte, il n’a pu y atteindre, dont on allègue trois raisons : la première est qu’il est puant de corps et d’âme, je crois même qu’il est punais ; la deuxième, c’est qu’il a la vue presque perdue ; la troisième, qu’il est grand charlatan, et il a eu raison d’intituler son livre L’antimoine triomphant car, pour triompher, il fallait en avoir tué pour le moins 6 000 ; aussi a fait l’antimoine et bien par delà, avec son écrivain et sa séquelle, qui sont plusieurs faux frères gagnés par les apothicaires [17] qui enragent que le peuple connaisse la casse, [18] le séné [19] et le sirop de roses pâles, [20] dont il est fort soulagé. Je ne saurais souffrir cette tyrannie, laquelle nous fait passer pour des coupeurs de bourses. Pour souffrir cela, il faut avoir une âme vénale et aussi mal faite qu’un apothicaire, qui était défini par M. Haultin [21] animal fourbissimum faciens bene partes et lucrans mirabiliter. Vale. [3] De Paris, ce 6e d’octobre 1671. | |||||||||||||
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Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr | |||||||||||||
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