< L. latine 206.
> À Sebastian Scheffer, le 16 août 1662 |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Sebastian Scheffer, le 16 août 1662
Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1239 (Consulté le 14/10/2024) | ||||||||||||
[Ms BIU Santé no 2007, fo 112 vo | LAT | IMG] Au très distingué M. Ernst Scheffer, [1][1] docteur en médecine à Francfort. Très distingué Monsieur, [a][2] Je viens de recevoir votre lettre datée du 20e de juillet, que m’a apportée le fils de M. Öchs, [3] avec une élégie nuptiale. Dieu fasse que le mariage vous soit heureux, favorable et prospère. Je ne sais si M. Lotich, votre compatriote, vous aura remis la lettre que je vous ai écrite il y a un mois. [2][4] Sans vouloir vous importuner, je vous prie de l’aller voir et de la lui réclamer ; s’il m’écrit par la voie que je lui ai indiquée, empruntez-la aussi et insérez dans son paquet vos lettres à me remettre. Je n’ai pas encore eu la visite de votre étudiant en droit, non plus que de votre apparenté ; [5] j’attendrai patiemment l’un et l’autre. Vous avez donc vu M. von Pentzenau, qui est un savant gentilhomme ; [6] il a pu vous conter bien des choses à mon propos. Quand vous le verrez, je vous prie de le saluer, ainsi que son fils, qui est un jeune homme honnête et bien élevé. Mais dites-moi, s’il vous plaît, comment va et ce que fait M. Johann Daniel Horst, médecin de Darmstadt, [7] très grand ami du même von Pentzenau. Je n’ai pas encore vu votre dernière lettre, que vous aviez remise à M. de Tournes, imprimeur à Genève, [8] avec les trois paquets du Vorburgius, et n’en ai rien entendu dire. [3][9] Si vous m’indiquiez dans vos lettres quelque chose dont vous avez besoin et qui me permette de vous rendre service, soyez assuré que je n’y manquerais en aucun cas. J’approuve votre dessein de faire réimprimer l’opuscule du très distingué Hofmann ; mais pour alléger la dépense de l’imprimeur, avisez-le que je prendrai à mon compte 50 exemplaires de cette édition originale, dont j’aurai soin de vous régler le prix à Francfort. [4][10] Je vis jadis le livre de Champier de claris medicinæ Scriptoribus, [5][11] chez notre collègue [Ms BIU Santé no 2007, fo 113 ro | LAT | IMG] M. René Moreau, professeur du roi, [12] mais ne fis cependant que le voir, car les œuvres de cet homme ne sont plus en vente et ne se trouvent pas facilement. Il circule sous sa signature quantité de choses que d’autres ont écrites, auxquelles il a attaché son nom : voyez Jules-César Scaliger en son Ata, poème extrêmement piquant et caustique, où il n’a pas ménagé les médecins de Montpellier. [6][13] De tels écrits sont aujourd’hui rares dans les boutiques des libraires, peut-être les néglige-t-on parce que d’autres, assurément meilleurs et plus brillants, les ont suivis. Champier est en effet mort à Lyon en l’an du Christ 1544 ; notre Fernel n’avait alors encore rien écrit, lui qui a été le prince des savants modernes et qui dirige la famille de ceux qui ont terrassé la barbarie de nos Écoles et l’en ont chassée. [14] Je chercherai pourtant ce traité et l’achèterai s’il se présente. J’ai parfois vu quelques opuscules de cet auteur, mais ils sont écrits en demi-barbare, [15] je les ai donc laissés de côté. Mes fils vous retournent votre salut. [16][17] Ces deux derniers mois, sont ici morts quatre des nôtres, dont le plus éminent était Jean Des Gorris, le plus ancien maître de notre École, âgé de 85 ans. [7][18] Notre surintendant des finances, Nicolas Fouquet, est encore en sûreté dans la prison du roi. Quem das finem Rex magne laborum, dolorum et tot lacrymarum ejus familiæ ? [8][19][20] comme disent ses alliés et amis, et ceux que l’issue d’une si lente affaire plonge dans l’inquiétude et dans le doute. On imprime avec ardeur le Cardan à Lyon, [21] l’Érasme à Rotterdam, [22] l’Hippocrate grec et latin à Leyde, avec des notes de Johannes Antonides Vander Linden, [9][23][24] le Diogène Laërce à Londres, avec les notes de divers auteurs, en particulier d’Aldobrandini, de Casaubon, de Ménage et d’autres savants hommes ; [10][25][26][27][28] au même endroit, on met sous la presse l’ouvrage le plus grand et le plus attendu de Samuel Bochart, [29] théologien de Caen, de Animantibus sacræ Scripturæ. [11] J’ai envoyé la lettre que vous aviez jointe à l’excellent M. Mocquillon. [30] Vale, excellent homme, et aimez-moi. De Paris, ce 16e d’août 1662. Votre Guy Patin de tout cœur. | |||||||||||||
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Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr | |||||||||||||
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