L. latine 454.  >
À Johann Daniel Horst,
le 25 août 1668

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Daniel Horst, le 25 août 1668

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1486

(Consulté le 11/11/2024)

 

[Ms BIU Santé no 2007, fo 224 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johann Daniel Horst, docteur en médecine, à Francfort.

Très distingué Monsieur, [a][1]

J’ai été très heureux que l’excellent M. Sebastian Switzer, [2] notre commun ami, m’ait assuré de votre bonne santé. Beaucoup de gens craignent ici pour eux la maladie pestilente et contagieuse, car certaines villes ont été contaminées en Flandre espagnole et même en France, à Amiens et Rouen ; [3] Dieu fasse qu’elle ne pénètre pas jusqu’à Paris. Pour la guerre, tout est ici silencieux. [4] Notre reine a heureusement mis au monde un second fils, [5][6] que le roi a décidé d’appeler Monsieur le duc d’Anjou ; [1][7] de sorte que voilà notre famille royale forte d’une double descendance masculine ; Dieu fasse qu’elle vive longtemps pour le bien partagé de toute l’Europe. On dit que les généraux turcs s’apprêtent à assiéger Candie avec une armée plus nombreuse et puissante qu’auparavant ; [8] s’ils réalisent leur dessein et prennent la ville, malheur aux vaincus et à leurs voisins, surtout l’Italie, qui cessera d’être arrogante si elle tombe un jour sous le joug du tyran byzantin ; [9] ce qui ne pourra jamais arriver sans l’ignominie et la honte des princes chrétiens, qui agissent si négligemment et si lâchement à l’encontre de ce Turc, ennemi de l’honneur chrétien. [2] Nous jouissons ici d’une paix récente, mais elle sera meilleure encore si elle dure de nombreuses années. À la vérité, parmi tant de malhonnêteté et d’injustice, nul honnête homme ne peut se promettre un avenir heureux et radieux sur la garantie des souverains qui gouvernent aujourd’hui l’Europe, en usant et abusant de leur propre pouvoir, avec leurs nebulones sericati (comme les a appelés Buchanan dans son livre de Jure regni apud Scotos). [10] Dii meliora ! Futuri temporis exitum caliginosa nocte premit Deus. [3][11][12] Je vous envoie deux exemplaires du nouvel ouvrage du très distingué Caspar Hofmann : [4][13][14] le premier est pour vous et vous remettrez le second à notre ami Sebastian Scheffer, votre collègue. [15] Je salue votre fils [16] et l’exhorte, sous votre égide, à progresser studieusement en toutes choses, surtout celles qui concernent les opérations de l’art médical qu’il a embrassé sous d’excellents auspices, plaçant ses pas sur les traces de ses ancêtres. Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.

De Paris, le 25e d’août 1668.

Vôtre de tout cœur, G.P.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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