À Claude II Belin, le 5 mai 1638, note 1.
Note [1]

Daté du 28 avril 1638, le Procès-verbal de l’expulsion des jésuites de Troyes (v. note [2], lettre 37) est transcrit dans les Mémoires pour servir de suite aux antiquités ecclésiastiques du diocèse de Troyes, par Nicolas Camusat (sans lieu ni nom, 1756, in‑12, 2e édition, pages 199‑211). La conclusion de la résolution et son exécution viennent après un long exposé des motifs (pages 207‑211) :

« Et par le recueil qui a été fait des voix de tous lesdits assistants, a été unanimement conclu et avisé : que lesdits sieurs maire, échevins et conseillers de ladite ville, assistés desdits sieurs du Clergé et du Corps du présidial, se transporteraient présentement par devers lesdits pères jésuites ; leur feraient entendre qu’ils ne sont désirés desdits habitants et que leur séjour en cette ville produit de jour à autre de grandes divisions ; seraient priés de sortir présentement de leur maison, attendu le refus par eux fait audit sieur maire, et de se retirer à l’évêché, suivant la volonté du roi de l’année 1624 ; et en cas de refus, qu’ils seraient mis dans un carrosse et conduits en l’abbaye de Montier-la-Celle hors ladite ville, pour ce jourd’hui ; et demain, dudit lieu en la ville de Sens, leur plus prochaine maison ; à reste toutefois des sieurs Le Courtois, père et fils, et Denise, conseillers de Ville, qui n’ont été de cet avis.

Pour l’exécution de laquelle résolution d’assemblée, lesdits corps du Clergé, de la Justice et de la Ville se seraient en même temps transportés en la maison de Montier-la-Celle, demeure desdits pères jésuites, avec nous ledit de Corberon, président ; où étant et après plusieurs refus à nous faits d’ouvrir la porte, serions entrés en une grande salle au bout de laquelle il y avait un autel, de part et d’autre deux confessionnaux, lampe ardente, un ciboire sur ledit autel ; trouvé en icelle Père Jean Bompain, jésuite, auquel nous aurions fait entendre ladite résolution des trois corps et de contribuer avec nous au repos et sûreté de ladite ville, et à leur conservation ; et ce faisant, de se retirer hors d’icelle ; comme aussi de nous dire combien ils étaient de jésuites et quelles fonctions ils faisaient ; lequel nous aurait dit qu’il avait bien du déplaisir des divisions que leur demeure causait en cette ville, en laquelle ils étaient venus par ordre de leur supérieur, et n’en pouvaient sortir que par un autre ordre contraire ; nous priait de les laisser jusqu’à ce qu’il en eût donné avis à leur supérieur ; qu’ils étaient quatre, l’un d’eux malade au lit ; qu’ils célébraient tous les jours la sainte messe, confessaient et communiaient en ladite salle ceux qui se présentaient à eux et prêchaient en quelques monastères. À quoi lui aurait été par nous remontré que c’était une excuse pour rendre la résolution de l’assemblée illusoire ; que nous étions obligés, avec la compagnie qui nous assistait, de la faire exécuter […].

Ce fait, aurait ledit Bompain été mis dans un carrosse, assisté desdits Langlois et Lombard, échevins, et du commis du greffe dudit échevinage, et icelui conduit en ladite abbaye de Montier-la-Celle, dehors de ladite ville, pour empêcher qu’aucun mal ne lui fût fait. Et ayant trouvé Frère François Mauger, coadjuteur jésuite, sur un lit en une chambre attenant ladite grande salle, malade d’une fièvre tierce, ainsi qu’il a dit, avons icelui laissé en ladite chambre et en la charge de Clerin, concierge de ladite maison de Montier-la-Celle ; auquel ledit sieur Dorieu, maire, aurait enjoint de par le roi de prendre garde à la conservation du dit Mauger, lui administrer ses vivres et autres nécessités ; lui donnant en garde les autres jésuites qui étaient en ladite ville, s’ils venaient en ladite maison de Montier-la-Celle, et de lui en donner avis incontinent qu’ils y seraient arrivés ; et que pour la défense et garde du dit Mauger, il en serait payé par ladite ville, ce que ledit Clerin a promis de faire.

Signé De Corperon, N. Dorieu. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 5 mai 1638, note 1.

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(Consulté le 12/12/2024)

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