Note [10] | |
Marguerite de Lorraine (1615-1672) était la fille de François ii, duc de Lorraine, et la sœur du duc d’alors, Charles iv (v. note [37], lettre 6). En 1629, alors qu’il était réfugié à Nancy, Gaston d’Orléans (v. note [16], lettre 13), frère puîné du roi Louis xiii, et jeune veuf, avait été séduit par ses charmes et avait décidé de l’épouser. Le mariage clandestin avait eu lieu le 3 janvier 1632, au grand dam de la Couronne de France. Louis xiii n’y avait pas consenti, y voyant une manœuvre politique destinée à rapprocher son frère d’un État étranger, la Lorraine, alliée de l’Espagne. De fait, jusqu’aux naissances du futur Louis xiv (1638) et de son frère, Philippe (1640), Gaston, qui se mettait ainsi en puissance d’avoir un fils, était l’héritier de la couronne, éventualité rendue plausible par la santé fort chancelante du roi. Tout était donc mis en œuvre à la cour de France pour rompre cette union, considérée comme illégitime car non approuvée par Louis xiii ; mais rien n’y fit. Lors du traité de Vic qui lui avait été imposé (5 janvier 1632), Charles iv avait pourtant promis de s’opposer au mariage de sa sœur avec Gaston. Quand Louis xiii eut appris qu’on l’avait dupé, son courroux s’était déchaîné contre la Maison de Lorraine. Les troupes françaises avaient envahi à deux reprises (1632 et 1633) les duchés de Lorraine et de Bar, et en 1633, Marguerite dut, pour échapper à Richelieu, s’enfuir de Nancy, déguisée en page, et rejoindre son époux à Bruxelles. Nancy fut occupée, le Parlement de Paris cassa le mariage et condamna Charles iv pour rapt sur la personne de Monsieur Gaston ; mais malgré toutes les négociations, Rome s’obstina à tenir le mariage princier pour légitime. Louis xiii n’allait y donner son consentement qu’à la veille de sa mort (14 mai 1643), bien qu’il fût alors depuis longtemps tout à fait assuré d’avoir une succession directe. Madame put alors quitter Bruxelles pour venir prendre son rang à Paris et s’y marier officiellement avec Gaston, après dix années de séparation forcée. Durant la Fronde, Marguerite poussa Monsieur à prendre position dans le camp des frondeurs et aurait facilité l’incursion de Charles iv en 1652. |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Claude II Belin, le 27 octobre 1634, note 10.
Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0018&cln=10 (Consulté le 06/11/2024) |