À Claude II Belin, le 28 octobre 1631, note 37.
Note [37]

Au xvie s., l’union des deux duchés de Lorraine et de Bar avait donné naissance à l’État lorrain, qui fit partie du Saint-Empire jusqu’en 1542, quand il prit son indépendance pour passer seulement sous sa protection. Les Trois-Évêchés (Metz, Toul et Verdun, v. note [52], lettre 150) y formaient une enclave rattachée au royaume de France. Nancy était la capitale, où résidait son souverain, le duc de Lorraine et de Bar.

Il s’agissait alors de Charles iv (Nancy 1604-Birkenfeld 1675), petit-fils de Charles iii (v. note [35] du Borboniana 4 manuscrit). Élevé à la cour de Louis xiii, il s’était emparé du pouvoir en 1624, à la mort de son oncle, Henri le Bon. En 1631, engagé du côté des Impériaux dans la guerre de Trente Ans (1618-1649), le duc menait une politique antifrançaise, accueillant le frère du roi, Gaston d’Orléans, et lui offrant en mariage sa sœur Marguerite (le mariage eut lieu en 1632). Cette conduite valait à Charles iv la colère de Richelieu, et après plusieurs sommations (traité de Vic-sur-Seille puis de Liverdun en 1632), Louis xiii allait en 1633 lui prendre Nancy et diverses autres places. Le duc de Lorraine se rendait alors auprès du roi pour lui faire sa soumission et obtenir son pardon, mais il n’en continua pas moins à jouer sur la rivalité qui déchirait ses deux souverains, l’empereur germanique et le roi de France. Pendant le cours d’une vie fort agitée, Charles iv perdit et recouvra plusieurs fois son duché. La paix des Pyrénées (1659) le lui rendit, bien que Nancy restât occupée par les troupes françaises jusqu’en 1663. La suite des lettres de Guy Patin est souvent revenue sur les faits et gestes de ce duc dont les audaces et les prétentions dépassèrent toujours les capacités. Son testament s’achève sur ces vers désenchantés :

« Il fut brave comme César,
Et malheureux comme Pompée ;
Il se vit toujours maltraité
Par sa faute et par son caprice ;
On le déterra par justice,
On l’enterra par charité. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 28 octobre 1631, note 37.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0006&cln=37

(Consulté le 14/12/2024)

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