L. 150.  >
À Charles Spon,
le 7 février 1648

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 7 février 1648

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(Consulté le 19/03/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Depuis ma dernière de quatre grandes pages datée du 10e de janvier, [1] j’apprends ici que Messieurs les maîtres des requêtes ayant entendu quelque vent de 26 compagnons nouveaux qu’on voulait leur bailler afin d’en avoir cent d’une compagnie, se sont tant de fois assemblés et ont fait ensemble de si belles protestations de ne recevoir jamais aucun compagnon qu’enfin ils ont appris par la propre bouche de l’Oracle qu’on ne leur en donnera aucun. [2] Les bourgeois se sont assemblés plusieurs fois et sont allés au Palais parler à M. le premier président [2] et aux autres grands magistrats pour les prier de ne point vérifier l’édit des maisons, par lesquels les partisans prétendent de lever somme notable sur chaque maison qui est dans le Domaine du roi ; [3][3] et tôt après, sans doute, on attaquerait celles qui se trouveraient sur les autres domaines par la même raison. Cela a fait du bruit au Palais. Le fils de M. d’Émery, [4] surintendant des finances, président des Enquêtes, [4][5][6] y fut attaqué et quelques coups de poing donnés ; son valet de chambre, pensant défendre son maître, mit l’épée à la main ; les bourgeois se jetèrent sur lui, lui prirent et rompirent son épée, et le gourmèrent bien. [5] Le président de Thoré, son maître, fut sur-le-champ s’en plaindre à la Grand’Chambre, où arrêt fut donné contre quelques bourgeois, chez lesquels, deux jours après, on envoya des compagnies de soldats les chercher, sed non erant[6] et ainsi il n’y a eu personne de pris. Toute la ville a été en rumeur de voir des soldats deçà et delà en bandes par la ville. Sur le soir du dimanche 12e de janvier, on entendit tirer force coups de mousquet, comme si chacun eût apprêté ses armes à feu pour le lendemain. [7] On dit que M. le Prince [7] remontra à la reine [8] que toute la ville était en danger d’une grande sédition si on n’apaisait le bourgeois, laquelle lui promit qu’on y travaillerait. [8] M. le Prince lui dit aussi qu’il fallait conserver Paris, [9] de peur que les villes de la campagne n’en fissent autant. Voilà où nous en sommes ce lundi matin, 13e de janvier, en attendant d’autres nouvelles.

Pour votre dernière que je viens de recevoir, datée du 7e de janvier, je vous en remercie. J’y ai trouvé celle de M. Hofmann avec une dédicace pour son Théophraste [9][10] au marquis de Brandebourg. [10][11] Quand j’aurai reçu ledit Théophraste, je tâcherai de trouver un libraire, mais je ne promets rien : durissimis hisce temporibus omnia mihi dura videntur, præsertim mercatoribus et bibliopolis nostratibus[11] Le bonhomme Meturas [12] est embarrassé à son Riolan, [13] son Duret, [14] et à deux autres presses pour des livrets de jésuites. Ab eiusmodi hominum genere vix aliquid potero extundere ob propriam siccitatem et temporum difficultatem[12] Le Théophraste et les deux traités du Galien que j’ai seront les plus difficiles à faire imprimer si le bon temps ne vient. Je viendrai mieux à bout des deux Chrestomathies quand je les tiendrai toutes deux ensemble ; [13] et encore plus aisément du traité de Humoribus, de Calido innato et spiritibus ac de Partibus solidis que Jansson [15] d’Amsterdam [16] retient iniquement et injustement, [14][17][18][19] et hoc ipsum memini me antehac scripsisse ad ipsum Auctorem[15] Si vous lui écrivez bientôt, vous m’obligerez de lui répéter ces mêmes raisons : quandoquidem per belli diuturnitatem, ex quo ruina impendet universalis, omnia videmus in peius ruere et retro sublapsa referi[16][20]

Pour le Sennertus [21] de M. Ravaud, [22] il le rendra trop cher s’il le met en quatre tomes, il vaudrait mieux le mettre en trois si faire se peut. [17] Pour les Paralipomènes[23] c’est bien fait de les réduire en leurs propres lieux ; quod si commode fieri non possit[18] il les faudra mettre toutes telles qu’elles sont sur la fin de l’ouvrage. Je n’ai garde d’improuver l’ordre des traités que vous me proposez, tant à cause de vous qu’à cause qu’il est bon ; mais je vous prie de penser deux fois s’il est à propos d’y ajouter l’Épitomé des Institutiones et < le > de Febribus ; il me semble qu’ils n’y doivent pas être. La copie du livre de Consensu et dissensu chymicorum doit être prise sur l’in‑4o d’Allemagne, celle qui est in‑8o étant moins ample. Cetera probo singula[19] à la charge que chaque traité aura sa propre épître dédicatoire et sa préface, ex mente auctoris[20] Et ainsi tout ira bien, mais s’il pouvait réduire et laisser le tout en trois tomes, le prix n’en épouvanterait pas si tôt les jeunes médecins qui n’ont encore guère gagné, à qui néanmoins ce livre-là sera de bonne provision. Je souhaite fort que M. Ravaud fasse cet ouvrage aussi beau qu’il en a le dessein, et qu’il y réussisse avec honneur et profit, comme j’espère qu’il fera. Ce livre sera bon par tout et tiendra bien sa place dans les grandes bibliothèques, même des princes et des prélats, et des autres curieux, quoique non médecins. Si je suis encore au monde en ce temps-là, j’y contribuerai ce qui me sera possible de bonne recommandation, tant pour les uns et pour les autres. M. de Longueville [24][25] a été contremandé et ne revient point. [21][26] Des sept provinces qui composent Belgium fœderatum sous le nom de Hollande, il y en a cinq qui ne veulent point de paix avec l’Espagnol et qui aiment mieux se résoudre à faire la guerre aux deux autres qu’à aucune paix avec l’Espagne. [22][27][28][29] Si cela est vrai, ce nous serait une aide pour continuer la guerre en Flandres [30] à l’Espagnol, y étant aidés et secourus des Hollandais. Les Écossais et les Anglais vont faire la guerre ensemble à cause de leur roi prisonnier, [31][32] que les Écossais ont grand regret d’avoir rendu l’an passé aux parlementaires, comme ils témoignent par le manifeste qu’ils en ont fait. [23] De valetudine του 666 et Neapolitano tumultu pauca circumferuntur ; adde quod certissima ex illis locis tibi prius innotescent quam nobis, ideoque sileo[24][33][34][35][36] M. Riolan fait commencer ici un in‑12 intitulé Encheiridium anatomicum[25][37] ils disent qu’il y aura près de 30 feuilles de petit romain. L’Épitomé des Institutions [38] est achevé. [26] Je vous enverrai à la première occasion un petit paquet pour M. Hofmann et pour vous, avec quelque autre chose.

Ce 14e de janvier. Enfin, Dieu merci, et vous, je reçois tout présentement le paquet qu’il vous a plu m’adresser, dans lequel j’ai trouvé les Χρηστομαθ. φυσιολ., [27] le livre tout nouvellement imprimé de M. Huguetan, [39] du docteur nommé Moronus, [28][40] duquel je vous remercie ; et le paquet de M. Volckamer, [29][41] dans lequel j’ai trouvé l’Anti-Fernelius (et ainsi il n’est pas besoin que vous preniez la peine de m’envoyer un des vôtres), [30] les trois livres de Marcus Aurelius Severinus [42] de Medicina efficaci, de Chocolata et Zootomia Democritea[31][43] avec le Cæsalpinus de metallicis[44] dont je l’avais prié, imprimé à Nuremberg [45] l’an 1602, [32] où il y a une fort belle préface du clarissime Ph. Scherbius, [46] quæ singula ideo dicam commendationem tanti Aucthoris, eiusque libri, ut eum si forte desit, tibi comparare satagas[33] Si vous me demandez mon avis des Χρ. φυσιολ., je vous avoue que le livre m’a extrêmement plu d’abord, et que je ferai tout ce que pourrai afin qu’il soit imprimé ici et tâcherai que ce soit au contentement de l’auteur. Pour votre Moronus, quis ille sit ? ignoro planissime, et albus sit an ater, nescio ; [34] et je doute bien fort aussi de son dessein et s’il pourra y avoir réussi. Voilà que je l’envoie chez mon relieur ; ut ut sit, bonus aut malus[35] je vous en remercie. Vous m’obligerez si vous m’instruisez qui est cet auteur et de quel mérite vous pensez qu’il soit. De ceteris in fasciculo meo contentis non est quod agam[36] vous les connaissez mieux que moi. J’ai vu ce soir M. Riolan, où nous nous sommes trouvés ensemble en consultation [47][48] chez un hydropique [49] que j’ai vu par ci-devant deux fois avec l’ordinaire. [37] Melius habet a tanto morbo, et haud dubie est convaliturus, post frequentissime purgatum corpus ex sena, rheo, syrupis de floribus mali persicæ et de rosis solut. cum ʒ j. diaprunis solut. interdum etiam ex iusculo solutivo facto ex ʒ iij. fol. Oriental. et ℥ j. manna Calabrica[38][50] Il a été purgé [51] trente fois de deux jours l’un, de ces remèdes et principalement du dernier, a quo uterque humor tum crassus, tum aqueus facile et feliciter educitur[39] J’ai averti ledit M. Riolan que j’avais reçu ce manuscrit, dont je lui avais parlé l’autre jour par votre ordre. Il ne m’a pas témoigné d’être curieux de le voir, mais seulement, m’a-t-il dit, Faites-le imprimer hardiment, je le traiterai comme il mérite, et toujours plus équitablement qu’il n’a faitpour > mon père ; je lui montrerai qu’il ne sait pas l’anatomie et que pour un homme qui a tant lu Galien il ne l’entend guère bien ; [40][52][53] et là-dessus nous nous sommes séparés. De tout ce que dessus vous en manderez à l’auteur ce qu’en jugerez à propos si vous lui écrivez bientôt. Je me tiens assuré qu’il sera bien aise d’en savoir le tout, vu que par sa dernière il me prie en ces termes : Quæso te, mi bone, repete ad me illa Riolani, quæ contra me effudit, non ut refutem, sed ut rideam[41] Vous voyez la jalousie qui est entre ces deux grands hommes, et qui tous deux ont bien envie de se soutenir ; [42] mais M. Hofmann est bien vieux et j’ai bien peur qu’il ne perde la partie en la quittant, en partant de ce monde ; je voudrais pourtant bien qu’il eût le contentement de voir toutes ses œuvres imprimées avant cette séparation. M. Riolan est véritablement asthmatique, [43][54][55] mais il témoigne grande allégresse pour le présent. Je pense que c’est l’édition de ses œuvres qui le réjouit ; outre plus qu’il a bec et ongles, [44] et je crois que son Anthropographie n’achèvera pas qu’il ne censure vivement M. Hofmann, super anatomicis, quæ scripsit in Institut. et in Epitome earumdem Institutionum[45] Entre eux le débat […] s’ils ne se veulent pas céder. [46]

Le roi, [56] la reine, M. le duc d’Orléans, [57] M. le Prince, le cardinal Mazarin, [58] M. le chancelier [59] et autres grands furent au Palais hier mercredi, 15e de ce mois, où furent vérifiés quelques édits, et entre autres un pour faire douze maîtres de requêtes nouveaux ; [47] un autre sur ceux qui tiennent du bien du roi par engagement ; un autre par lequel divers officiers de ville et de finances sont créés ; un autre par lequel sont supprimés les aisés, etc. [48][60] M. Talon, [61] avocat général, harangua devant la reine, à ce qu’on dit, divinement et contenta si fort les gens de bien qu’on ne parle ici que de ce qu’il a dit, [49] combien que personne n’y profite de rien. [50][62] Tout le monde est ici au désespoir de la continuation de la guerre et j’ai bien peur qu’à la fin il n’arrive malheur. Tout le monde s’y déconforte, [51] il n’y a que les larrons et les partisans qui y gagnent. On dit que M. le maréchal de Turenne [63] vient avec ses troupes achever le reste de l’hiver dans les trois évêchés de Metz, [64] Toul [65] et Verdun, [52][66][67] et qu’il repasse le Rhin, n’étant pas assez fort pour résister aux Impériaux et Bavarois qui le poursuivent. M. de Longueville a son congé pour revenir et est ici attendu quelques jours après la Chandeleur. Il n’y a point de paix, nequidem umbra pacis[53] Une autre nouvelle porte que les Suédois sont en chemin d’aller attaquer le duc de Bavière [68][69] et d’entrer en son pays, [54] depuis qu’ils ont trouvé le moyen de se fortifier comme ils ont fait ; et que cela fera repasser le Rhin à M. le maréchal de Turenne et à ses troupes. [55] Les maîtres des requêtes, qui sont ici en aussi grand nombre que les disciples du Sauveur du monde, savoir 72, [56][70] ont été assemblés au Palais-Royal [71] où, par commandement de la reine et par la bouche de M. le chancelier, ils ont été interdits ; et leur a été défendu de plus venir au Conseil du roi, pour s’être assemblés tous ensemble en particulier, et avoir délibéré et signé qu’ils s’opposeraient à toute nouvelle création de maîtres des requêtes. [57] Et depuis ce temps-là, on leur a encore signifié que le roi leur défendait de juger d’aucune chose souverainement aux Requêtes de l’Hôtel, [72] qui est la seule juridiction qui leur reste pour trois mois de l’année. [58]

Ce 24e de janvier. J’ai reçu par la voie de M. Picquet, outre la vôtre, une autre lettre de M. Hofmann [73] par laquelle il me recommande fort son Théophraste, que je n’ai point encore reçu. Je lui avais mandé que je m’en allais faire imprimer son traité manuscrit de Anima quatenus medicus eam considerat[59] et le priais de vous le dédier, ce que je lui ai réitéré par trois ou quatre fois. Enfin, voici ce qu’il me répond sur cet article : Liber de Anima, si probatur tibi, extrudam et ipsum volent dei sub auspiciis D. Cras Medici Tureniensis[60] N’est-ce pas M. Gras [74] de Lyon, qui est de présent à Paris, qu’il entend par là, qui peut avoir été, par ci-devant, à M. le maréchal de Turenne ? est-ce qu’il le connaît d’ailleurs ? ou bien serait-ce quelque médecin allemand de quelque lieu à moi inconnu, et dont je ne saurais point la carte ? Je m’en rapporte à ce que vous m’en apprendrez. Je viens tout présentement de recevoir un petit paquet de livres en blanc de la part de M. Naudé [75] pour vous faire tenir ce que vous trouverez dans le premier paquet, lequel j’achèverai devant huitaine pour vous envoyer. Il vous baise les mains et vous prie d’avoir ce petit présent pour agréable. Ce premier paquet contiendra pour vous, de ma part et de M. Naudé, pour M. Huguetan, M. Hofmann et M. Volckamer quelque chose ; quæ quidem singula curæ tuæ commendabo[61] à la charge que vous me ferez entendre le prix du port de ce qui va en Allemagne afin que je vous en rembourse. Je n’ai encore rien ouï ni appris du paquet qui me doit être rendu de votre part. Il viendra quand il plaira à Dieu, je n’en ai point hâte, pourvu qu’il soit sûrement, comme je me le persuade ; j’entends celui dans lequel est contenu le Drexelius [76] de M. Huguetan. [62]

Enfin le bonhomme M. Seguin, [77] l’ancien [78] de notre École, est mort le 28e de janvier, âgé de 84 ans, d’une fièvre continue [79] qui a succédé à sa paralysie et qui lui a suffoqué la chaleur naturelle. [63] C’est aujourd’hui M. Nicolas Piètre [80] qui est notre ancien, âgé de 77 ans, qui est bien un autre homme : fin, adroit, plus rusé que Machiavel, [81] grand médecin à peu de drogues, et haï des apothicaires [82] eo nomine[64] et parce qu’il est fort homme de bien, de quo mentiri fama veretur[65][83] Je souhaite que 15 ans durant il soit notre ancien, comme l’a été M. Seguin que nous avons enterré le 30e de janvier avec grande cérémonie dans Saint-Germain-l’Auxerrois [84] où son fils est doyen, [85][86] qui était aussi la paroisse du défunt, et la mienne aussi. [66]

Ce 31e de janvier. Ce même jour, après les funérailles, nous fûmes quatre docteurs dîner ensemble chez un de nos compagnons, nommé Cousin, [67][87] qui nous y avait invités pour y voir et pour y faire compagnie à votre bon ami M. Gras, à la santé duquel nous avons tous bu, et lui et moi à la vôtre. Ce M. Cousin avait passé par Lyon l’automne passé en revenant de Suisse [88] près de notre ambassadeur et y avait reçu quelque grâce de M. Gras, qui est un honnête homme. M. Heinsius [89] est à Padoue où il fait imprimer un nouveau tome de vers qu’il a faits depuis qu’il est parti d’ici. [68] Il mande que quand cette édition sera achevée, il viendra à Milan pour un mois ou environ et qu’après cela il repassera en France. J’apprends que dans cette même lettre il mande la mort de quelques savants hommes d’Italie et entre autres de Janus Nicius Erythræus ; [69][90] qu’il a fréquenté Scioppius [91] qui est à Padoue, et qu’il le reconnaît pour fou en ce qu’il travaille à un ouvrage qu’il dresse contre Luther, [92] Calvin, [93] et le pape, le tout ensemble. On attend ici des balles de livres parties de Venise il y a plus de trois mois pour un de nos libraires nommé M. Soly, [94] dans lequel il y aura Fortuni Liceti de Quæsitis per epistolam tomi 4, in‑4o[95] et un autre opuscule du même auteur, qui regarde notre profession et qui est nouveau. [70] Ce Licetus est un fort habile homme. Il est mort un grand poète latin à Amsterdam nommé Gaspard Barlæus, [96] scriptis multis clarissimus[71] Ce pauvre homme s’est imaginé qu’il était de paille et qu’il ne devait pas s’approcher du feu de peur de brûler. Enfin, son mal augmentant, miserando mortis genere[72][97] il y a trouvé un remède : c’est qu’il s’est jeté dans un puits où il s’est tué. [98] Nous attendons ici de Hollande, au premier bon vent, les livres suivants : Salmasius [99][100] de Annis climactericis, idem de Papissa Romana adversus Blondellum[101] Epistolarum Hug. Grotii centuria prima ad Gallos[73][102] et les œuvres de Mme Anne-Marie de Schurman. [74][103] Le livret in‑12 de M. Riolan intitulé Encheiridium anatomicum et pathologicum s’avance ; [25] il y a encore dix feuilles ou environ, outre les 14 qui sont faites. Ce sera un plaisant et bon livre, et en état de recevoir bien quelque jour une bonne et riche augmentation de son auteur si vita illa prorogetur in aliquot annos[75] car le bonhomme s’en va bien vieux et rudement cassé. Les deux autres livres vont aussi assez bon train, savoir Anthropographia Riolani et le Duret sur les Coaques[104] in‑fo[12] Un médecin d’Auvergne nommé Marcellin Bompart, [105] demeurant à Clermont, [76][106] a ici envoyé un petit manuscrit intitulé Miser homo, qu’il a fait à l’exemple de ma thèse Estne totus homo a natura morbus ? [107] Il a fait autrefois imprimer ici un livre de la Peste en français et un autre des Conférences d’Hippocrate avec Démocrite[108] qui sont des traductions des épîtres d’Hippocrate. Il était ici l’an 1631 et 1632, et le voyais souvent plus malade que sain, [109] erat enim obnoxius doloribus nephriticis, a calculis qui unoquoque mense minuti, et vix hordei granum adæquantes, cum multo dolore acerrimisque tortionibus, eiiciebantur[77] Je lui disais quelquefois qu’il était plus malheureux qu’une femme, laquelle n’accouche guère que tous les ans, et lui faisait plusieurs pierres chaque mois. Outre mes visites, il avait aussi quelquefois celles de M. Nicolas Piètre, de M. Merlet [110] et de notre M. Riolan. Il a dressé une épître pour nous quatre à cet opuscule qu’il nous a dédié ; mais de malheur, je ne trouve personne qui le veuille imprimer à ses dépens, adeo frigent operæ nostræ typographicæ ; [78] toutefois, j’en trouve un qui s’offre de l’imprimer moyennant 2 pistoles, et d’en donner un cent d’exemplaires à l’auteur pour faire distribuer ici et en sa province à ses amis. Voilà ce que j’ai à lui mander. Son discours n’est pas trop bien fait et < je > ne pense pas que l’imprimeur [111] y gagne beaucoup. L’auteur a grande réputation en son pays, j’en rabats néanmoins quelque chose, par son livre de la peste. [79] Le bon seigneur est glorieux et dédaigneux, et fait le prince. Il s’en retourna d’ici après la mort de M. le maréchal d’Effiat [112] qui l’avait connu en Auvergne, et ne m’a depuis ce temps-là écrit que deux fois, savoir l’an 1639 et l’an présent, depuis qu’il eut perdu son Mécène, l’an 1632. [80] Voilà le personnage, si son livre s’imprime vous en aurez quelque chose. Austrina constitutio præsens et vigens, tam multos morbos hic invehit, ut vix mihi supersit otium ad te scribendi[81] M. Guide, [113] médecin de Chalon-sur-Saône, quem nesciebam natum[82] m’a fait une grande lettre de compliment sur mes deux thèses, outre quatre grandes pages de questions qu’il m’a proposées ; à quoi je lui ai fait réponse avec beaucoup de difficulté et non sans m’engager bien avant dans la nuit. J’espère néanmoins qu’il ne sera pas mécontent de ce que je lui ai écrit, j’y ai mis du meilleur de ma pensée et rien ne m’y a manqué que le loisir. Il est studieux et curieux, je ne sais s’il a le bonheur de votre connaissance, mais au moins j’apprends qu’il fait profession de la Réformée. Petrus Lotichius, [114] qui a par ci-devant travaillé sur le Pétrone[115] qui est un gros in‑4o, m’a fait prier par un médecin de Metz qui est fort mon ami, nommé M. Du Clos, [116] de tâcher de trouver ici un libraire qui voulût entreprendre une seconde édition de ce Pétrone, vu que toute l’Allemagne est tellement désolée que rien de pareil ne se peut espérer. [83] Je lui ai fait réponse que la guerre empêche de telles entreprises ici, aussi bien qu’à Francfort [117] où il demeure à présent ; et de plus, que la cagoterie du siècle présent empêcherait d’imprimer ici Pétrone ; que cela ne se pouvait guère bien imprimer qu’à Genève ou en Hollande, vu qu’ailleurs les moines [118] y avaient aujourd’hui trop de crédit. Mais c’est assez, il faut que je finisse, avec protestation que je serai toute ma vie, de cœur et d’affection, Monsieur, votre très humble et obéissant s[erviteur],

Patin.

De Paris, ce 7e de février 1648.

Je vous demande une faveur, ayant donné l’alarme au bonhomme Meturas que le Duret sur les Coaques s’imprime à Lyon : si vous en savez quelque chose, je vous prie de leur faire dire qu’on l’imprime aussi à Paris et que dans deux mois il peut être achevé, et que M. Meturas en a pris un privilège. [J’attends le jour] que votre Drexelius de M. Huguetan vienne. Je n’entends rien dire de votre M. Estran. Je vous envoie un paquet qui vous sera rendu franc de port, dans lequel vous trouverez : les trois livres dans un paquet pour M. Huguetan, dont je lui fais présent ; douze exemplaires de l’Épitomé pour M. […] pour Messieurs vos collègues, Garnier et Falconet, un autre pour M. Volckamer […], la Bible [119] de M. Le Jay, [120] et […] Conciles du Louvre pour un docteur en théologie de son pays ; le reste, qui est fort peu de chose […] pour vous, s’il vous plaît. Nous […] meilleur après Pâques, ou environ […]. [84]


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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