À Charles Spon, le 17 août 1655, note 10.
Note [10]

L’École des filles est un court roman anonyme ayant la forme d’un dialogue licencieux entre deux cousines : l’une, Suzanne, explique à l’autre, Fanchon, les plaisirs de l’amour pour la débaucher en faveur d’un jeune galant nommé Robinet. Aucun des 300 exemplaires publiés à Paris en 1655 n’a résisté à la destruction ordonnée par les juges. L’École des filles ou la philosophie des dames leur indiquant le secret pour se faire aimer des hommes, quand même elles ne seraient pas belles, et le plus sûr moyen d’avoir du plaisir pour le temps de leur vie, en deux dialogues par A.D.P. a été rééditée à Leyde (sans nom) en 1665. Partant d’une réimpression hollandaise augmentée de 1668, Jacques Prévot en a donné une édition à la fin du tome i des Libertins du xviie s.

L’original de 1655 avait été imprimé par Louis Piot qui, au cours de l’instruction immédiatement ouverte, dénonça ses commanditaires, présumés auteurs, au lieutenant général civil et criminel au bailliage du Palais de Paris, Claude Hourlier. Selon toute apparence, Jean L’Ange avait transcrit le texte rédigé par Michel Millot : le premier était écuyer et gentilhomme servant du roi et fut arrêté le 12 juin ; le second, contrôleur-payeur des Suisses fut prévenu du danger et parvint à s’échapper. Par leurs hautes fonctions et la protection probable de Nicolas Fouquet, tous deux échappèrent à la sévère condamnation de la Cour : Millot à « être pendu et étranglé à une potence plantée au même lieu où les exemplaires seront brûlés » avec en sus une amende de 800 livres, et L’Ange « à faire amende honorable devant le portail de l’église Notre-Dame, tête et pieds nus » et « à servir le roi dans ses galères comme forçat le temps et espace de cinq ans » avec une amende de 400 livres. Millot ne subit aucun châtiment autre que la pendaison en effigie dont parlait ici Guy Patin et L’Ange s’en tira avec un verdict adouci par les juges, assorti d’une détention de quatre mois.

Le texte de l’Arétin (v. note [26], lettre 405) dont Millot s’était inspiré est la première journée de la seconde partie de ses Ragionamenti [Dialogues], « au cours de laquelle la Nanna apprend à la Pippa, sa fille, le métier de putain » (J. Prévot).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 17 août 1655, note 10.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0411&cln=10

(Consulté le 05/12/2024)

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