Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : i, note 10.
Note [10]

Cette énumération des anciens purgatifs des Grecs introduit deux nouveaux médicaments dans notre lexique.

  • Le péplis, qu’Hippocrate appelait péplion (ce qui explique le péplium de la source imprimée) est une « espèce de tithymale [v. note [13], lettre 364] qui couvre la terre par quantité de tiges qu’elle pousse, longues d’un palme [quatre travers de doigts], ou d’un palme et demi, étendues çà et là. Ses feuilles sont opposées deux à deux, rougeâtres, épaisses, longues, arrondies au bout. Ses fleurs sont semblables à celles du tithymale, de couleur jaune. Ses semences sont oblongues, contenues dans un fruit relevé de trois coins. Sa racine est simple, un peu grosse et longue. M. Tournefort l’appelle Tithymalus maritimus folio aurito obtuso [Tithymale maritime à feuille obtuse et ourlée]. Le péplis naît sur le bord de la mer, il rend du lait qui purge fortement, de même que sa semence » (Trévoux).

  • Espèce de colchique, l’hermodacte et une « plante dont les feuilles sont de la longueur de deux palmes et ressemblent à celles du poireau ou de l’aphrodille [asphodèle], quoique plus étroites. Elle en a près de sa racine qui sont plus courtes. Du milieu de ses feuilles sort une tige déliée et verte, qui porte à sa cime une petite tête longuette en forme de poire, comme celle du Colchicum ephemerum, mais moindre. Elle a quatre racines qui sortent d’un même endroit et qui sont semblables aux doigts de la main, ayant même au bout une manière d’ongles blancs, ce qui la fait appeler par les Grecs hermodaktulos, de daktulos, doigt [et Hermês, Mercure]. Le reste de ses racines est de couleur pâle roussâtre, sans capillature [filaments], si ce n’est celle qui sort au-dessus de leur issue. C’est la seule partie de cette plante qui soit en usage dans la médecine, et qui porte absolument le nom d’hermodacte. Pour les bien choisir, il faut prendre les hermodactes qui sont blancs, gros, ronds, pleins, pesants et durs, sans carie. Ils sont bons à tirer la pituite crasse des jointures et à la faire jeter dehors par le bas-ventre, lorsqu’ils sont pris depuis une drachme jusqu’à deux dans une décoction convenable ; mais leur humidité flatueuse et excrémenteuse pouvant nuire à l’estomac, on s’en sert fort peu séparément et on les corrige en partie par le gingembre, et en partie par les myrobalans [v. note [6] du mémorandum 7] qui fortifient l’estomac et qui les font descendre au plutôt dans les intestins » (Thomas Corneille).

    La vertu antiarthritique de l’hermodacte préfigurait celle de la colchicine, extraite du colchique en 1820 et toujours en usage dans le traitement de la goutte.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : i, note 10.

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(Consulté le 26/04/2024)

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