Transcription corrompue et devenue incompréhensible d’une épitaphe qui se lit dans les :
Ancient Funeral Monuments within the united Monarchy of Great Britain, Ireland, and the islands adjacent, with the dissolved Monasteries therein contained : their Founders, and what eminent Persons have been in the same interred. As also the Death and burial of certain of the Blood Royal, the Nobility and Gentry of these Kingdoms entombed in foreign Nations. A work reviving the dead memory of the Royal progeny, the Nobility, Gentry and Communalty, of these his Majesties Dominions. Intermixed and illustrated with variety of Historical observations, annotations, anf brief notes, extracted out of approved Authors, infallible Records, Ledger Books, Charters, Rolls, old Manuscripts, and the Collections of judicious Antiquaries. Whereupon is prefixed a Discourse of Funeral Monuments. Of the Foundation and fall of Religious Houses. Of Religious Orders. Of the Ecclesiastical estate of England. And of other occurrences touched upon by the way, in the whole passage of these intended labors. Composed by the Study and Travels of John Weever. Spe labor levis.
[Anciens Monuments funéraires du Royaume-Uni de Grande-Bretagne, d’Irlande et des îles adjacentes, avec les monastères désaffectés qui s’y trouvent, leurs fondateurs et quels éminents personnages y sont enterrés. Ainsi que la mort et la sépulture de certains seigneurs du sang royal, de la grande et petite noblesse de ces royaumes, qui ont été inhumés dans les nations étrangères. Un travail qui fait revivre la défunte mémoire de la famille royale, des haute et petite noblesse, et de la communauté de ces domaines de Leurs Majestés. Entremêlé et illustré d’une variété d’observations historiques, de courtes notes et de commentaires, tirés d’auteurs éprouvés, d’archives infaillibles, de registres, de chartes, de rouleaux, de vieux manuscrits et des collections d’antiquaires avisés. On y a ajouté en préambule un discours sur les Monuments funéraires, sur la Fondation et la chute des maisons religieuses, sur les ordres religieux, sur l’Église d’Angleterre, et sur d’autres événements rencontrés ici et là dans tout le cours de ces recherches. Composé par le zèle et les voyages de John Weever. {a} L’espoir allège le labeur] {b}
- John Weever (Preston, Lancashire 1576-Londres 1632) poète et antiquaire, dont le macabre portrait, en sa 55e année d’âge, figure en tête de l’ouvrage, illustré de ce quatrain :
Lancashire gave him breath,
And Cambridge education.
His studies are of Death,
of Heaven his meditation.
[Le Lancashire lui a donné la vie, et Cambridge l’éducation. Il a étudié la mort, et médité sur le Ciel].
- Londres, Thomas Harper, 1631, in‑fo illustré de 871 pages, dédié au roi Charles ier, avec splendide et pieux frontispice.
Ladite épitaphe est aux pages 529‑530, pour la tombe de William Jacob, mort en 1478 et inhumé en la chapelle de Hownslow (Hounslow, dans la banlieue ouest de Londres), dont il avait été un des bienfaiteurs. La voici débarrassée des coquilles dont L’Esprit de Guy Patin l’a défigurée :
Vermibus hic donor et sic ostendere conor
Qualiter hic ponor, ponitur omnis honor.
Quisquis ades, tu morte cades, sta, respice, plora
Sum quod eris, quod es ipse fui, pro me precor ora.
[Me voici livré aux vers et j’entends ainsi montrer dans quel état je repose ici, maintenant que toute gloire est retombée. Toi qui viens me voir, tu succomberas, arrête-toi, désole-toi ! Je suis ce que tu seras, j’ai moi-même été ce que tu es, prie pour moi, je t’en supplie].
Si Guy Patin a pu avoir accès au livre de Weever, il ne lisait pas l’anglais et n’a jamais mentionné cet auteur dans ses écrits. Toutefois, ses lettres contiennent plusieurs allusions à deux recueils d’épitaphes :
- celui où Noël Falconet (v. note [2], lettre 388), le fils d’André, colligeait avec ardeur les vers qui ont circulé en très grand nombre après la mort du cardinal Mazarin (9 mars 1661), dans le vain espoir de le faire imprimer un jour (v. entre autres, la note [12], lettre de Patin à son père, datée du 10 mai 1661) ; en 1660-1662, Noël a étudié la médecine a Paris, sous la férule de Patin, avant d’être reçu docteur de l’Université de médecine de Montpellier en 1663 ;
- celui que le R.P. Philippe Labbe a publié plus tard (Paris, 1666, v. note [3], lettre 845), où se lit seulement (page 370) cette version des deux premiers vers, qui insiste sur leurs rimes léonines (v. notule {d}, note [4], lettre 58),
Vermibus hic donor, et sic descendere conor.
Qualiter hic ponor, ponitur omnis honor.
Tout cela me laisse perplexe sur l’origine de cet article, sans me convaincre qu’on puisse sûrement l’attribuer à Patin plutôt qu’à un nouveau larcin inavoué des interprètes de son Esprit. |