La Gazette, ordinaire no 112 du 14 septembre 1658 (pages 885‑886) :
« De Rome, le 10 août 1658. Hier, la reine de Suède alla rendre visite au cardinal Antoine, pour se conjouir de l’heureuse convalescence de Sa Majesté très-chrétienne, {a} dont la nouvelle ne fut pas plus tôt ici arrivée par un courrier exprès que l’on vit la joie succéder à la tristesse des principaux de cette ville, qui appréhendaient de mauvaises suites d’une maladie si périlleuse. Cette princesse s’était trouvée, deux jours auparavant, à la solennité du bienheureux Gaëtan, fondateur des clercs réguliers appelés théatins, {b} qui se fit dans leur église de Saint-André avec quatre chœurs de musique des plus célèbres de cette ville et toutes les autres magnificences que vous verrez dans le récit particulier que je vous en envoie. Au reste, on n’est pas ici peu satisfait de voir que le pape, {c} voulant conserver cette belle modération qu’il montra au commencement de son pontificat envers les siens, ne suivra pas l’exemple de quelques-uns de ses prédécesseurs qui ont fait des largesses immenses à leurs parents ; Sa Sainteté s’étant jusqu’à présent contentée de donner à Dom Agostino, son neveu, un million d’or, tant en petits présents avant son mariage avec Dona Virginia Borghèse qu’en la somme de 308 000 écus, en deniers comptants, et la principauté de Farnèse qu’elle lui a achetée après en avoir pris l’avis des cardinaux ; qui tous louèrent la retenue de Sa Sainteté, à la réserve de quelques-uns qui, seulement pour tenir le parti de la vertu rigide de ce pontife, dirent qu’il eût été bon de ne pas faire des largesses si grandes ; ce qui lui parut si juste que peu s’en fallut que Sa Sainteté ne se laissât emporter à leur sentiment, contre l’intérêt de sa Maison, si la considération des importants services que son neveu peut rendre à l’Église ne l’eût fait relâcher de la sévérité qui lui avait fait mériter de si grandes et si universelles louanges, et de laquelle seule on pouvait attendre du soulagement pour les peuples de l’État ecclésiastique ; sur lesquels néanmoins on parle de lever de nouvelles impositions et de diminuer le revenu des monts, {d} d’où la plupart des personnes incommodées tirent toute leur subsistance. »
- Louis xiv.
- V. note [19], lettre 282.
- Alexandre vii.
- Monts-de-piété.
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