À Claude II Belin, le 4 janvier 1633, note 14.
Note [14]

Adrien Le Tartier (vers 1550-vers 1597), docteur en médecine de l’Université de Montpellier vers 1570, avait exercé la médecine à Troyes et à Chaumont-en-Bassigny, où il résidait en 1586 (François Roudaut, Note sur Adrien Le Tartier, médecin champenois [Travaux de littérature, 1991, no 4, pages 66‑90]). Les Promenades printanières de A.L.T.M.C. [Adrien Le Tartier médecin champenois] (Paris, Guillaume Chaudière, 1586, petit in‑8o de 199 pages) contenant 70 « discours printaniers du printemps de mon âge » sur des sujets de médecine, forment un ouvrage fort original : « Que si le sujet m’a quelquefois pressé de parler bien librement et gaiement des choses naturelles, ne soit (ô lecteur) mal pris, puisque je n’ai jamais eu volonté d’offenser les oreilles chrétiennes : mais intention de découvrir, comme nourrisson de philosophie et médecin, le plus couvert en nous, par façon la moins déshonnête ; et Dieu le sait » (Épître au lecteur, 6e et 7e pages). Voici les titres pittoresques de quelques Promenades :

  • Que la médecine est science parfaite, encore que beaucoup de personnes ne la reconnaissent telle, et que la partie d’icelle, appelée chirurgie, est plus recommandable pour l’apparence de ses effets consécutifs à l’opération manuelle ; mais la médecine, pour ses discours philosophiques et cures, par tous autres désespérés, a la préséance ;

  • Que le vin est proprement et promptement converti en sang ;

  • D’où vient qu’on hérisse et frissonne en pissant ;

  • Que la puantise et horrible fœteur qui part de la bouche et des aisselles d’une nourrice peuvent faire mourir les nourrissons ;

  • Que ceux se trompent qui pensent les drogues être meilleures pour être plus rares, précieuses et apportées de fort lointain pays ;

  • D’où vient qu’il s’entend plus grand sifflet au pisser des femmes que des hommes ; et pource [pourquoi] le vulgaire voulant faire paraître qu’une fille est ja [déjà] grandelette et mariable, dit, elle s’écoute pisser ;

  • Avis aux jeunes chirurgiens de proprement émonder et curieusement nettoyer leurs instruments chirurgicaux ;

  • Avis sur une demande faite par un chirurgien, savoir quelle veine on doit ouvrir à un homme pleuritique, manque des deux bras.

Presque toutes les Promenades ont un dédicataire (souvent un notable champenois) : la 29e (Raison de ce propos vulgaire, Battre de mauvais vent) est dédiée à Me Ambroise Paré, archi-chirurgien de Paris ; la 23e (D’une tierce espèce de faim [boulimie], peu connue des anciens, et moins reconnue des modernes) l’est à M. [Jean] Dacier, docteur-médecin de Bar-sur-Aube (v. note [6], lettre 2) ; la 7e l’est à « M. notre Maître Martin, docteur médecin de Paris » ; aucune n’est à Belin. Les allusions de Guy Patin au sujet de ce livre (qu’il n’avait pas lu) demeurent obscures : on n’y a rien trouvé de ce qu’en disait Belin sur les causes cachées des choses et sur la mort de Rondelet.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 4 janvier 1633, note 14.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0014&cln=14

(Consulté le 10/10/2024)

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