Note [15] | |
Gabriel Naudé, le principal introducteur du libertinage érudit en France, se montre ici plus sceptique qu’athée, et plus jongleur que penseur : la foison des écrits mettant en doute l’immortalité de l’âme et l’existence d’un Dieu à vénérer rituellement, le laisse sur sa faim, car ces livres ne démontrent rien, ils se contentent de questionner sans élaborer de réponses structurées en méthode de pensée. Descartes (mort en 1650) s’était engagé dans cette voie, mais Naudé (mort en 1653) le dénigrait : « un homme de mauvaise mine, qui n’avait rien d’agréable […] il avait bien des visions dans sa tête qui sont mortes aussi bien que lui », lira-t-on plus loin (page 113 du Naudæana). Cela venait surtout du malaise que le cartésianisme inspirait aux libertins. Obsédés par la passion d’eux-mêmes, ils n’allaient pourtant pas résister à ses arguments, et il ouvrit bientôt la voie au système bien moins timide de Bento Spinoza (mort en 1677), qui poussa l’audace jusqu’à proposer de substituer ouvertement la raison aux religions révélées, en horrifiant la plupart de ses contemporains. V. note [33] du Naudæana 4 pour l’impuissance philosophique du libertinage. |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Autres écrits : Ana de Guy Patin : Naudæana 2, note 15. Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8193&cln=15 (Consulté le 06/12/2024) |