À André Falconet, le 10 décembre 1661, note 2.
Note [2]

Charles de Batz de Castelmore, comte D’Artagnan (vers 1615-1673), dont Alexandre Dumas a fait son plus fameux mousquetaire, était issu d’une famille de marchands anoblis de fraîche date. Né dans le petit château de Castelmore près de Lupiac en Gascogne (Gers), il avait au moins six frères et sœurs, dont il n’était pas l’aîné. Il entra vers 1635 dans la Compagnie des gardes de Richelieu ; on l’y appela D’Artagnan (nom d’une seigneurie de Bigorre, aujourd’hui une commune des Hautes-Pyrénées), comme un de ses oncles maternels, Henri de Montesquiou, qui l’avait précédé sous les mêmes armes.

Lors de la guerre franco-espagnole, il avait participé aux campagnes de 1640-1642 sur la frontière du Nord et en Roussillon, accompagné le comte d’Harcourt en Angleterre et à son retour en France, s’était mis au service de Mazarin qui le fit entrer aux Mousquetaires en 1644 ; pour peu de temps, car cette Compagnie fut dissoute en 1646 (v. note [16], lettre 658). D’Artagnan avait été pendant la Fronde un des agents de liaison du cardinal, était entré à la Compagnie de ses gardes, et y avait pris du galon et avait servi à l’armée sous les ordres de Turenne. Il était retourné aux Mousquetaires quand ce corps fut rétabli, en 1657, et en devint, avec le simple grade de sous-lieutenant, le véritable chef.

Aux ordres directs du roi, à qui il était entièrement dévoué, ce fut lui qui eut la charge d’arrêter Fouquet, puis Lauzun, en 1671 (v. note [15], lettre 1011), et de les conduire à Pignerol. Honneurs et responsabilités s’accumulèrent sur sa tête. Commandant la première Compagnie lors de la campagne des Pays-Bas et le 25 juin 1673, il trouva au siège de Maastricht une mort discrète : au retour de l’assaut, on remarqua son absence, on le chercha et on découvrit son cadavre, la gorge percée d’un coup de mousquet (S. Bertière, Les Trois Mousquetaires).

Pour créer son héros, Dumas (aidé par Gabriel Maquet) s’est inspiré des Mémoires de M. d’Artagnan, capitaine-lieutenant de la première compagnie des Mousquetaires du roi, contenant quantité de choses particulières et secrètes qui se sont passées sous le règne de Louis le Grand (Cologne, Pierre Marteau, 1700, in‑12, tome premier, 440 pages, et tome second, 497 pages), rédigés et romancés par Gatien de Courtilz de Sandras (v. notule {a}, note [19] du Faux Patiniana II‑6).

On avait fait partir Fouquet d’Angers le 1er décembre pour le mener à Amboise ; à Angers, Saumur et Tours, la foule s’amassa pour l’insulter au passage. À Amboise, D’Artagnan remit le surintendant aux mains de M. de Talhouët en exécution des ordres reçus (v. note [14], lettre 716) et continua sa route jusqu’à Paris, conduisant Pellisson-Fontanier à la Bastille. Fouquet fut transféré d’Amboise au château de Vincennes à la fin de décembre (Petitfils c, pages 381‑382).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 10 décembre 1661, note 2.

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(Consulté le 12/11/2024)

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