À Johann Georg Volckamer, le 7 juillet 1656, note 2.
Note [2]

Guerneri Rolfincii, phil. et med. doct. et prof. publici, Dissertationes anatomicæ methodo synthetica exaratæ, sex libris comprehensæ, theoricis et practicis veterum et recentiorum, propriisque observationibus illustratæ, et ad circulationem accommodatæ.

[Dissertations anatomiques de Guernerus Rolfincius, {a} docteur en philosophie et médecine, professeur public, élaborées suivant une méthode synthétique ; distribuées en six livres, illustrées par les observations théoriques et pratiques des anciens et des modernes, et par celles personnelles de l’auteur, et adaptées à la découverte de la circulation]. {b}


  1. Werner Rolfinck a correspondu avec Guy Patin.

  2. Nuremberg, Michael Endter, 1656, in‑4o, 1303 pages.

Les six livres de cet ouvrage ne couvrent qu’une partie de l’anatomie humaine :

  • livre i, De nobilitate, dignitate, addiscendi anatomicam artem modo [Noblesse, dignité et manière d’enrichir l’art anatomique], 15 chapitres ;

  • livre ii, De ossibus [Les os], 56 chapitres ;

  • livre iii, De musculis [Les muscles], 56 chapitres ;

  • livre iv, De nervis [Les nerfs], 54 chapitres ;

  • livre v, De venis [Les veines], 43 chapitres ;

  • livre vi, De arteriis [Les artères], 63 chapitres ;

  • un chapitre de conclusion, Epilogus generalis [Épilogue général] sous-titré Jacta Est Alea [Le Sort en est jeté (v. note [1], lettre 281)].

Les Dissertationes n’ont pas eu la suite annoncée par Guy Patin et par Rolfinck lui-même vers la fin du Lectori benevolo salutem [Compliment au bienveillant lecteur] (daté d’Iéna en décembre 1655) :

Tu etiam, Lector benevole προσεχε διανοιαν, animum ad vetera et nova sex his anatomicis, syntheticâ methodo exaratis, libris contenta animum adverte, lege, pondra. Si grata esse perspexerimus, brevi jam ad umbilicum deducti tres analytica methodo exarati libri lucem videbunt publicam.

[Toi aussi, lecteur bienveillant, porte ton attention sur les anciennes et les nouvelles connaissances contenues dans ces six livres anatomiques que la méthode synthétique a fait sortir de terre, lis-les et pèse-les bien. Si nous reconnaissons clairement qu’ils ont plu, paraîtront bientôt trois autres livres, sillonnant la méthode analytique, que j’ai déjà achevé d’écrire].

Plus haut dans sa préface, on comprend que l’intérêt de Riolan pour cet ouvrage venait sans doute de ce que Rolfinck cherchait à y concilier les grandes querelles anatomiques de l’époque :

Verum enim vero cum, aliorum exemplo, propriisque laboribus didicerimus, naturæ fundum hodienùm esse inexhaustum, atque in profundo puteo latentem veritatem indefesso studio nocte dieque quærentibus se tandem inspiciendam præbere : cum insuper cognosceremus, magni Harvei veluti novi sideris diligentiam orbi erudito indies magis magisque clarescere ; industriam incomparabilis Riolani cum ætate vires acquirere : quin etiam, cum satis superque perspiceremus Conringium, Vallæum, Pecquetum, Bartholinum, Rudbeckium, et inter primos numerandum Hornium in circulatione illustranda, lacteis lumbariis, thoracicis, vasisque lymphaticis pervestigandis utilitatem attulisse Medicinæ non mediocrem, sibique apud eruditos gloriæ aperuisse portam amplam satis […]. Gratias sane, si qua modo futura est, posteritas Duumviris illis Harveo et Riolano debet immortales : Illi, quod novi instar Columbi, in microcosmo universalem circulationem invenerit : Huic, quod, ceu alter Vespucius, nova multa inventæ navigationi adjecerit, novam circulandi viam, detexerit, tam speciosam doctrinam ex Antiquitatis fontibus erutam, suis gravissimis monumentis, nobilitarit, et, ceu particularem, certis limitibus circumscripserit.

[Le fait est pourtant bien que, grâce à l’exemple d’autres auteurs et à nos propres travaux, nous avons appris que le fonds de la nature n’est pas encore épuisé aujourd’hui, mais que la vérité, cachée dans un puits profond, s’offre à la découverte de ceux qui la recherchent jour et nuit avec une application inlassable. Nous avons en outre reconnu que de jour en jour la diligence du grand Harvey, comme celle d’une nouvelle étoile, brille de plus en plus intensément sur le monde savant et que l’application de l’incomparable Riolan se renforce avec l’âge. Bien plus encore, nous avons très attentivement examiné Conring, Wale, Pecquet, Bartholin, Rudbeck, et aussi van Horne, qu’il faut compter parmi les premiers à avoir prouvé l’utilité, non négligeable pour la médecine, de mettre la circulation en lumière et d’explorer avec soin les vaisseaux lactés et lymphatiques de l’abdomen et du thorax, et à s’être assez largement ouvert la porte de la gloire parmi les savants (…). Quoi qu’il en advienne, la postérité doit d’immenses et immortels remerciements à ce duumvir que forment Harvey et Riolan : au premier, parce qu’à l’instar d’un nouveau Christophe Colomb, il a découvert la circulation universelle dans le microcosme ; au second, parce que, tel un second Amerigo Vespucci, il a ajouté de nombreuses innovations à la manière de naviguer, il a mis au jour une voie nouvelle pour circuler ; par ses très puissants ouvrages, il a fait connaître sa fort brillante doctrine tirée des sources de l’Antiquité et, en particulier, il en a établi les contours solides]. {a}


  1. Le Génois Christophe Colomb (v. note [41] de Guy Patin éditeur des Opera omnia d’André Du Laurens en 1628) fut le premier Européen moderne à avoir mis le pied sur le Nouveau Monde en 1492. En 1504, le navigateur florentin Amerigo Vespucci (1454-1512) fut le premier à comprendre qu’il s’agissait d’un continent entier. En 1507, le cartographe Martin Waldseemüller et le géographe Mathias Ringmann l’ont baptisé Amérique en hommage au prénom de Vespucci.

    La pilule était tout de même amère pour Riolan, mais Rolfinck savait l’enrober avec remarquable adresse.

    V. note [4], lettre latine 268, pour la reprise de ce passage héroïque par Bernhard Verzascha dans son abrégé de la Médecine pratique de Lazare Rivière (Bâle, 1662).

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, le 7 juillet 1656, note 2.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1085&cln=2

(Consulté le 20/04/2024)

Licence Creative Commons