Autres écrits : Consultations et mémorandums (ms BIU Santé  2007) : 13, note 2.
Note [2]

Une fièvre était dite éphémère (ou journalière) si elle ne durait qu’un jour. Jean Fernel a consacré le chapitre iii (pages 224‑227), livre quatrième de sa Pathologie (Paris, 1655, v. note [1], lettre 36) à ce genre d’accès :

« Au commencement de l’accès, on ne sent que peu ou point de frisson ; et si on en sent, c’est seulement lorsque le corps, étant rempli de mauvaises humeurs, envoie beaucoup d’exhalaisons, chaudes et âcres, qui frappent les parties nerveuses, étant rabattues, {a} ou à cause que le froid resserre la peau, ou bien d’autant que {b} les pores sont bouchés. Il ne s’ensuit aucun symptôme fâcheux, ni douleur véhémente, ni grande agitation du corps. […]

Les causes précédentes et évidentes de la fièvre journalière sont toutes celles qui introduisent une intempérie excessivement chaude : l’ardeur du soleil et de tout ce qui nous environne ; la lassitude et le travail véhément ; les veilles, les jeûnes, la trop forte application et contention de l’esprit, par la colère, par les soins, par la tristesse ou par la crainte. Or, les plus fâcheuses de toutes sont : la crudité, {c} soit qu’elle vienne de gourmandise et pour avoir trop mangé, soit pour avoir bu du vin trop fort, ou pour avoir mangé des fruits ou des viandes gâtées ; toute rétention des évacuations naturelles, comme du ventre et des urines ; la suppression de la sueur ou des vapeurs par l’épaisseur et constipation {d} de la peau, à cause du froid ou des bains astringents ; les tumeurs et bubons des émonctoires, et surtout des aines, causés du travail ; {e} et les cruelles douleurs qui enflamment le corps et agitent les humeurs. […]

Quand la fièvre journalière dure plus d’un jour, sans diminution, sans sueur, ou si, après la sueur, elle demeure en même état, il y a danger qu’elle ne se change ou en synoque, ou en putride, ce que l’on pourra discerner par les signes de la fièvre dont on se doute, et qui semble plus imminente. » {f}


  1. En s’y retranchant.

  2. Parce que.

  3. L’indigestion : « Ces aliments laissent des crudités et < une > indigestion dans l’estomac » (Furetière).

  4. Constriction des pores cutanés, qui assurent la transpiration.

  5. On appelait émonctoire toute « glande qui sert à décharger les humeurs superflues du corps » (Thomas Corneille) ; il s’agissait ici des lymphonœuds ou relais lymphatiques de l’aine, dont la fonction exacte (drainer la lymphe émanant des membres inférieurs et du périnée) n’était pas encore connue au temps de Fernel.

  6. V. infra note [6] pour la fièvre synoque.

V. note [8], lettre 98, pour la fièvre hectique, la plus grave de toutes.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Consultations et mémorandums (ms BIU Santé  2007) : 13, note 2.

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(Consulté le 27/04/2024)

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