L’opinion bordelaise était fort morcelée (La Rochefoucauld, Mémoires, pages 252‑253) :
« Le peuple y était divisé en deux cabales : les riches bourgeois en composaient une, dont les sentiments étaient de maintenir l’autorité de leur magistrat et de se rendre ainsi si puissants et si nécessaires que M. le Prince les considérât comme ceux qui pouvaient le plus contribuer à sa conservation ; l’autre cabale était formée par les moins riches et les plus séditieux qui, s’étant assemblés plusieurs fois en un lieu proche du château de Hâ, nommé l’Ormée, {a} en retinrent depuis le nom. Le parlement, de son côté, n’était pas moins partagé que le peuple. Ceux de ce corps qui étaient contre la cour s’étaient aussi divisés en deux factions : l’une s’appelait la grande Fronde, et l’autre la petite Fronde ; et bien que toutes deux s’accordassent à favoriser les intérêts de M. le Prince, chacune cherchait avec ardeur de s’établir près de lui à l’exclusion de l’autre. Au commencement, l’Ormée avait été unie avec l’une et l’autre Fronde, et s’en était plusieurs fois séparée selon les divers intérêts qui ont accoutumé de faire agir les gens de cette sorte, lorsque M. le prince de Conti et Mme de Longueville, s’étant malheureusement divisés, augmentèrent à un tel point le crédit et l’insolence de cette faction pour se l’attacher qu’ils avancèrent la perte de leur parti en désespérant le parlement et la meilleure partie du peuple, et en donnant lieu à plusieurs conjurations et à toutes les autres intelligences de la cour qui ont enfin soustrait Bordeaux au parti de M. le Prince. »
- V. note [1], lettre 244.
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