À Charles Spon, le 31 décembre 1652, note 26.
Note [26]

C. Moreau, Bibliographie des mazarinades (tome 1, Paris, Jules Renouard et Cie, 1850, pages 10‑11) :

« L’opinion générale est que c’est Mézeray {a} qui se cachait sous le pseudonyme de Sandricourt. Larroque, son historien, qui l’avait reçue probablement des contemporains, n’a pas hésité à la transmettre entière. Il a même cherché à la justifier en disant que Sandricourt est l’anagramme de François Eudes. Mézeray, ajoute-t-il, se souvenait d’avoir gagné à ce métier des sommes considérables sous le ministère du cardinal de Richelieu. Cependant, les savants continuateurs du Père Lelong ont proposé une conjecture nouvelle. À leur avis, le pseudonyme a un autre style que Mézeray et sa vaste érudition ne paraît pas convenir à l’historien de la France. Il y a d’ailleurs trop de différences entre François Eudes et Sandricourt : “ Si l’on veut s’en tenir, disent-ils, à la preuve de l’anagramme, on croira plutôt auteur de ces écrits un François Duret. ” On n’a pas tenu compte de leur conjecture et on a eu tort. D’abord, il est bien certain que François Duret se rapproche beaucoup plus de Sandricourt que François Eudes. Entre le premier nom et le second, il n’y a que deux lettres de différence ; entre le second et le troisième, il y en a six. Puis le pseudonyme semble dire qu’il était médecin et l’Accouchée espagnole, les Songes d’Hydromanthe, par exemple, prouvent qu’il avait au moins fait des études médicales. Il avait certainement voyagé sur mer. Il avait vu Rome et l’Italie. L’Ombre de Mancini montre qu’il possédait les langues latine et grecque. On peut croire même qu’il avait quelque connaissance de l’italien et de l’espagnol. À tous ces traits, on ne saurait reconnaître Mézeray. Si François Duret était fils de Jean Duret, premier médecin de Marie de Médicis, petit-fils de Louis Duret, médecin ordinaire de Charles ix et de Henri iii, {b} la conjecture des continuateurs du P. Lelong serait amplement justifiée. Sa profession, son érudition, ses voyages, ses opinions même s’expliqueraient sans la moindre difficulté. Jean Duret, on le sait, fut en son temps un forcené ligueur ; mais il ne paraît pas qu’il ait jamais appartenu à la faction espagnole. Nous verrons tout à l’heure que François Duret, frondeur ardent, ne voulut jamais avoir de connivence avec l’Espagne. Une dernière observation : le pseudonyme dit, à la fin de la troisième partie de son Censeur du monde et du temps, qu’il avait 56 ans quand ce pamphlet parut, c’est-à-dire en 1652. Il était donc né en 1596 ou 1597. Or Jean Duret était à cette date âgé de 33 ans, il est mort en 1629. François Duret venait au moins d’accomplir sa 32e année. On voit que la supputation des temps ne s’oppose point à la conjecture des continuateurs du P. Lelong. Mézeray, lui, est né en 1610 ; il avait donc, en 1652, 42 ans et non 56. »


  1. François Eudes de Mézeray, v. note [11], lettre 776.

  2. V. notes [10], lettre 11, pour Louis Duret, et [3], lettre 149, pour son fils Jean, tous deux éminents docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris.

Fils et petit-fils de docteurs en médecine de Paris, François Duret n’aurait pu qu’être docteur de cette Faculté ; Baron ne l’a pourtant pas répertorié. Il pouvait ne pas être allé jusqu’au terme de ses études, mais les renseignements que fournissait ici Guy Patin orientent vers une autre piste.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 31 décembre 1652, note 26.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0300&cln=26

(Consulté le 17/04/2024)

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