À Johann Georg Volckamer, le 10 janvier 1659, note 3.
Note [3]

Platon a parlé du mouvement du sang dans son dialogue intitulé Timée, ou de la Nature, mais en termes fort éloignés de la réalité plausible. Il confondait les veines et les artères, réservant ces dernières à leur sens étymologique de tuyaux conduisant de l’air, telles que sont les voies respiratoires (la trachée et les bronches) ; avec ce passage (traduit par Victor Cousin) :

« Le cœur, le principe des veines et la source d’où le sang se répand avec impétuosité dans tous les membres, fut placé comme une sentinelle ; car il faut que, quand la partie courageuse de l’âme s’émeut, averti par la raison qu’il se passe quelque chose de contraire à l’ordre, soit à l’extérieur, soit au dedans de la part des passions, le cœur transmette sur-le-champ par tous les canaux, à toutes les parties du corps, les avis et les menaces de la raison ; de telle sorte que toutes ces parties s’y soumettent et suivent exactement l’impulsion reçue, et que ce qu’il y a de meilleur en nous puisse ainsi gouverner tout le reste. Mais les dieux prévoyaient que, dans la crainte du danger et dans la chaleur de la colère, le cœur battrait avec force, et ils savaient que cette excitation de la partie belliqueuse de l’âme aurait pour cause le feu ; pour y remédier, ils firent le poumon, qui d’abord est mou et dépourvu de sang, et qui en outre est percé, comme une éponge, d’une grande quantité de pores, afin que, recevant l’air et les breuvages, il rafraîchisse le cœur, et par là adoucisse et soulage les ardeurs qui nous brûlent. C’est pour cela qu’ils conduisirent la trachée-artère jusqu’au poumon et qu’ils placèrent le poumon autour du cœur, comme un de ces corps mous qu’on oppose dans les sièges aux coups du bélier ; ils voulurent que quand la colère fait battre le cœur avec force, rencontrant quelque chose qui lui cède et dont le contact rafraîchit, il puisse avec moins de peine obéir à la raison en même temps qu’il obéit à la colère. »

V. entre autres les notes [17] et [18] de Thomas Diafoirus et sa thèse, pour la reprise par Jean ii Riolan des opinions d’Hippocrate (suivi par Galien) sur le va-et-vient du sang dans les vaisseaux.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, le 10 janvier 1659, note 3.

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(Consulté le 26/04/2024)

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