À Sebastian Scheffer, le 7 mars 1659, note 3.
Note [3]

Ces deux médecins hollandais ont vanté les vertus médicinales du thé (v. note [21], lettre 151) et contribué à son introduction en Europe.

  • V. note [16], lettre 153, pour Jacobus Bontius (Jacob de Bondt) et ses De Medicina Indorum libri quatuor [Quatre livres sur la médecine des Indes] (Leyde, 1642). Le thé y est décrit à la page 97 du Dialogus vi, De fructibus, ac omnigeni oleribus, ac acetariis herbis in Iava : {a}

    Dur. memineras de Chinensium Thee vocato Potu, qui tu de eo sentis ? Bont. herbula unde hoc The conficitur bellidis seu consolidæ minoris folia refert, cum parvis in ambitu incisuris, hujus foliorum exsiccatorum manipulum in ferventem lebetem ad hoc paratum conjiciunt ac ad sufficiens tempus ebullire sinunt, ac hunc liquorem qui sapore subamarus est, calidum sorbent. Hunc porro potum tanquam sacrum Chinæ observant, et hoc venientes, hoc abeuntes hospites excipiunt, et non creduntur jus hospitalitatis implevisse nisi tibi hunc potum propinaverint, non secus ac Mahometani suum Caveah existimant. Exsiccantis est qualitatis, ac somnum prohibet, dum vapores e ventriculo in cerebrum ascendentes absumit, præterea astruaticis, {b} ac suspiriosis prodest.

    [Dur. Tu parlais de la boisson des Chinois qui porte le nom de thé, qu’en penses-tu ? Bont. La petite plante d’où ce thé est préparé rappelle les feuilles de la pâquerette ou grande consoude, {c} avec un pourtour entaillé de petites incisions. Ils jettent une poignée de ces feuilles desséchées dans une bassine d’eau bouillante préparée à cet effet, et les laissent bouillir le temps requis, puis ils boivent ce liquide chaud, dont le goût est un peu amer. Ils le tiennent en haute estime comme étant le breuvage sacré de la Chine, et en offrent à leurs hôtes quand ils arrivent et quand ils s’en vont, estimant ne pas avoir rempli leur devoir d’hospitalité s’ils n’en ont pas proposé, peu différents en cela des Mahométans avec leur café. Il a une qualité desséchante et empêche le sommeil, dans la mesure où il consume les vapeurs qui montent de l’estomac vers le cerveau ; en outre, il est utile aux asthmatiques et autres dyspnéiques].


    1. « Dialogue vi » (entre Bontius et son ami Andreas Duræus), « Des fruits et légumes en tous genres, et des herbes d’assaisonnement à Java ».

    2. Sic pour asthmaticis.

    3. V. notule {h}, note [69] du Traité de la Conservation de santé, chapitre ii.

  • Nicolaas Pieterzoon Dirx (Amsterdam 1593-ibid. 1674), dit Tulp ou Tulpius, selon la tulipe qui servait d’enseigne à sa maison natale, est un médecin et anatomiste hollandais. La célèbre Leçon d’anatomie du docteur Tulp (Rembrandt, 1632) le dépeint, entouré de ses élèves.

    Le dernier chapitre (liber iv, caput lix, pages 380‑382) de ses Observationes medicæ. Editio nova, libro quarto auctior, et sparsim multis in locis emendatior [Observations médicales. Nouvelle édition augmentée d’un quatrième livre et corrigée en de multiples passages] (Amsterdam, Ludovicus Elsevier, 1652, in‑8o ; cinquième édition, Leyde, 1716) est intitulé Herba Thée. On y lit notamment cet éloge médical appuyé du thé :

    Quippe creditur hic passim, nihil hac herba salubrius, cul ad vitam, in extremam senectutem, prorogandam ; tum ad impedienda quæcunque sanitatis incommoda. Neque ipsam solum corpora reddere vegeta, atque arcere calculi dolores, quibus hic neminem dicunt obnoxium, verum etiam tollere dolorem capitis, gravedinem, lippitudinem, destillationem, spiritus difficultatem, ventriculi imbecillitatem, intestinorum tormina, lassitudinem, ac somnum, quem tam evidenter compescit ; ut sorbitionem hujus decocti assumentes, videas interdum integras noctes lucubrando consumere, ac sine ulla molestia evincere, inexpugnabilem cæteroquin dormiendi necessitatem. Calefacit enim modice, et adstringendo ventriculi osculum, refrænat, coercetque usque eo vaporum ad somnum conciliandum nexessariorum adscensum : ut nihil impedimenti offeratur illis, qui scribendo aut meditando stagunt noctes transigere.

    [On croit partout ici qu’il n’y a rien de plus salutaire que cette plante, tant pour prolonger la vie dans l’extrême vieillesse, que pour empêcher toutes les incommodités de santé. Non seulement elle rend leur verdeur aux corps et écarte les douleurs du calcul, dont personne ici ne peut dire être à l’abri, mais elle supprime la douleur et la lourdeur de tête, l’ophtalmie, la distraction de l’esprit, la faiblesse de l’estomac, les maux d’intestin, la fatigue et la somnolence ; elle la réprime si nettement que vous voyez ceux qui boivent de sa décoction passer parfois la totalité de leur nuit à travailler, et y parvenir sans éprouver aucune gêne, alors qu’autrement ils seraient pris d’une invincible envie de dormir. Elle réchauffe en effet modérément et, en resserrant l’orifice de l’estomac, elle y arrête et enferme si bien la montée des vapeurs qui sont nécessaires pour procurer le sommeil, que ceux qui ont du mal à passer leurs nuits à écrire ou à méditer n’y rencontrent plus la moindre difficulté].

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Sebastian Scheffer, le 7 mars 1659, note 3.

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(Consulté le 26/04/2024)

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