Toute thèse était alors composée de cinq articles (propositions ou corollaires), dont le dernier amenait la conclusion, affirmative ou négative.
Guy Patin s’étonnait ici à juste titre que le sujet de la thèse ne fût abordé qu’à la fin. Furetière a défini le thé comme un :
« petit arbrisseau domestique de la hauteur des groseilliers ou grenadiers et myrtes, fort estimé chez les Chinois et les Japonais. […] On fait un breuvage de sa première feuille qui naît au printemps, qu’on cueille feuille à feuille avec les mêmes soins qu’on fait les vendanges en Europe. On la fait chauffer et sécher et après l’avoir gardée en des vaisseaux {a} d’étain bien bouchés, si on la jette dans de l’eau bouillante, elle reprend sa première verdure et donne une teinture verdâtre à l’eau avec une odeur et un goût agréable. […] Sa bonne marque est d’être verte, amère et sèche, en sorte qu’elle se brise avec les doigts. Elle guérit la goutte et la gravelle, {b} et on croit qu’elle est la cause de ce qu’on n’entend point parler de ces maux à la Chine et dans l’Inde, et de ce que les peuples y parviennent à une extrême vieillesse. Elle guérit les indigestions de l’estomac. Elle désenivre, et donne de nouvelles forces pour boire et dissiper les vapeurs qui causent le sommeil. Elle fortifie la raison que le vin affaiblit, et guérit soudain la migraine et les douleurs de ventre. Mais Simon i Paulli, médecin du roi de Danemark, qui a fait un traité exprès de cette plante, {c} dit que ces vertus qu’on lui attribue n’ont point de lieu pour ceux qui habitent en Europe, et que ceux qui ont passé 40 ans n’en doivent pas user parce qu’elle avance leur mort, étant trop dessiccative. […] Les Chinois en prennent en toutes rencontres, et surtout à dîner ; ils en offrent aux amis qu’ils veulent régaler. Les plus modérés en prennent trois fois par jour ; les autres dix fois, et à toute heure. […] À Londres il y a bien trois mille lieux publics où on va boire du thé. » {d}
- Récipients.
- V. note [2], lettre 473.
- V. note [1], lettre 836.
- V. note [3], lettre latine 118, pour les avis de Bontius et Tulpius sur les vertus médicales du thé.
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