Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 10 manuscrit, note 33.
Note [33]

Dans le chapitre xxv du livre iii (et non i) de ses Adversaria [Cahiers (philologiques)], Adrien Turnèbe, {a} critique le latin de Tacite à l’aide d’un savant exemple (tome i, colonne 61, lignes 38‑47) :

Dixit et Græcorum more uti oraculo, pro oraculum consulere. Illi enim dicunt, χρησθαι, ac mihi videtur exoticum illum Græcorum sermonem imitari voluisse, novitatis aucupio gratiam elocutioni quærens. Sic enim scribit, Appellitque Colophona, ut Clarii Apollinis oraculo uteretur. Nec vero solum novator est historicus ille, sed verborum antiquorum et prope obsoletorum revocator atque renovator.

[Il a dit uti oraculo pour oraculum consulere. {b} Les Grecs emploient en effet le verbe χρησθαι, {c} mais avoir voulu imiter leur discours me paraît exotique, c’est chercher à agrémenter sa prose en traquant les tournures insolites. Ainsi écrit-il Appellitque Colophona, ut Clarii Apollinis oraculo uteretur. {d} Cet historien n’est pas vraiment un innovateur, mais un restaurateur et un rénovateur d’un vocabulaire ancien et presque désuet]. {e}


  1. Strasbourg, 1604, v. note [2], lettre 1019.

  2. « recourir à l’oracle » pour « consulter l’oracle ».

  3. Forme passive du verbe χραειν (khraein), « rendre un oracle » (qui commande un complément accusatif, oraculum en latin, pour désigner la prédiction), khrêsthaï, « recevoir un oracle de », commande un complément ablatif, oraculo en latin (mais en désignant alors le devin, et non son oracle).

    En français, oracle a acquis le double sens de prédiction (oraculum en latin) et de devin (aruspex ou vates), ce qui donne ici finalement raison à Tacite.

  4. « et il aborde à Colophon, pour consulter l’oracle d’Apollon de Claros » (Annales, livre ii, chapitre liv, parlant de Germanicus). Turnèbe aurait préféré ut… consuleret oraculum à ut… oraculo uteretur.

  5. Cette dernière phrase est la traduction de celle que cite le Borboniana.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 10 manuscrit, note 33.

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(Consulté le 08/12/2024)

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