« “ Juliana Morella, native de Barcelone, jeune fille qui était en sa 12e année d’âge, l’an 1606, connaissant à la fois le latin, le grec et l’hébreu, a proposé et défendu des thèses, tant de logique que de morale, dans la maison de son père, à Lyon. Nous les avons vues, dédiées à Marguerite d’Autriche, reine d’Espagne ” (tiré de la Bibliotheca d’Andreas Schott, page 343). »
- Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. Son rédacteur abrégeait légèrement un passage du tome ii, pages 343‑344, Classis Hispaniæ Fœminarum erud. [Section des femmes érudites d’Espagne], de la :
Hispaniae Bibliotheca seu de Academiis ac Bibliothecis. Item Elogia et Nomenclator clarorum Hispaniae Scriptorum, qui Latine disciplinas omnes illustrarunt, Philologiæ, Philosophiæ, Medicinæ, Iurisprudentiæ, ac Theologiæ, Tomis iii distincta. In i. Hispaniæ Religio, Academiæ, Bibliothecæ, Episcopi, Concilia, Reges, etc. ; ii. Elogia Scriptorum Veterum, Recentium, Theologorum, Religiosorum, Jurisconsultorum, Medicorum, Historicorum, Poetarum ; iii. Elogia et Nomenclator diversarum nationum Hisp. Bæticorum, Lusitanorum, Carpetanorum, Aragonum, ac Valentinorum.
[Bibliothèque d’Espagne, ou de ses universités et de ses bibliothèques. {a} Avec les éloges et la liste nominale des brillants écrivains d’Espagne qui se sont illustrés dans toutes les disciplines, philologie, philosophie, médecine, jurisprudence et théologie. Divisée en trois tomes : i. Religion, universités, bibliothèques, évêques, conciles, rois, etc., d’Espagne ; ii. Éloges des écrivains anciens et modernes, théologiens, religieux, jurisconsultes, médecins, historiens, poètes ; iii. Éloges et liste nominale des diverses nations d’Espagne, Andalous, Portugais, Castillans, Aragonais et Valenciens] : {b}
Iuliana Morell Barcinonensis Virgo duodecimo ætatis anno, Christi vero Sexcentesimo sexto supra sesqui milesimum (rem prodigii similem narro) Lugduni Gallorum Latine iam Græce et Hebraice utcumque perita, Theses cum Logicas tum Morales Latine a se tuendas in ædibus paternis proposuit, dum parens Lugduni negotiatur : quas lectas vidimus Margaritæ Austriæ Hispaniarum Reginæ inscriptas.
[Juliana Morella, native de Barcelone, jeune fille qui était en sa 12e année d’âge, l’an 1606 {c} (je relate ceci comme un prodige), connaissant déjà le latin, ainsi que le grec et l’hébreu, a proposé et défendu en latin des thèses, tant de logique que de morale, dans la maison de son père, à Lyon où il avait ses affaires. En les lisant, nous avons vu qu’elles étaient dédiées à Marguerite d’Autriche, reine d’Espagne]. {d}
- Compilée par le R.P. Andreas Schott (Schottus, Anvers 1552-ibid. 1629), jésuite hispano-flamand, qui a enseigné la rhétorique à Louvain, Rome et Anvers. Il a signé A.S. Peregrinus la dédicace Inico Borgiæ Gandiæ Ducis F. Arcis Antverp. et Liegionis Hisp. in Belgio præfecto [Iñigo Borjia (1575-1614), fils du duc (Francisco Tomás de Gandia) gouverneur de la citadelle d’Anvers et de l’armée espagnole en Flandre].
- Francfort, Claudius Marnius et héritiers de Ioan. Aubrius, 1608, in‑4o de 649 pages.
- J’ai corrigé le Patiniana qui a imprimé 1604.
- V. note [2], lettre 831, pour Marguerite d’Autriche, épouse du roi Philippe iii d’Espagne et mère d’Anne d’Autriche, reine de France.
- La biographie de Juliana Morella (ou Morell, Barcelone 1594-Avignon 1653) répond en tous points à ce qu’en disait Schott. Sa mère étant morte quand elle était toute jeune, elle avait été élevée par son père, Joan Antoni Morell, banquier espagnol d’origine marrane, qui avait fui à Lyon vers 1600, après avoir été accusé d’homicide. Juliana était une enfant d’exception : elle fut la toute première femme d’Europe à être reçue docteur in utroque jure [dans les deux droits, civil et canonique] à l’Université d’Avignon en 1608. Entrée au couvent des dominicaines de Sainte-Praxède en Avignon, elle prononça ses vœux en 1610. Précoce, savante et pieuse, mais curieusement stérile, elle n’a laissé aucun écrit digne de mémoire.
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